Le point de vue
de Signes & sens
Au XXIème siècle, la société renvoie une image de l'amour très différente d'il y a peu de décennies. Ainsi, les hommes ont peu à peu accepté que les femmes soient leur complément. De cette évidence s'élabore progressivement le profil du couple. Ce qu'il devient intéressant alors de constater, c'est que deux individus à la fois semblables et différents fabriquent un lien qui ne relève pas de l'étayage mutuel. L'autre élément du couple n'a plus pour fonction (très discutable, même en d'autres temps) d'être quoi qu'il en soit le futur bâton de vieillesse de son conjoint. Certes, les femmes travaillent assidûment de leur côté et, de nos jours, leur personnalité n'a plus rien à voir avec la fille-épouse-mère-maîtresse, toujours soumise, qui régnait (ô paradoxe !) jusqu'au milieu du XXème siècle, tenant à tous les sens du terme les cordons de la bourse ! Tantôt soumises, tantôt reconnues, voire adulées, leur alternance de rôles – plus que de fonctions – engendrait bien des déroutes où les acteurs d'une même famille ne pouvaient eux-mêmes s'y retrouver... Exit cette caricature d'un autre passé : la femme ne se veut plus réduite à un réceptacle, les médecins l'entendent et ne la limitent plus à un utérus ou à un vagin. Exit la ceinture de chasteté. La contraception a libéré le sexe dit faible d'un ordre établi séculaire. La jeune fille prend le temps de choisir son partenaire de vie et d'en changer le cas échéant. Majoritairement les enfants ne s'en plaignent pas, qui, eux aussi, découvrent à leur tour que l'amour présente plein de facettes et que ces miroirs ont tous leur charme. Cependant, l'amour existe depuis l'éternité et ce n'est pas pour autant qu'il nous livre au fil du temps de quoi ne plus trébucher ou souffrir. Curieux d'ailleurs de dire que nous «tombons amoureux» ou que nous «tombons enceinte» ou que nous pourrions «tomber sur lui» à une soirée... Car dès que l'amour nous assaille, nous voilà perturbés, inquiets, angoissés. Nos complexes s'agitent, nos angoisses d'abandon se mobilisent à la faveur d'un partenaire idéalisé. Alors arrêtons peut-être tout simplement de rêver... Entrons dans la réalité car l'amour a ses limites, les repousser ne sert à rien : l'autre ne peut donner que ce qu'il a ! L'amour n'est pas, de fait, une assurance-vie indéfectible : "sa moitié" peut en aimer subitement un(e) autre ou tout simplement... mourir. Seul l'amour de soi rime avec toujours, c'est une certitude. C'est en ce sens qu'aimer requiert une autonomie affective de qualité qui constitue une activité à plein temps, ne laissant guère de place à la mélancolie, à la dépression ou à la recherche de conflits ! Ainsi pour aimer, il faut avant tout s'aimer…
