Adriana Karembeu
Ses langages du cœur
|
1 m 26 de jambes (un record), d’innombrables défilés pour les plus grands noms de la mode, de multiples couvertures de magazine… Icône, Adriana Karembeu ne saurait pourtant se résumer à sa si avantageuse plastique. La belle Slovaque est depuis plusieurs années déjà l’ambassadrice de la Croix Rouge. Mais son engagement humanitaire ne s’arrête pas là. Elle représente également, depuis fin 2005, la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH). Elle a choisi de se consacrer en particulier à la défense des droits des femmes, bafoués partout dans le monde. Femme de cœur mais aussi femme d’affaires, Adriana enchaîne les tournages et lance sa propre ligne de produits de beauté Silicium+*.
Signes & sens : Qu’est-ce qui a motivé votre engagement aux côtés de la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme ?
Adriana Karembeu : Je suis une femme. J’ai une vie privilégiée. J’ai toutes les libertés que je souhaite. On vit dans un pays où on a la chance de voir les droits de la femme globalement respectés. Mais quand on sait ce qui se passe en Afrique, c’est une catastrophe. On ne peut pas ne pas être touché ! Par exemple, en République Centrafricaine, il y a des centaines de femmes qui ont été violées et personne n’est là pour les défendre. C’est hallucinant ! On parle très peu de ces drames et ça, ça me choque. La priorité, c’est l’Afrique, l’Amérique du Sud, toutes les zones où les femmes sont vraiment menacées. Je suis plus sensibilisée par une femme qui est violée en Afrique que par une femme qui gagne moins d’argent qu’un homme en Europe.
S & s : Vivez-vous de la même façon votre engagement pour la Croix-Rouge que pour le FIDH ?
A. K. : Pour la Croix-Rouge, c’est la souffrance physique qui m’interpelle. Je ne supporte pas la souffrance… Pour la FIDH, c’est plus la colère devant les injustices. On éprouve le devoir de faire quelque chose.
S & s : Vous avez déclaré que les difficultés dues au métier de mannequin n’étaient rien en comparaison de ce que vous avez vécu plus jeune…
A. K. : Le mannequinat est parfois pénible parce qu’on attend trop longtemps, parce qu’on a froid… Par exemple, j’ai passé deux semaines à faire des photos en maillot de bain par un froid de -15°, dans les montagnes sous la neige. Résultat : j’ai attrapé une pneumonie. J’ai aussi fait des photos en Espagne, sous l’eau, à six mètres de profondeur. J’étais morte de froid ! C’était vraiment à la limite de crever ! Mais j’ai vécu des situations bien plus dures que cela. Quand je suivais des études de médecine à Prague, j’allais à l’université la journée et la nuit, je travaillais dans une boulangerie où la moitié de la ville semblait se donner rendez-vous. C’était une véritable usine. Là, c’était vraiment dur. Mais j’avais besoin d’argent pour payer mon loyer, je ne voulais pas trop en demander à mes parents. En plus, il y avait les examens de médecine. Ce n’était vraiment pas évident. Il fallait bosser tout le temps, je ne pouvais jamais m’amuser. Je n’avais de temps pour rien. Je ne pouvais même pas aller au cinéma ! Alors, maintenant, le mannequinat, c’est du pur bonheur. Les gens sont gentils, ils me traitent comme une princesse. Je voyage dans des endroits de rêve. À peine arrivée sur le plateau de photos, on me demande si je veux me reposer. Je ne peux vraiment pas me plaindre…
S & s : Plus jeune, rêviez-vous d’un destin tel que celui qui vous attendait ?
A. K. : Même dans mes rêves les plus fous, je ne pouvais imaginer tout cela. C’était impossible. Pourtant, je passais beaucoup de temps à rêver dans la journée. Comme j’étais enfermée car mon père m’interdisait de sortir, je vivais dans ma chambre. J’ai passé ma jeunesse dans ma chambre ! J’étudiais beaucoup aussi. J’étais la première de la classe. Mon père m’obligeait à travailler, même si j’étais fatiguée. Ainsi, je passais mon temps à rêver d’autres horizons.
S & s : Est-ce que dans votre famille, les enfants étaient relégués dans la cuisine quand il y avait du monde, comme chez beaucoup de familles d’Europe Centrale ?
A. K. : Oui. Les enfants ne font pas vraiment partie de la vie. Ils sont là, on attend qu’ils grandissent. Ils n’ont pas le droit à la parole. Quand je vois ce qui se passe ici où les enfants ont tous les droits… Parfois, ça me surprend tellement que j’en suis presque choquée ! Même si je trouve aussi très bien qu’on les écoute…
S & s : Votre beauté nuit-elle un peu à votre crédibilité ?
A. K. : Jusqu’à présent, cela a été un atout dont je me suis servi. Je me fiche complètement de ce que peuvent penser certaines personnes… Même si j’étais stupide, et alors ? Je me suis toujours débrouillée. C’est quand même terrible de devoir toujours prouver qu’on est capable de faire d’autres choses.
S & s : Justement, vous revenez au cinéma. Vous n’aviez pas tourné depuis “ Trois petites filles ”, de Jean loup Hubert. Attendiez-vous un type de rôle en particulier ?
A. K. : On me propose plein de trucs, le plus souvent des rôles de mannequin mais ce n’est pas forcément ce que j’ai envie de faire. Je préfère les rôles de composition. Je suis en plein tournage d’un film où je joue une femme flic. Puis, je vais jouer dans une comédie romantique. Tourner m’amuse beaucoup et je veux montrer de quoi je suis capable…
* En vente aux Galeries Lafayette.
> Lire d'autres interviews