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La forme et la santé
dans Signes & sens
Ma plus belle victoire ?
Accepter mes formes !
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Vivre aux dépens de l’image négative que nous renvoie notre entourage et surtout se laisser définir par un discours réducteur, c’est poser un déni sur ce que nous sommes et essayer de paraître conforme aux canons de beauté ambiant au risque d’y perdre notre âme… et notre santé.
Sans cesse en quête de reconnaissance, nous en oublions parfois ce que le développement personnel nomme à juste titre « estime de soi », passage obligé pour une auto-réconciliation victorieuse ! Vittoria Pazalle, auteur du livre « Anorexie et boulimie : journal intime d’une reconstruction » aux Editions Dangles, exprime bien le malaise sous-jacent à la non acceptation de soi et le fantasme selon lequel tout va se régler grâce à un corps bien « formaté » : Enfant, j’étais maladivement timide et en grandissant cela s’est intensifié. Je ne sais pourquoi je pensais qu’en atteignant un poids « idéal », je parviendrais enfin au bien-être, ce qui alors ferait disparaître aussitôt tous mes problèmes... Et encore… Grâce à une thérapie, j’ai compris que n’ayant pas confiance en moi, aucune estime de moi-même et étant incapable de gérer mes émotions, j’utilisais la nourriture pour exprimer mon mal-être. En me sous-alimentant, je désirais atteindre une perfection totalement impossible (un corps sans un gramme de graisse) pour non seulement camoufler ce problème chronique de ne guère parvenir à trouver ma place, mais aussi pour faire taire mes manques et besoins si douloureux… Ainsi, s’occuper en priorité du contenant – le corps – masque en réalité une problématique liée plutôt au contenu : l’esprit. Autrement dit, quel que soit le régime alimentaire que l’on pratique dans l’intention de mincir, il est important de ne pas en faire une obsession. Ne laissons pas l’arbre cacher la forêt !
L’indispensable rapport positif à soi
À ne pas s’accepter, la vie devient un combat épuisant et transforme l’individu en un pitoyable guerrier dans un monde où l’ennemi semble rôder partout, déclare la psychanalyste Chantal Calatayud dans son ouvrage « S’aimer tel que l’on est », paru aux Éditions Jouvence. Une phrase qui en dit long sur la trop grande quantité d’énergie dépensée à mauvais escient afin de lutter contre une mauvaise image de soi.
Après avoir suivi une kyrielle de régimes et autres conseils diététiques, sans réel mieux-être, Pauline décide de consulter un psychanalyste. Outre le travail sur la mise à jour des ressorts inconscients dus à ses prises de poids, sa plus grande satisfaction fut la découverte de sa capacité d’acceptation : Pour la première fois, témoigne-t-elle, j’avais le sentiment qu’un thérapeute m’acceptait corps et âme. Au point que j’ai fini par accepter mon enveloppe corporelle. Si on me demandait maintenant quelle est ma plus belle victoire dans la vie, je répondrais sans ambages : accepter mes formes... Ce n’est d’ailleurs qu’à partir de cette acceptation que j’ai pu m’occuper enfin de mon corps et que celui-ci a cessé d’être un « poids »…
Qu’importe le flacon…
Tant que l’apparence viendra en première intention, pas question de prétendre à un bonheur authentique et durable. La leçon de vie nous vient parfois de ces personnes handicapées, celles qui ont su faire de leur différence un tremplin pour eux et pour les autres. Patrick Segal, sportif privé de ses jambes à l’âge de 24 ans, raconte dans « L’homme qui marchait dans sa tête » paru chez Flammarion, comment on peut retrouver la joie même si la vie nous joue des tours. C’est dans ce sens que Chantal Calatayud titre un des chapitre de son livre : « Handicaps, je vous aime ! ». Alors, en ce qui concerne nos formes, qu’importe le flacon…
Marion Thomas
Une société tyrannique
Si s’intéresser à soi est légitime et raisonnable, bien des candidats martyrisent leur corps pour mieux coller à l’image sylphide d’une société tyrannique. L’être humain se doit de résister face à cet étalonnage et à cet arbitrage de masse. Nous devrions plutôt nous inspirer de grandes dames, comme Françoise Dolto, qui ont accepté de laisser le temps sculpter leur visage, ou de tous ceux qui ont permis aux années d’exprimer leur art, nous offrant les sillons de leur vie comme autant de témoins d’une sagesse, d’une réflexion, d’une compétence accomplies…
Chantal Calatayud*
*Pour en savoir plus, lire :
« S’aimer tel que l’on est »,
Éditions Jouvence
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