À l’échelle de l’évolution, notre alimentation a changé très vite et très récemment. Trop vite sans doute. Pour certains chercheurs, c’est l’explication la plus probable à nos maladies de civilisation avec, en tête, le surpoids.
Si l’on suppose que notre ancêtre le plus direct, l’Homme de Cro-Magnon, est apparu il y a 30 000 à 50 000 ans, notre espèce a suivi, pendant plus de 90 % de son histoire, le même régime à base de gibier, de poisson et de végétaux chassés, pêchés, cueillis et aussitôt consommés. Et nous voilà, au troisième millénaire, absorbant quantité d’aliments totalement inconnus des milliers de générations qui nous ont précédés. L’alimentation a donc brutalement changé, mais nous ? Eh bien, pas tant que ça. Notre organisme ressemble à s’y méprendre à celui de notre lointain ancêtre du Paléolithique, l’Homme de Cro-Magnon. Et il a bien du mal à s’adapter à ces aliments si particuliers, issus de la technologie.
Première conséquence : l’obésité
L’avantage évolutif qui avait permis à nos ancêtres de survivre aux périodes de famine s’est retourné contre nous : nous sommes devenus de plus en plus incapables de résister à l’attractivité de l’offre alimentaire. Nous avons l’art de nous gaver de graisses, de sucres, de tous ces aliments modernes que l’industrie agroalimentaire nous fait avaler à grands coups de campagnes publicitaires… Des aliments que notre organisme de chasseur-cueilleur continue de transformer consciencieusement en graisses de réserve, inesthétiques et désormais inutiles. En ligne de mire de ces bouleversements alimentaires, l’augmentation progressive de l’obésité dans tous les pays développés, aggravée par une sédentarité croissante. Près de 30 % de la population française souffre de surpoids… Et le pire est à venir : en dix ans, en France, le nombre d’enfants obèses, âgés de 8 à 14 ans, a doublé…
Tirons les leçons du passé
Sans revenir au véritable régime de l
’âge de pierre à base de tubercules ou d’insectes, il paraît raisonnable d’essayer de s’en approcher, en satisfaisant nos besoins naturels par des aliments tout aussi naturels que nos gènes ont toujours connus. En limitant les céréales raffinées, le sucre, le sel et une bonne partie des laitages, nous pourrons non seulement perdre du poids, mais aussi retrouver bien-être et santé.
On mange trop
On ne grossit pas brutalement. Généralement le surpoids s’installe par phases successives. La première phase est appelée la
phase dynamique. Elle résulte d’un bilan énergétique positif : on absorbe plus d’aliments, donc d’énergie, que l’on n’en dépense. Il n’est pas nécessaire que ces deux valeurs soient très différentes pour grossir. Un bilan positif de seulement 50 à 200 kilocalories par jour pendant une période de cinq à dix ans peut suffire pour induire une prise de poids. Généralement, le poids va ensuite se stabiliser ; c’est la
période dite
statique. Des phases de fluctuation surviendront ensuite.
Des aliments qui entretiennent la faim
La plupart des animaux savent spontanément composer des menus équilibrés et se garder de trop manger. Mais cet équilibre disparaît quand des aliments sucrés ou gras sont proposés. Pendant un mois, des chercheurs ont soumis à des rats une ration d’eau, soit 5 rations d’eau et une d’eau sucrée à 332 %, soit enfin une d’eau et 5 d’eau sucrée. Les animaux de ce dernier groupe ont bu beaucoup plus d’eau sucrée, consommé plus de calories et grossi plus que les autres. Le groupe qui n’avait que de l’eau à son ordinaire est celui qui a pris le moins de poids. Il est vraisemblable qu’il en va de même chez l’Homme et que certains aliments modernes perturbent les signaux de l’appétit.
Nancy Cattan*
*Pour en savoir plus, lire :
« La nouvelle minceur, comment mincir avec le régime paléolithique »,
Éditions Alpen.
Pourquoi mange-t-on plus que de raison ?
Théoriquement, nous sommes parfaitement équipés pour nous nourrir seulement à notre faim et pas au-delà. Nous disposons en effet de relais d’informations physiologiques, métaboliques, cérébraux qui gouvernent notre appétit. Mais très vite, nous ne savons plus les écouter. Tout s’organise autour de nous pour que nous mangions toujours plus et le plus souvent possible. L’alimentation industrielle est scrupuleusement conçue en fonction de nos attentes, passées au crible par les services marketing de ces industries ! Résultat : nous sommes incapables de résister à l’attraction de ces produits si alléchants, au packaging soigneusement étudié. D’autant plus qu’ils sont partout… dans toutes les entreprises, la cour des écoles, sur les quais du métro, à tous les coins de rue et nous invitent à des grignotages délétères, à l’origine du déséquilibre alimentaire, d’une surconsommation de calories grasses et sucrées.