Le point de vue
La vie nous malmène souvent. Du moins ressentons-nous comme hostiles certains évènements dont nous avons cependant bien besoin pour nous interroger et gagner en humanité et en sagesse. Mais le questionnement ne génère pas toujours facilement la réponse libératrice. Quand la souffrance nous taraude de façon insupportable, il nous arrive d’envisager de faire une retraite spirituelle. Cette parenthèse peut toutefois se révéler inaccessible : soit par manque de moyens pécuniaires, soit par manque de temps (travail, famille). Y renoncer nous attriste. Peu à peu et à force de regrets, la lumière se fait jour : un acte de centration peut aussi se pratiquer à la maison ! Et même si nous avons des enfants en bas âge, il existe des plages de silence (sieste, école, garderie) qui permettent de se relier à soi. Un planning simple ouvre à cette dimension de l’esprit, espace temporel durant lequel le brouhaha de l’existence sera mis sur le mode pause. Pourquoi ne pas commencer par une prière dans une pièce aimée ? Il s’agira ensuite de vaquer à ses occupations en pleine conscience et en appréciant le fait – banal en apparence – de bénéficier de tout le confort moderne. Après le déjeuner (léger) qui aura été savouré en réalisant que tout le monde ne jouit pas d’un apport alimentaire de cette qualité, lire un passage d’un texte sacré et y réfléchir offrira l’opportunité de se couper du monde et de ses tracas. Cette lecture donnera l’occasion de ne pas s’accrocher aux nuages qui assombrissent notre ciel et de les laisser passer pour constater que l’optimisme (la foi) constitue un sésame. Une pseudo culpabilité peut cependant s’emparer de cet exercice salutaire. Ne nous laissons pas faire car ces moments de retrait contribuent aussi à installer un climat paisible avec ses proches ou ses collaborateurs. Cette évidence se doit d’être ressentie au plus profond de notre être. Il devient nécessaire alors de revenir aux tâches incontournables – comme un courrier à rédiger – mais en réintégrant notre contenant corporel en douceur en imaginant, par exemple, un paysage apaisant. Ce choix contemplatif continuera notre quête d’harmonisation. Au bureau, vivre cette philosophie reste malgré tout un vœu pieux. Mais il ne tient qu’à nous d’adapter notre emploi du temps journalier en nous levant 15 minutes plus tôt que la maisonnée, puis en sélectionnant une citation qui nous accompagnera au fil des heures. L’idéal consiste à s’installer en position de méditation pour que chaque mot pénètre notre âme. On peut soudain éprouver l’envie de pleurer ou ressentir une colère, du découragement… Ce n’est pas grave : cette expulsion conduit invariablement à la re-connaissance et à la re-naissance. En marchant, le principe est curieusement le même : penser aux artisans qui ont bâti il y a parfois plusieurs siècles la façade de ces hôtels particuliers, à leurs rudes conditions de travail, aux cadeaux de contemplation qu’ils nous ont laissés, est une grâce de plus pour considérer que l’être humain est décidément bien solide.
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