Le point de vue
de Signes & sens
La cure analytique :
un privilège |
La société occidentale s’est peu à peu installée dans le confort. Ainsi, cet avantage fait maintenant partie des habitudes de la vie : deux, voire trois véhicules dans le couple, plusieurs téléviseurs par ménage, micro-ondes, chaîne-hifi… La liste est longue qui, d’ailleurs, guide le besoin jamais assouvi, poussant de plus en plus à vouloir ce que l’on n’a pas. Le manque perpétuel est là qui rôde et taraude dans un univers où paraître rime avec mal-être. Ce vide conduit à l’impuissance et à ne pas pouvoir et à ne plus en pouvoir, on se retrouve à se raconter sur le divan ou en face-à-face car l’envie finit par déclencher des interrogations. La cure analytique va progressivement sortir le patient de ce flou mais à quel prix ? Sigmund Freud disait qu’une analyse n’est chère qu’en apparence et un analysant motivé, c’est-à-dire prêt à traverser la règle analytique, s’acquitte volontiers des honoraires fixés tacitement par les deux parties car, si le montant d’une séance peut sembler élevé (de 55 euros en moyenne en province à 75 euros dans la région parisienne), faire une analyse prend très vite des allures de privilège puisque l’acte n’est pas remboursé. Il ne s’agit pas d’une consultation médicale et la somme à payer s’inscrit dans le processus d’une relation transférentielle qui peut alors, et à cette seule condition, devenir interprétable. Par ailleurs, Freud précisait que la psychanalyse devrait permettre, entre autres, d’aimer et de travailler. Cette théorie laisse envisager la cure comme un moyen pratique de supprimer les problèmes existentiels basiques (ou tellement élémentaires qu’ils en deviennent fondamentaux !). Mais la portée d’une analyse s’assimile aussi à une ambition d’un autre ordre, d’un genre beaucoup plus passif : l’harmonie, ce qui permet d’admettre et de conclure que le privilège de la cure est avant tout de s’autoriser ce luxe !