Aider autrui
en pratiquant zazen

Le zazen renvoie à la sagesse bouddhique. Il s'agit d'une posture de méditation assise. Si cette pratique se déroule le plus souvent dans un dojo, elle peut aussi s'effectuer à domicile.

Faire zazen nécessite d'avoir un coussin de méditation, le zafu. Il a pour but de permettre les postures adéquates : la position du lotus ou kekkahuza, la position du demi-lotus ou hankahuza, la position à genoux ou seiza, la position birmane, en tailleur et jambes croisées. Un apprentissage pour maintenir la colonne vertébrale très droite est conseillé car, si le menton s'efface et la nuque s'allonge, les épaules doivent être souples, tel un lâcher-prise. Le regard est dirigé vers le sol mais sans fixation rigide. Les mains reposent sur les jambes à hauteur du bassin. Ces grands principes de base adoptés, la respiration - par le nez uniquement - devient harmonieuse. Par voie de conséquence, le mental se sent libéré des contraintes du quotidien.

L'identification à la nature de Bouddha

Bouddha, qui vécut en Inde il y a 2500 ans environ, ne se contentait pas d'être doué d'une empathie exceptionnelle. Il allait à la rencontre de personnes démunies, en grande détresse, les éveillant à la joie d'exister, quelle que soit la difficulté de leur chemin... Interrogée sur les vertus potentiellement identiques de zazen, Anne-Marie confirme l'énergie d'amour qui s'exprime lors d'une séance et qui irradie les individus, notamment ceux chargés en négativité passagère ou pérenne : " Quand je fais zazen chez moi par exemple, les bénéfices de l'acceptation de ma situation du moment, aussi compliquée soit-elle, se répandent positivement sur ma famille. Je peux vous citer un épisode relativement récent de ma vie. Mon mari, coiffeur, s'est cassé le poignet il y a deux ans. L'opération n'a pas été une réussite. Son poignet est resté déformé et douloureux. Comme il n'est pas d'un tempérament optimiste, son état de santé l'a plongé assez vite dans une déprime. Lors de mes postures, je laissais passer les images en lien avec la problématique de mon conjoint. Je n'avais aucune colère contre sa passivité et je ne formulais aucun désir concernant sa dépression. Un matin, il m'a confié qu'il avait fait un rêve étrange : il 'passait la main' à son manager. Dans la réalité, c'est quasiment ce qui est arrivé. Mon mari a eu une proposition de rachat de son salon par un confrère parisien qui voulait s'installer en province et qui a gardé le manager ! Depuis qu'il est à la retraite, c'est un autre homme. Il s'est même mis au yoga ! "... Indépendamment du fait que, selon le postulat célèbre de Sigmund Freud, " les inconscients communiquent ", le psychanalyste Hugo Natoli note un point essentiel dans l'attitude d'Anne-Marie : " Elle ne formulait aucun désir concernant l'état de santé de son mari. Cette neutralité est un respect de la destinée de chacun qui offre la possibilité à tout partenaire de se centrer sur lui et de 're-fléchir'. ". Effectivement, il y a alors comme une relation de pureté qui s'établit avec l'entourage qui, par identification saine, agira à son tour à l'identique. Le 14ème dalaï-lama, Tenzin Gyatso, nous demande d'ailleurs et à juste titre de faire la distinction entre le véritable amour et l'attachement : " Le premier, idéalement, n'attend rien en retour et ne dépend pas des circonstances. Le second ne peut changer qu'au gré des évènements et des émotions. ". À méditer... pour le meilleur !

Patrick Miller