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Le développement personnel
dans Signes & sens
Savoir s’arrêter
de travailler
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Dans tous les secteurs de l’existence, ne pas vouloir reconnaître ses limites est préjudiciable aussi bien à sa santé psychique que physique. Amaury, un jeune entrepreneur passionné dont l’activité se situe dans le domaine du bien-être, reconnaît lui-même que « le point le plus dangereux est de ne pas savoir s’arrêter de travailler… ».
Selon les statistiques, le burnout (aussi nommé syndrome d’épuisement professionnel), en constante progression (3 millions d’actifs sont exposés au risque), concerne la plupart des métiers et touche surtout des travailleurs brillants, motivés, dévoués corps et âme à leur entreprise. Le candidat au burnout brûle à petit feu de l’intérieur jusqu’au jour où tout s’effondre. Il reste donc important de savoir anticiper en levant le pied quand nécessaire…
Une question d’équilibre
Si travailler relève d’un besoin vital pour assurer le quotidien, il ne devrait jamais être une surenchère. À quoi sert de vouloir gagner toujours plus d’argent si la qualité de l'existence en est diminuée ? Un juste équilibre entre vie privée et activité professionnelle garantit l’épanouissement de l’individu, du couple et de la cellule familiale. Le travail ne doit en aucune façon devenir une dépendance au détriment du relationnel. Une épouse ou un conjoint qui commence de façon récurrente à manifester un manque de disponibilité, une mauvaise humeur à l’intérieur du foyer, signale qu’il est temps de s’interroger. Robert Half, consultant à l’Office team, organisme spécialisé dans ce type de problème, conseille de clarifier les limites de sa fonction. Vis-à-vis de soi-même mais également de sa hiérarchie à laquelle il faut aussi apprendre à dire « non » de façon cohérente. À ce sujet, le psychosociologue Gilles d’Ambra dans un ouvrage au titre humoristiquement provocateur, « Comment dompter son patron », publié chez First Edition, met l’accent sur certaines dérives à type d’hystérie de séduction : Vouloir être aimé par tout le monde, explique-t-il, n’est que vanité et faiblesse. Car on a peur, si on montre son désaccord ou une hostilité, d’être rejeté. On a peur que les autres disent du mal de nous ou nous compliquent l’existence… Cette constante peur du jugement débouche, à la longue, sur ce fameux burn out, mettant en péril la famille. Gilles d’Ambra précise qu’un employé trop soumis peut même devenir paradoxalement le bouc émissaire idéal. La qualité du travail exige donc que la sphère psychologique soit protégée. D’autant que l’acharnement professionnel peut masquer un vide existentiel. Il est parfois plus facile de dire Je suis débordé que d’accepter une discussion de fond avec ses proches. Dans ce cas, le surinvestissement social devient une fuite qui ne résout rien.
Des solutions à envisager
La qualité de vie primant toujours – quoi qu’on en dise – sur la quantité d’argent disponible sur le compte en banque, lorsqu’un mal-être s’installe à cause d’une éventuelle démotivation, prendre concrètement du recul permet de mieux envisager l’avenir. Si le principe de réalité doit toujours présider aux décisions prises, toutefois renoncer à la course aux profits revient souvent à augmenter son bien-être. Le moins d’un côté se transforme alors en une plus-value de bonheur. Dans ce registre, deux solutions « santé » peuvent s’imposer :
– Le travail à temps partiel : accordée en principe de plein droit à tout salarié qui en fait la demande au minimum 6 mois avant la date souhaitée, cette formule possède l’avantage de libérer un espace/temps consacré à un repos mérité, ou – pourquoi pas ? – dans l’objectif d’envisager une reconversion professionnelle. La demande de temps partiel ne peut être refusée par l’employeur que s’il peut démontrer de façon objective que ce changement aurait des conséquences préjudiciables à la bonne marche de l’entreprise. Ce qui est rarement le cas.
– Le congé sabbatique : il s’agit d’un congé sans solde pour convenance personnelle qui suspend le contrat de travail. Pour en bénéficier, il convient d’avoir 3 ans d’ancienneté dans l’entreprise, ainsi que 6 ans d’activité professionnelle. Sa durée peut aller de 6 à 11 mois. De quoi réaliser un rêve en s’offrant un périple autour du monde (en ayant pris soin de mettre l’argent nécessaire de côté auparavant !), s’essayer à un nouveau job ou s’adonner à une passion artistique, sportive. De multiples options sont possibles. Il suffit de mettre en place une juste anticipation.
Le ressourcement indispensable
La vie n’est pas linéaire. Elle est faite de rythmes qui se succèdent comme le jour et la nuit. Même la nature a besoin de se ressourcer pendant l’hiver. Il en est à l’identique de notre cycle humain. À chacun de découvrir son propre mode de relaxation : sport, yoga, promenades, pratique d’un instrument de musique… L’essentiel consiste à recharger régulièrement les réservoirs énergétiques. Des attitudes raisonnables consistent à organiser des loisirs et à s’y tenir, à ne pas amener de dossiers à la maison, à quitter le bureau à une heure normale, sachant que l’entreprise peut continuer à bien fonctionner et ce, même si vous passez un vrai week-end en famille…
Armand Fillot
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