Lorsque deux partenaires décident de se mettre en ménage, ils envisagent de le rester le plus longtemps possible. Pourtant, de nos jours, la réalité est bien là : près d’une union sur deux se solde par une rupture, le pic se situant au bout de seulement quatre années de vie commune. Passée la passion amoureuse des débuts de la relation, les spécialistes de la psyché assurent que la prévention est possible, à condition de ne pas omettre certains petits détails qui peuvent paraître anodins mais qui finissent par cimenter un amour authentique.
Le psychanalyste Erich Fromm, dans son livre « L’art d’aimer », développe l’idée que L’amour n’est possible que si deux personnes communiquent entre elles à partir du centre de leur existence… Qu’il y ait harmonie ou conflit, joie ou tristesse, écrit-il, c’est secondaire par rapport au fait fondamental que deux personnes se rejoignent à partir des profondeurs de leur existence, qu’elles ne font qu’un l’une avec l’autre en ne faisant qu’un avec elles-mêmes, sans fuir leur propre réalité. Le message est clair : le couple constitue un formidable ferment d’épanouissement mutuel qu’il convient d’apprécier. Un challenge plus que jamais d’actualité.
Tolérance et progression
Tous les courants psychologiques sont unanimes : le piège dans lequel tombent la plupart des partenaires consiste à amoindrir leur seuil de tolérance à cause d’une trop forte idéalisation de ce qu’ils imaginent être le couple parfait. Or, l’épreuve de la réalité du quotidien montre rapidement que ce binôme reste seulement perfectible au fil du temps. Dans son ouvrage « Accepter l’autre tel qu’il est », un titre évoquant tout un programme quant aux arcanes d’une relation de qualité, Chantal Calatayud, psychanalyste et didacticienne, assure que la tolérance ouvre le champ de toutes les résurrections, de toutes les réalisations, de toutes les sublimations… Une tolérance qui n’a bien évidemment rien à voir avec ce qui pourrait s’apparenter à une soumission résultant d’un lien dominant/dominé. Accepter l’autre tel qu’il est, précise encore Chantal Calatayud, requiert, en son principe et avant toute considération, une capacité à vouloir progresser…
La tendresse
Il est des réflexes en apparence banals mais dont l’absence peut à la longue devenir un tue l’amour. Exemple : un petit mot tendre, le matin au réveil, place la relation sentimentale sous de bons auspices. Pensez aussi que votre partenaire est là, à vos côtés et qu’il pourrait ne pas l’être… Rien n’est permanent ici-bas, raison de plus pour remercier la providence de cette heureuse association. Ne vous laissez surtout pas envahir par l'habitude. Avant de vaquer machinalement à vos occupations, arrêtez-vous un instant pour apprécier le bonheur de ce « vivre ensemble ». Nous lui courons après en oubliant souvent qu’il est là, à portée de regard. Et profitez-en pour zapper définitivement que c’est mieux chez les autres !
L’entretien du désir
La psychanalyste Sophie Cadalen, auteur de « Hommes, femmes, ni Mars ni Vénus », s’insurge contre une éventuelle méthode toute faite applicable à chaque couple. Contrairement à ce qui a été véhiculé dans un best-seller, les hommes ne viennent pas de Mars et les femmes ne viennent pas de Vénus. Dans le chapitre intitulé « Peur et délices de l’incertitude », Sophie Cadalen écrit qu’aller au devant de quelqu’un en sachant d’avance d’où il vient et quel est son profil, c’est empêcher cette rencontre. Accepter cette frustration et ce doute revient paradoxalement à entretenir le désir. D’ailleurs, à la question Est-ce possible de n’aimer qu’une personne toute sa vie ?, Sophie Cadalen n’hésite pas et répond Oui ! Mais vous l’aimerez de façons diverses, tout au long de vos changements à l’un et l’autre. Le « pour toujours » est possible si on renonce à être toujours « les mêmes »…
Nadine Valmy