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Le développement personnel
dans Signes & sens
Saint-Jacques-de-Compostelle ?
Ça y est… je me lance !
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Mais qu’est-ce qui fait marcher cette foule toujours plus nombreuse sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle ? Certainement pas la seule foi puisque beaucoup de ces pèlerins modernes ne se réclament pas d’une appartenance religieuse. Bien au contraire. Ils sont parfois professeurs, laïcs convaincus, mais aussi psychologues, médecins ou encore adeptes des enseignements ésotériques, aussi bien que monsieur ou madame tout le monde…
Un appel irrésistible semble donc présider à cette marche vers soi-même. Pourtant, avant de passer le « cap » et de prendre la décision, nombre de futurs marcheurs se sont nourris de toute une littérature comme « Le guide du pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle » ou encore « Priez pour nous à Compostelle », ouvrage de référence écrit par les journalistes Barret et Gurgand. Certains ont été enthousiasmés par des récits d’anonymes sur Internet ou ceux de célébrités comme « The Camino », de l’actrice américaine Shirley Maclaine, traduit en français chez Plon sous le titre : « Mon chemin de Compostelle ».
L’origine du pèlerinage
Le terme Compostelle vient du latin campus stellae signifiant champ de l’étoile. Vers l’an 800, un ermite du nom de Pelayo (ou Pelagius) fait un rêve au cours duquel une étoile lui indique l’emplacement d’un tombeau mystérieux. L’Église reconnaît ce sépulcre comme étant celui de l’apôtre Jacques, frère de Jean l’Évangéliste. Selon les exégètes, Jacques aurait quitté le Proche Orient avec pour mission de prêcher la parole du Christ en Occident et jusque dans la péninsule Ibérique. De retour en Palestine, l’Histoire dit qu’il fut décapité sur ordre du roi Hérode Agrippa. Sa dépouille fut recueillie par ses compagnons, placée dans une embarcation. Il est dit que, guidée par un ange, l’esquif franchit le détroit de Gibraltar avant de s’échouer sur les côtes de Galice. Bien que le tombeau fût reconnu par l’évêque du lieu en 835, il faudra attendre plus d’un millénaire (1884) pour que le pape Léon XIII confirme officiellement, dans une lettre apostolique (Deus Omnipotens), les dires du religieux de l’époque. Si, pour la chrétienté médiévale, la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle est, dès le XIème siècle, un lieu de pèlerinage important pour les fidèles, ce n’est qu’en 1492 qu’il fit partie des trois plus grands lieux sacrés du christianisme, avec Jérusalem et Rome. En 1987, le Conseil de l’Europe déclare les chemins de Compostelle, correspondant à plusieurs trajets en France et en Espagne, comme « Premier itinéraire culturel ». Contrairement à d’autres sites de randonnées pédestres, ces chemins possèdent la particularité de pouvoir être empruntés non seulement à pied mais aussi – par endroits – à vélo, à dos d’âne, à cheval, en bus et même en voiture. Mais pour la plupart, au-delà de l’attrait touristique, c’est la marche qui est choisie en priorité. Certains ne font qu’une portion de l’itinéraire. D’autres, plus motivés, demandent l’obtention de la Compostela, une justification écrite accordée aux pèlerins, à condition qu’ils puissent prouver qu’ils ont parcouru au moins les derniers 100 km à pied ou 200 km à vélo. Les validations du carnet se font au fur et à mesure des étapes. Pour autant, aux dires des pèlerins, même si la symbolique reste importante, là n’est pas le but essentiel. Le but, c’est le chemin en lui-même, raconte un marcheur. C’est tout ce qui se passe dans la tête pendant que nous avançons. Ce sont les rencontres d’un jour, d’un soir, sachant qu’on ne reverra peut-être jamais ces personnes. Chacun trouve sur le chemin ce qu’il est venu chercher, sans savoir qu’il s’agit avant tout d’une autre façon d’être au monde… Peut-être un peu plus authentique que dans la vie quotidienne. Il est vrai que ne partir sur le chemin de Saint-Jacques qu’avec de bonnes chaussures, et un sac à dos n’excédant pas 4 kg, nécessite de se délester, pour un temps, du superflu pour ne garder que l’essentiel. Là se situe peut-être le commencement du miracle de Saint-Jacques-de-Compostelle : décider résolument de franchir le pas pour marcher plus léger… vers soi-même.
Sylvie Granjon
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