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Le point de vue
Depuis quelques années, on a l’impression que tout est psy. Il est d’ailleurs un fait avéré, la psy s’infiltre partout : magazines, livres, télévision, cinéma, théâtre en sont les témoins. En outre, je ne pense pas qu’il faille le déplorer. Si les premiers bénéficiaires sont ces patients singuliers, consommateurs tous azimuts, ils possèdent quoi qu’il en soit, sans exception, un... inconscient ! La psy ne peut donc que les interpeller. Ainsi, Sigmund Freud n’a jamais été aussi présent dans la bouche des uns et des autres. Le vocabulaire psychanalytique n’a (presque) plus de secret pour personne : lapsus, refoulement, résistance, hystérie, névrose, moi, clivage... et tant d’autres termes encore qui sont utilisés fréquemment au quotidien, souvent à bon escient, au cours de conversations bien banales. C’est curieux du reste car des disciplines différentes, en dehors des élus qui y ont accès, gardent jalousement mots ou expressions spécifiques. Pour exemple, s’il m’était demandé d’expliquer ce qu’est un penalty, je serais très embarrassée... Cependant, sachant qu’il s’agit du registre du football, je déclencherais très vite mon imaginaire et serais ramenée à but et, de fait, à la psychanalyse ! L’inconscient associe facilement, d’autant plus si il y est exercé par une autoanalyse régulière. Le but, en situation de divan, s’oppose au sens, mot que je peux à mon gré faire évoluer : sens, aux cinq sens, Saint Saëns, et cette musique phonique me ramène à Camille, le fils d’Alice, une amie... De là à attraper le mot merveille, la chose est aisée mais n’a de sens (c’est juste : je suis donc dans la bonne direction) que pour moi. Ainsi, merveille peut encore se décliner en mère (qui) veille et voilà que je réhabilite de fait cet objet d’amour complexe qui a pu être mauvais à certains moments, ne serait ce que lorsqu’elle me disait non… De non à nom, une toute petite jambe change le sens (encore lui !). Le sens - et j’en ai aussi le droit - me conduit à... l’essence. Je décide de continuer à associer en utilisant toujours mon imaginaire : me vient au conscient pompe, grandes pompes, puis chaussures, terme qui, lui, m’entraîne chez Saussure (Ferdinand de), le linguiste, puis (c’est logique) chez Jacques Lacan qui a bien confirmé que l’inconscient est structuré comme un langage... La psychanalyse engage, il est vrai. Je peux entendre maintenant en gage... de sympathie, qui me permet d’aller voir du côté de l’empathie et, bien entendu, du côté de la neutralité bienveillante. Au fond, du côté de chez Freud !
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