Le débat sur la nécessité du retour de la morale à l'école revient de temps en temps comme proposition réfléchie par certains de nos élus. Le terme " morale " pourrait éventuellement être remplacé par un terme moins péremptoire pour ne pas choquer les sensibilités... Comme toujours avec ce type de suggestion, il y a les pour et les contre, la colère gronde, la polémique enfle, on dénonce une régression possible et le projet de loi en reste là.
Quoi qu'il en soit, une triste évidence s'impose à qui veut bien observer objectivement et lucidement la société d'aujourd'hui pour ce qui est de la politesse basique. Prenons un exemple courant parmi tant d'autres : pratiquement plus aucun ado ne s'effaçant de nos jours sur le passage d'une personne plus âgée que lui, l'adulte très adulte - c'est-à-dire souvent sexagénaire ou beaucoup plus - laisse (quasiment contraint et forcé) le " jeune " se déployer à son aise et à sa guise sur le trottoir tandis que celui ou celle qui pourrait être son parent ou son grand-parent préfère affronter la chaussée destinée aux véhicules, histoire de ne pas se sentir humilié devant l'allure indifférente ou arrogante du gamin...
Eh bien moi qui suis d'une génération où le quart d'heure de morale commençait la journée de classe, je déplore qu'il n'existe plus ! Tout d'abord, j'adorais la petite histoire qui précédait cette leçon de civisme mais, surtout, j'ai toujours en tête des phrases complètes telles celles qui incitaient à aider un aveugle à traverser la rue. Ce que j'ai fait dans ma vie à plusieurs reprises, comme beaucoup d'entre nous. Mais il est vrai qu'on dit aujourd'hui mal-voyant ou non-voyant, ce qui peut signifier tout à fait autre chose dans le psychisme de nos chères têtes blondes devant lesquelles, de toute façon, même les enseignants n'ont plus voix au chapitre...
Chantal Calatayud