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Le développement personnel
dans Signes & sens
Transformer le choc du traumatisme de la naissance en expérience de plaisir et de paix, voilà qui a de quoi attirer de plus en plus de personnes vers une forme de thérapie inaugurée dans les années 70 par Léonard Orr : le rebirth.
Le rebirth, que l’on peut traduire en français par renaissance,
est une forme de psychothérapie qui utilise la
respiration consciente. L’objectif est de favoriser, par
une méthodologie spécifique, la détente et l’ouverture à de
nouvelles sensations…
Un retour aux sources
Les yogis, depuis des millénaires, se sont aperçus de l’interaction
entre le rythme respiratoire de l’individu et ses états émotionnels.
Aussi ont-ils mis au point une pratique appelée pranayama ; elle consiste en une multitude d’exercices respiratoires
visant à atteindre le samadhi, état de réalisation spirituelle.
Plus tard, les pratiques de zazen ainsi que du tao ont repris à
leur compte l’importance de la conscience du souffle vital.
C’est dans la mouvance de cet intérêt portée aux pratiques
orientales que Léonard Orr ouvre, en 1974, sur la côte ouest
des États-Unis, un centre appelé « Village de la conscience ».
Importé en France par le psychologue Dominique Levadoux,
le rebirth fait désormais partie de façon incontournable du
paysage psy. Cette technique, dite du souffle originel par certains,
se propose de nous reconnecter consciemment à notre
première expérience aérienne. Le but du thérapeute consiste à
amener son patient, selon une régression dirigée, à un état de
soulagement émotionnel. Appelée aussi rebirthing ou respiration
consciente, cette approche part du principe que le corps
garde en mémoire toutes les expériences vécues depuis la
naissance, et même avant, comme l’indique Anne-Marie De
Vinci, auteur de l’ouvrage " La respiration consciente ", publié
aux éditions Ronan Denniel.
Revivre des émotions refoulées et guérir
De nombreuses méthodes psychothérapeutiques s’étayent sur
l’expression des émotions refoulées. Ces dernières, lorsqu’elles
sont conscientes et exprimées librement, produisent une
catharsis favorable à un processus de guérison. C’est en effet
lorsque ces émotions ne parviennent pas à la conscience et ne
sont pas vécues normalement que les traumatismes induisent
des pathologies.
Le rebirth, parmi d’autres techniques de respiration, peut
aider à soigner les troubles respiratoires d’origine psychosomatique tels que l’asthme, les allergies et l’hyperventilation.
Des praticiens le recommandent pour traiter l’insomnie, les phobies, la boulimie, l’anorexie mentale, l’asthénie, l’angoisse
et la dépression. Il est parfois utilisé pour traiter des problèmes
de dépendance aux drogues et à l’alcool.
Choisir un rebirtheur de confiance
Le rebirth peut néanmoins être contre-indiqué. Un praticien
sérieux refusera de prendre en charge certaines pathologies et
dirigera le patient vers un thérapeute adapté. Ainsi le rebirth,
qui consiste à revivre une expérience traumatisante, peut être
extrêmement désorientant pour des sujets déjà fragilisés par
leur états émotionnels. D’autre part, le thérapeute doit être en
mesure d’intervenir en cas de complication respiratoire et posséder
une solide formation en psychothérapie, de manière à
préparer au mieux le patient à vivre des états modifiés de
conscience. C’est pour cette raison que les personnes ayant
vécu des expériences hallucinatoires ou des délires spontanés
seront invitées à consulter un spécialiste avant d’aborder le
rebirth.
Comment se passe une séance de rebirth ?
Dans un premier temps, le thérapeute et le patient parlent du
symptôme à considérer. Lorsque la pertinence de la séance est reconnue, le rebirtheur informe le patient sur le déroulement
et les effets de celle-ci : bouleversement émotionnel, sensations
désagréables, etc. Dans le temps suivant, le patient est
invité à se relaxer puis, guidé par le thérapeute, à accélérer son rythme respiratoire. Cette respiration engendre des réactions
émotionnelles. Cela se termine par ce que l’on a qualifié
d’ « explosion primale ». La troisième phase est celle d’un
retour au calme où le patient respire de façon lente et douce. Il
éprouve alors une impression de paix, de détente et peut alors
profiter de ce moment agréable pour analyser l’expérience.
Selon les thérapeutes, la séance provoque une modification du
fonctionnement du cortex, diminuant son activité et sa vigilance.
Cet état permet de prendre conscience et de libérer les émotions
négatives gravées profondément dans le système limbique.
L’engouement actuel pour le rebirth nécessite cependant du discernement.
Cette méthode, sérieuse au demeurant, a parfois été
récupérée à des fins discutables. Effectivement, sous le terme
rebirth peut se cacher une confusion des genres. Il est donc essentiel
de faire preuve de rigueur sous peine de discréditer une
technique qui, somme toute, contribue à ouvrir des horizons
constructifs si l’éthique originelle est respectée.
Albert Mounier
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