Le point de vue
de Signes & sens
Il est une vraie responsabilité que la prise en charge psychanalytique de l’enfant malgré les apports précieux
de Françoise Dolto. Tout simplement parce
qu’il s’avère très difficile de mesurer – ou même
d’envisager – la part de réel désir chez le petit
d’Homme. Certes, le jeune consultant doit accompagner
sa séance d’un dessin réalisé par ses soins ou
d’une pièce de monnaie tirée de sa tirelire mais le problème
reste entier car avant l’âge de la majorité, tout être humain est sous influence. Ne serait-ce déjà par
le fait qu’il n’a pas les moyens psychologiques et pécuniaires
de s’assumer : ces éléments, non négligeables,
entraînent une sorte de soumission à ce que l’inconscient perçoit de ce que les parents attendent
de leur héritier… Ceci dit, dès que l’enfant prend
confiance en séance, ce lieu transférentiel devient un
temps d’échanges de grande qualité puisque quand
un enfant accorde sa confiance, il accorde toute sa
confiance. C’est ainsi que les mécanismes de défense
fonctionnent a minima, juste de quoi garder suffisamment
de libre arbitre… L’analysant précoce saisit rapidement
qu’il ne consulte pas par hasard. Passé le
cap où ses parents lui ont largement expliqué l’intérêt
de cette technique psychologique, il s’installe confortablement
face au psychanalyste et se livre sans censure
consciente. Il est d’ailleurs remarquable de
constater avec quelle facilité et quelle aisance il se
confie. Il dit les choses telles qu’elles lui viennent,
aussi bien celles qui peuvent être jaugées négatives par sa famille ou la société que celles qui lui conviennent
dans son existence. Étonnant également le souci
de précision et d’honnêteté
qu’il s’applique à respecter.
Tous les
psychanalystes sont unanimes
: avec la saine distance instaurée par le
transfert, l’enfant « sur le
divan » confirme bien
qu’il est là pour expulser
ce que sa filiation a projeté
sur lui inconsciemment.
Et c’est avec un
courage hors du commun
qu’il accepte de se débarrasser
de ce qui ne lui appartient pas… Quand il se
sent mieux, il le formule, soulagé il l’exprime, content
il le manifeste. Arrivé à être lui-même, c’est sans détour qu’il se détache du psychanalyste, sans regret
aucun de devoir se séparer. Chacun est à sa place. Il
quitte son objet transférentiel sans se retourner. Il a bien aimé tout ce qui s’est passé durant les mois écoulés
mais il sait que sa vie se déroule dorénavant devant
lui. Mission accomplie pour le professionnel, mission réussie pour l’adulte en devenir…