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Le développement personnel
dans Signes & sens
Sensuelle pas sexuelle :
les hommes préfèrent !
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Sensualité et sexualité, voilà deux termes qu’il serait bon de redéfinir. En effet, alors que le premier convoque l’imagination, le second renvoie aujourd’hui à une notion de performance relevant plus du domaine de la compétition que d’un réel épanouissement…
Toute la distinction que l’on peut faire entre érotisme et pornographie se situe donc à cet endroit : une réalité ne se limitant qu’aux ébats de corps dépourvus d’âme qui ferait l’économie d’un regard, d’une parole, d’une caresse, d’un parfum, d’un baiser…
L’angoisse de ne pas être au top
Dans un monde où la norme se définit par le nombre de rapports sexuels hebdomadaires et par sa durée, le plaisir procuré par l’acte amoureux risque de se transformer pathologiquement en besoin. En effet, le repos du guerrier d’antan semble laisser la place à une exigence sexuelle à laquelle les hommes se croient obligés de répondre. Au risque de ne pas être à la hauteur ! Certes, la libération sexuelle de la femme a eu ses effets bénéfiques quant à un équilibre relationnel mais, à l’inverse, les hommes en subissent le contrecoup…
Jacques, 28 ans, célibataire, souffrait régulièrement d’être sujet aux pannes au moment de passer à l’acte : Multipliant mes conquêtes féminines grâce à mon physique attirant, je vivais cependant dans l’angoisse de ne pas être l’amant parfait que j’imaginais devoir être. Aussi, je finis par attirer ce que je redoutais, je devins peu à peu « impuissant ». Heureusement, j’ai eu la chance de consulter un sexologue formé en psychothérapie analytique. Celui-ci m’a fait prendre conscience que mon psychisme avait complètement inversé les valeurs : j’avais fait de l’acte sexuel un but dénué de tout « sens ». Tel un sportif de haut niveau à qui on demande d’être un surhomme, quitte à en perdre le sens des réalités, la femme était devenue pour moi un public qu’il ne fallait en aucun cas décevoir. Au lieu d’exister par moi-même, je vivais à travers un fantasme de toute-puissance qui cachait, en fait, une fragilité relationnelle. Peu à peu, j’ai appris à vivre sans nécessairement vouloir prouver. Paradoxalement, j’ai récupéré de l’énergie et suis devenu beaucoup plus communicatif. Une soirée au cinéma, après un repas au restaurant, sans pour cela me sentir obligé d’être le héros du film, est devenu un plaisir en soi, au point que j’ai fini par attirer une compagne avec qui le partage a revêtu une forme beaucoup plus qualitative que quantitative. J’ai réappris avec elle la sensualité…
Pour une sexualité épanouie
Le tout sexe se révèle finalement très limitatif. Outre le fait que le phénomène peut engendrer une certaine forme d’addiction, faire l’impasse sur l’élaboration du désir amène une consommation du sexuel via le tout et tout de suite. Or, la sensualité a besoin de temps. Les hommes, contrairement à ce que peuvent penser certains machos, préfèrent la femme sensuelle à la femme sexuelle. Une femme qui se réduirait à être un objet transforme et réduit aussi l’homme à n’être qu’un étalon. Si cela peut vanter un temps la virilité masculine, la communication amoureuse n’y gagne pas et l’épanouissement du couple n’est pas toujours au rendez-vous. L’amour humain ne se résume pas à l’acte copulatif. Il convoque en fait tous les sens. D’abord, regarder et être regardé… Il existe une intimité de la sensualité que toutes les publicités érotiques, aussi subtiles soient-elles, ne pourront vraiment transmettre tant l’unicité de la rencontre entre deux êtres ne peut se borner à une forme de recette stéréotypée. Engager la conversation et entendre, puis écouter la voix de celle qui, comme dit le poète, n’est jamais tout à fait la même, jamais tout à fait une autre, mais pourtant familière, toucher sa main pour lui dire bonjour, frôler son corps : les jeux de séduction sont un préliminaire à l’acte sexuel, nécessaires à la montée du désir et à la qualité de la relation.
Chantal Calatayud
Cessons de culpabiliser !
Stop aux statistiques en matière de sexualité ! Le nombre de rapports sexuels hebdomadaires n’est en aucun cas un gage d’amour (chez les femmes) ou de virilité (chez les hommes). Le docteur Laurence Pescay, psychanalyste, insiste pour qu’enfin les couples n’aient plus ces réactions infantiles : La sexualité, tout comme la sensualité, demande des conditions dont on ne peut faire l’impasse. Les conflits entre partenaires ne doivent pas « booster » l’appétit sexuel, pas plus que les histoires de rivalité. Autrement dit, il ne s’agit pas d’utiliser la moindre forme d’agressivité pour favoriser les élans pulsionnels. Une sexualité de bonne qualité prend l’habitude de venir auréoler les comportements cohérents du couple et non de réparer ses dérives névrotiques...
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