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Le développement personnel
dans Signes & sens
Qu’est-ce que le Tantra ? |
Lorsque sont évoquées les pratiques tantriques, il n’est pas rare de retenir seulement la notion d’érotisme et de sexualité qui s’y rapporte. C’est toutefois réduire considérablement une sagesse philosophique millénaire.
Selon les érudits, le terme « Tantra » est composé de deux mots sanskrits : « tanoti », signifiant « expansion » et « trayati » se traduisant par « libération ». L’un des Maîtres spirituels contemporains, unanimement reconnu pour sa connaissance du tantrisme, Swami Satyananda Sarasvati, en donne la définition suivante : Science de l’expansion de la conscience et de la libération de l’énergie. Ainsi est-il erroné d’assimiler trop rapidement certaines pratiques thérapeutiques sexologiques à l’essence originelle du Tantra. Cette pratique spirituelle, dont le yoga est une branche, a pour objectif d’unifier les énergies féminines et masculines à l’intérieur d’un même individu pour atteindre l’illumination. Dans son ouvrage « Kundalini Tantra », publié chez Swam Éditions, Swami Satyananda est très clair quant à la pratique appelée maithuna qui consiste à mettre en œuvre l’acte sexuel pour accéder à l’éveil spirituel. Cette voie n’est pas à suivre aveuglément, écrit-il, comme un moyen de complaisance envers soi-même. Les deux partenaires doivent être absolument purifiés, intérieurement et extérieurement, pour pratiquer maithuna. Les gens ordinaires ont du mal à comprendre cela. Que le but en soit la procréation ou le plaisir, la relation sexuelle est le plus souvent le résultat de la passion et de l’attraction physique ou émotionnelle. Quant à la psychothérapeute Anne Catherine Sabas, auteur de « Homme réveille-toi », publié aux Éditions Yves Meillier, bien que plus nuancée, elle rejoint la tradition tantrique en écrivant : Pour le Tantrika (pratiquant du tantrisme), il est tout à fait évident que la sexualité peut nous mener à expérimenter des états de communion avec le cosmos. Mais pas la sexualité de consommation que nous vendent les soi-disant esprits libérés…
Les principes masculin et féminin
Le Tantra traditionnel propose une voie de transformation intégrale de l’être humain qui prend comme point de départ le corps et les cinq sens. Il est donc logique qu’il attire les occidentaux en quête de spiritualité mais rebutés par le clivage corps/esprit trop souvent induit par les doctrines religieuses. L’attrait de la voie tantrique est donc dû au fait que, pour cette philosophie, il est possible, dès ici bas, de faire l’expérience du lien existant entre le matériel et le spirituel. D’où l’intérêt du yoga dont c’est justement l’objectif. Pour ce système métaphysique, en chaque individu réside un principe masculin symbolisé par le Dieu Shiva et un principe féminin auquel est donné le nom de la Déesse Shakti. La pratique yoguique, et notamment le Kundalini yoga, grâce à des exercices spécifiques et méthodiques, consiste à unir ce couple symbolique pour atteindre le samadhi, l’illumination suprême. Toutefois, il est indispensable d’être guidé par un pratiquant ayant déjà expérimenté cet état de conscience, sous peine de se fourvoyer. Le Tantra relève ainsi d’une tradition orale se transmettant de maître à disciple.
Le tantrisme bouddhiste
À partir des fondements hindouistes s’est développé par la suite un tantrisme propre au bouddhisme. Il a fait l’objet d’une abondante littérature. Au VIIème siècle, il pénètre au Tibet grâce au maître indien Padmasambhava. Ces textes, constituant la base du tantrayana, sont considérés comme étant réservés à des pratiquants karmiquement prédisposés ayant reçu une initiation particulière. L’adepte est alors invité à méditer sur des déités spécifiques. Au cours du processus se lèvent des obstacles mentaux comme la colère et le désir, obstacles qui ne doivent pas être réprimés mais transformés en compassion. L’originalité du Tantra, quelle que soit son approche, réside dans l’affirmation que rien n’est impur par nature mais que toutes les composantes de l’existence peuvent être transcendées, à condition – encore une fois – d’être guidé par des enseignants compétents.
Daniel Perez
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