Le point de vue
de Signes & sens
La psychanalyse, un sport ? |
Si le sport est un art articulé sur des convictions narcissiques intimes, l’art de la psychanalyse est un sport constitué, à nos jours, de bien des doutes ou autres incertitudes. L’idée, largement répandue, que la théorie freudienne se veut vérité absolue d’un pseudo principe de guérison rend régulièrement nécessaires des explications qui aboutissent vite à des rationalisations ; elles n’ont pour effet majeur que d’effrayer davantage encore une certaine population phobique. Cependant, vos courriers nombreux, pertinents, chaleureux, chers lecteurs, à chacune de nos parutions, sont plus qu’un encouragement à transmettre l’intérêt de la théorie freudienne dans la société d’aujourd’hui. Cet utile miroir est donc, encore une fois, rendu difficile à une époque qui favorise les performances, à n’importe quel prix et, de ce fait, sa démoniaque opposition illusion - désillusion ; ainsi l’individu s’englue-t-il, de plus en plus, dans l’infernale spirale de l’apparence. On peut donc admettre que la psychanalyse a une place, même si d’autres chemins s’envisagent, à juste titre, comme moyens d’une possible réalisation ; effectivement, le motif premier, qui pousse à consulter un psychanalyste, prend souvent le masque de la « démotivation », alors que, dans son fondement, se cachent « des motivations » ! Quoi qu’il en soit, l’analysant, au cours des premières séances, livre essentiellement ce qu’il croit être « ses » conduites d’échec ; dans les tout premiers contacts avec le « divan », la jouissance à « victimiser » est grande mais laisse déjà entrevoir les possibilités, jusque-là interdites, du « supposé-ne-rien-savoir »... Alors, tout comme le sport, la psychanalyse se situe « au-delà du Principe de Plaisir » : une séance analytique apporte, à chaque fois, un éclairage nouveau, différent, face à une situation pénible. Le sport, sorte de puissant révélateur des limites humaines, représente un outil précieux qui peut aboutir à un moyen de meilleure compréhension de soi ; il peut permettre, lui aussi, d’apporter des réponses à des questions intimes. Psychanalyse et sport ont, d’évidence, ceci en commun, de pouvoir trouver la demande initiale, dite primaire, celle dont tout l’équilibre d’une vie dépend.