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Le développement personnel
dans Signes & sens
Vieillir est un privilège
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Le jeunisme s'infiltre partout. Ce néologisme exprime clairement l'espace de plus en plus important offert à la jeune génération. Si ce principe est normal, son abus génère des perturbations psychologiques chez un grand nombre de trentenaires qui cherchent à combattre par n'importe quel moyen le temps qui passe...
Au 21ème siècle, c'est comme si la quarantaine sonnait le glas ! Cette constatation n'est en rien caricaturale. La discrimination par l'âge est devenue un phénomène malheureusement courant. Il est notamment présent dans le cadre professionnel où il est de bon ton de licencier les " anciens " au profit de très jeunes salariés, tout juste sortis de leur formation. Là encore, les arguments des partisans de ce choix radical peuvent être défendables mais leurs conséquences ne sont pas anodines.
L'angoisse quotidienne du licenciement
Il n'y a pas qu'à la télévision que certains employés se trouvent en permanence sur le siège éjectable...
. Elisabeth, 52 ans, conseillère beauté dans une parfumerie, témoigne : " Je voyais bien que l'établissement pour lequel je travaillais recrutait du personnel de plus en plus jeune. Pendant mes congés annuels, j'ai décidé d'avoir recours à la chirurgie esthétique. Mon lifting a été totalement raté, ce qui est presque normal puisque je n'en avais pas envie ! Quand j'ai repris le travail, j'ai vu des regards étonnés dans l'équipe. Trois mois plus tard, j'ai été convoquée par la Direction qui m'a énuméré une liste de 'fautes professionnelles' que j'aurais commises. Comme je suis arrivée à répondre logiquement à ces reproches, mes employeurs n'ont pas pu aller plus loin. Sauf qu'ils ont commencé à me dégoûter en m'imposant des horaires insupportables. Ils savaient que je ne pourrais pas continuer comme ça étant donné que j'habitais à 26 km de la parfumerie. J'ai fini par démissionner ! "...
Maïa Mazaurette, qui a écrit le célèbre ouvrage " Rien ne nous survivra ", examine avec une grande lucidité et un cynisme justifié le drame d'une société qui imagine que les rides sont synonymes de lenteur, voire de ramollissement cérébral (!) : " Le savoir se périme, les humains aussi. On achève bien les logiciels. Le manque d'adaptation des vieux nécessitait qu'on les termine. De plus, les vieux innocents n'existent pas. Ils ont tous au moins tué un jeune : celui qui vivait en eux. "... À la seule évocation d'autant d'acuité, le coach de vie Grégory Guinot réagit : " S'il existe une catégorie d'être humains adaptables et contrairement à ce qu'on cherche à nous faire croire, ce sont ces 'vieux'. Ils offrent des avantages qu'il est indécent de nier : dans le monde de l'entreprise, leur expérience entraîne en particulier une transmission de qualité. Il faut également être conscient du fait que la pseudo-vieille génération ne cherche pas son intérêt personnel, soucieuse de s'inscrire de manière altruiste. ". Vieillir constitue ainsi un privilège pour les autres, mais aussi pour soi...
L'âge de " raison "
La définition du terme " Raison " que donne Wikipédia est intéressante à plus d'un titre : " La raison est généralement considérée comme une faculté propre de l'esprit humain dont la mise en œuvre lui permet de fixer des critères de vérité et d'erreur, de discerner le bien et le mal et aussi de mettre en œuvre des moyens en vue d'une fin donnée. Elle permet donc de diriger (par exemple la volonté). Cette faculté a donc plusieurs emplois : scientifique, éthique et technique. ". Il ressort de ce tour d'horizon un lien évident avec la sagesse. Empathie, compassion, prudence, authenticité, entre autres, accompagnent le vieillissement...
. Alain, 65 ans, retraité de l'Éducation nationale, est heureux de constater ce que ses deux dernières décennies lui ont apporté : " En premier lieu, je parlerai de ma pondération. Compte tenu de la lourdeur des classes, tout jeune enseignant je reproduisais - sans vraiment en être conscient - l'agitation de certains de mes élèves. Les années scolaires se succédant, j'ai acquis une tranquillité inhérente, selon moi, à un humanisme fait de psychologie et de discernement. En fait, les gamins perturbés ont tous les mêmes mauvais réflexes. Leurs mécanismes de défense s'expriment quasiment à l'identique. Ressentant un désordre démoniaque dans leur tête, ils cherchent à s'en débarrasser en le projetant pendant les cours, histoire de réduire l'ensemble de leurs copains à leur névrose. J'ai appris à anticiper ces dérives et peu à peu je me suis servi de cette élaboration dans mon quotidien personnel. ". Grégory Guinot parle carrément et avec humour de " privilège de l'âge " : " Le bon sens attend le nombre des années ! S'il n'est pas question pour autant de servilité, il existe une belle transformation chez le sujet qui avance dans l'existence. Certes, il y a toujours des exceptions qui confirment la règle mais je peux vous assurer que l'harmonie et l'accommodation font partie progressivement de la population quand le virage du quarantième anniversaire est pris. ". Amanda Cross, auteur du livre " En dernière analyse ", souligne cette réalité, précisant : " Un homme peut énormément changer entre le moment où il n'a pas encore trente ans et celui où il devient un homme fait, un quadragénaire. ". Dans cet ordre d'idée, Voltaire assurait que " Femme sage est plus que femme belle ". Le philosophe n'établissait pas ici et bien entendu de corrélation avec l'âge mais, sans voir fatalement de phallocratie déplacée dans son point de vue et quel que soit le sexe, vieillir - synonyme de sérénité - reste de toute manière la plus jolie des promesses...
Henry Bernardeau
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