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La forme et la santé
dans Signes & sens
Famille et activités physiques
font-elles bon ménage ?
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Il y a moins d’un siècle, la famille « idéale » se portait bien si elle affichait des formes généreuses. Aujourd’hui on assiste plutôt au contraire ! De fait, les activités physiques font partie du planning hebdomadaire pour la plupart.
Pour les observateurs, l’apparence est devenue un véritable passeport. Le XXIème siècle fait un amalgame entre image et santé, explique Alain Métayer, sociologue canadien. D’où des dérives quasi éducatives de la part de certains parents obsédés par le sport en tant qu’atout majeur pour un avenir professionnel réussi, ajoute-t-il en colère…
Le syndrome réussite : s’interroger
Il est toujours craquant de voir père, mère et enfants mettre dans le coffre de la voiture raquettes de tennis, chaussures de marche, rollers et autres équipements soigneusement adaptés à la taille, à l’âge, au sexe de chacun des participants. Mais tout dépend de l’esprit dans lequel ces sorties familiales sont organisées. Est-ce le désir d’être ensemble hors champ d’obligations habituelles ? C’est-à-dire pour se retrouver sous le sceau de la décontraction pour goûter à un avant-goût de liberté ? Ou, à l’inverse, pour que la progéniture ne puisse rien reprocher à ses géniteurs en cas d’échec à l’âge adulte ? Ou encore, imposer déjà à l’enfant des règles qui allient maintien, maîtrise de soi, discipline ? Il faut aussi s’interroger sur des phrases assassines de type Regarde papa comme il patine et fais pareil ! : il vaut mieux les éviter car le cher héritier pourrait un jour « patiner » dans la vie pour son plus grand malheur… par fidélité inconsciente au père !
Attention aux troubles de l’humeur
S’il est légitime d’entretenir le souhait de la réussite pour son enfant, les activités physiques dès le plus jeune âge doivent être partagées dans la tendresse, la compréhension, l’affection mutuelle. Robin, 45 ans, dit avoir été « gavé » durant toute son enfance par son père qui voulait en faire un footballeur professionnel. Cet informaticien avoue ne jamais s’occuper de ses deux garçons. Il attribue cette faille à la souffrance qu’il a subie à cause d’un père castrateur qui rêvait que son fils accomplisse et réalise ce qu’il ne s’était pas autorisé lui-même. Robin, par ailleurs, ne pratique plus aucun sport depuis sa majorité. De surcroît, il n’arrive pas à communiquer avec ses parents… Il est donc nécessaire de comprendre que si les activités physiques sont un plus, elles ne doivent en aucun cas – dès lors qu’elles se déroulent en famille – être de l’ordre de la compétition, vecteur de rivalité, de conflits, de complexes, et très vite d’inhibition. D’autant qu’à l’instar de Socrate, le philosophe grec, ayons en tête que dans la vie, «la chute n’est pas un échec. L’échec, c’est de rester là où on est tombé»…
Jean Mahler
Les « boot camp fitness » :
une mauvaise identification ?
Certaines informations laissent dubitatif. La France abrite désormais un club de « boot camp fitness ». Petit retour en arrière sur une méthode active et directive qui forgerait le caractère ! Un sergent américain, Ken Weichert, farouche partisan de la guerre en Irak (la première), a déclaré que «n’importe quelle lopette peut acquérir une musculature, véritable arme de combat». En 1990, il a créé un centre dans lequel des hommes et des femmes – se sentant des « lavettes » – et moyennant finances – sont passés dans les mains expertes en brutalité d’entraîneurs injurieux. Un petit rappel raisonnable : il existe des moyens efficaces de faire soigner son masochisme en douceur !
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