Le point de vue
de Signes & sens
La nature humaine est ainsi faite : elle nous suggère souvent de
changer d’horizons. Tel le tentateur, elle nous incite même parfois à quitter des rivages affectifs ou sociaux… pourtant au demeurant
confortables ! Quelle curieuse façon de traverser
l’existence au nom d’inconnus qui seraient plus séduisants et vers
lesquels nous aimerions donc nous diriger, sans pour autant
savoir précisément ce qu’ils nous réserveraient… Il faut dire que
des récits fort alléchants jonchent en permanence notre chemin.
Les magazines regorgent de ces témoignages de courageux qui
ont quitté leur univers familier pour ne jamais avoir eu à le regretter
! Ils deviennent alors soudainement enviables et restent
enviés lorsque notre petite voix intérieure
nous rappelle nos différentes obligations journalières vis-à-vis de
notre entourage… ou nos engagements
tout courts. Mais s’agirait-il ici de prétextes
fallacieux, narcissiques pour la plupart ? Peu importe, les choses sont
ce qu’elles sont et abandonner un CDI pour voguer vers des horizons étrangers
n’a fondamentalement rien de responsable
en soi… Alors on diffère encore et
encore, continuant à envier les Alexandra
David-Neel ou autres Antoine (le
chanteur bien entendu)… Le temps
passe, les années s’empilent, la grisaille
est un pis-aller jouant des demi-teintes
pour mieux atténuer les plans les plus fous, juste masqués par l’écran de nos doutes. Les heures sont rythmées par les mêmes
automatismes jusqu’au moment où on réalise (enfin) qu’il n’y a
rien à gagner à vivoter. Les médias nous y aident effectivement
mais les tourments inutiles aussi. Et s’il n’y a rien à perdre, selon
son corollaire inversé, il y a tout à gagner ! On choisit ainsi de
transformer sa vie car on choisit – à bout de souffle et d’arguments fragiles – de se transformer. La belle énergie qui circule
en nous devient palpable et cette force – qui sommeillait – nous
permet de découvrir de quoi nous sommes en fait capables !
Adieu les habitudes, bonjour les certitudes et la planète re-naissance.
L’heure n’est plus à la modération, d’autant que notre système
sociétal actuel ne s’encombre pas de tiédeur. Bien décidés
à foncer, les verrous sautent et les portes s’ouvrent. Diantre, mais
sur quoi ? Sur soi, tout basiquement.