Lorsqu’un conflit s’installe dans un couple, l’argent devient vite un sujet de discorde. Pourtant, il n’est pas responsable ! L’argent est neutre par essence. C’est plutôt le pouvoir dont il est investi, à tort, qui sème la zizanie…
Si vous êtes bien avec vous-même, affirme John Edward Tang, dans son ouvrage « Plus d’argent dans votre vie », publié aux Éditions Fortuna, vous serez bien avec l’argent. Ce qui implicite que si chacun des membres du couple est épanoui, l’argent ne sera en aucun cas un prétexte à séparation. L’auteur va même plus loin en s’insurgeant contre une diabolisation facile : S’il y a la guerre, c’est de sa faute. C’est gros mais ça passe comme une lettre à la poste. L’humain innocent, l’argent coupable, on croit rêver…
Des fondations fragiles
Le dicton populaire assure que l’argent ne fait pas le bonheur. Il n’a rien à faire également avec l’amour, même si, bien géré, il contribue à sa stabilité. Pourtant, certains comportements laissent sous-entendre que l’engagement dans le couple a été perçu comme un placement financier. Ainsi, lors d’une dispute, des phrases telles que Tu n’es qu’un gosse de riche ! Tu es radin !, attestent subtilement que les fondations amoureuses n’étaient pas si solides que cela et qu’elles peuvent s’effriter à la moindre secousse. Ces jugements à l’emporte-pièce ne tiennent plus aucun compte du sentiment initial. Pourtant, l’amour ne s’achète pas. Derrière ces propos agressifs se cache en réalité la peur de perdre un objet (le partenaire étant désormais fantasmatiquement perçu comme tel). Prendre l’argent comme bouc émissaire de la mésentente prouve bien qu’il est utilisé de manière à contrôler le conjoint, ce qui va à l’encontre de la notion de partage, fondement d’un engagement mutuel.
Un partage enrichissant !
À propos du don, Khalil Gibran écrit dans « Le Prophète » : Qu’est-ce que la peur de la misère sinon la misère elle-même ? Or, la base d’un couple ne repose-t-elle pas sur le choix du partage ? Un partage qui enrichit plus qu’il ne lèse. En fait, l’argent devrait être envisagé ainsi. Aussi est-il important d’être clair, transparent, dès le début de la relation quant aux revenus de chacun. Cette simple attitude éviterait d’avoir à régler ses comptes au moindre obstacle d’ordre affectif. Il faudrait d’ailleurs considérer le couple comme une véritable entreprise où les deux protagonistes seraient coresponsables de son bon fonctionnement. Peu importe si l’un gagne plus que l’autre. Un couple ne doit en aucun cas fonctionner sur un mode dominant/dominé lié à un pouvoir que l’un des deux partenaires exercerait sous prétexte qu’il ramène davantage de ressources pécuniaires, cas auquel la relation serait totalement immature, infantilisante. Il s’agit de maintenir un processus gagnant/gagnant, ce qui suppose une communication de qualité de sujet à sujet basée sur la complémentarité des différences et des compétences. Un seul objectif : la paix et la prospérité du ménage.
Une complémentarité nécessaire
Il convient d’anticiper dès le début de l’idylle et de ne pas considérer que parler d’argent reviendrait à « salir » de purs sentiments. Cette erreur, souvent commise, consiste à transformer une séparation, toujours possible, en véritable guerre. N’oublions pas qu’aujourd’hui, selon les statistiques, un couple sur deux se sépare avant cinq ans de vie commune. Une réalité qui demande à être regardée en face. Les coachs de vie reconnaissent du reste la maturité d’une relation amoureuse à la manière dont les deux conjoints traitent des questions matérielles. Selon la notaire Denise Archambault, auteur de l’ouvrage « Les bons comptes font les bons couples », une solution efficace consiste à ce que, d’un commun accord, les deux partenaires alimentent un compte conjoint pour les dépenses communes, mais chacun conserve un compte personnel qu’il pourra gérer en toute autonomie. Elle conseille également que les dépenses communes se fassent au prorata des salaires, c’est-à-dire qu’il n’est pas question qu’un membre du couple, sous prétexte qu’il est moins payé, y consacre la même somme d’argent. En conclusion, l’argent doit être mis au service de l’entente réciproque et ne surtout pas devenir source de division.
Béatrice Binet
