Le point de vue
de Signes & sens
À l’évidence, il vaut mieux regarder du côté du soleil que dans la direction des nuages… À l’évidence… Mais pourquoi donc est-ce aussi difficile au quotidien ? Et comment se fait-il qu’une bonne nouvelle soit vite assombrie par un flot d’informations négatives qui arrivent alors incongrues, s’imposant au mépris même de ce moment savouré, trop rare et délicieux ? Certains assurent qu’il y a du masochisme à se laisser contrôler par quelques messages maussades… Tout à fait d’accord mais l’humain ne peut pas faire l’impasse de véritables tragédies qui viennent parfois couper la route au bonheur. Et ce, dans quelques cas, de façon définitive : il n’est jamais aisé de se remettre d’une perte d’emploi ou de la disparition d’un proche…
Pourtant, l’individu, bien courageux en général, cherche toujours à redresser la tête. Dignement. Oui, il n’y a rien de plus admirable que le comportement de chacun face aux mauvais coups du sort. Aujourd’hui, certes, quand le parcours s’avère infiniment douloureux, beaucoup s’adressent à des professionnels de la psyché. Avec d’excellents résultats à la clef. Mais comment accepter fondamentalement l’insupportable, comme le handicap congénital ou la mort d’un enfant ? Ainsi des parents s’insurgent-ils quand on leur demande de faire le deuil en pareille circonstance. Et ils ont bien raison : comment et pourquoi faire le deuil de celle ou de celui que l’on a mis au monde et qui n’est plus ? Mon Dieu que cette expression est maladroite… Et inutile de surcroît. Cependant, le temps passe mais générant d’autres aléas. Histoire d’oublier une précédente tragédie ? Quelques-uns– non concernés directement (!) – osent l’affirmer. Pour d’autres, la roue finit par tourner. Ah bon ? Mais alors, vivre serait-il carrément insupportable, malgré nos belles et solides pulsions de vie postulées par Sigmund Freud, dont la propre existence était loin d’être exempte de grands malheurs ? Pour autant, le maître de la psychanalyse, ce génie, savait quand même ce qu’il disait… Comment donc tordre le cou à toutes ces pulsions de mort vivaces ? D’interrogation en interrogation, on se forge une expérience, une philosophie. La sienne, qu’il est quasiment impossible de partager. À chacun sa recette. À chacun sa thérapie. À chacun son chemin. À chacun d’enlever les épines. Jusqu’au moment où on réalise, soi-même, par soi-même et pour soi-même, qu’on a appris à faire le tri entre
les événements majeurs cruciaux et ceux qui ne revêtent finalement plus
aucune importance. C’est cette sagesse, en revanche donnée à tout le
monde, qui fait que les nuages sont de plus en plus clairsemés. Et c’est là
qu’on apprécie enfin tout ce que nous avions cru être des détails de l’existence
que Freud appelait subtilement les banalités apparentes du quotidien,
auxquelles on ne prend pas suffisamment garde, et qui regorgent pourtant
de trésors ô combien essentiels…