Comment sortir de l'échec ?

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Nous avons posé la question à Chantal Calatayud, Psychanalyste, didacticienne et auteur, qui nous explique dans ce jeu de questions/réponses que sortir de l’échec consiste à comprendre ce qui se joue à l’insu de tout être humain qui souffre de difficultés existentielles, pour la plupart incompréhensibles…

Je réussis magazine : L’échec nous concerne tous. Pourquoi ?
Chantal Calatayud : Tout d’abord, il faut s’entendre sur ce que nous nommons peut-être un peu trop facilement échec. Très souvent, lorsque quelque chose ne va pas dans le sens où nous l’avions projeté, voire décidé, nous ressentons un sentiment d’impuissance alors qu’il peut s’agir d’une réelle protection !

> Qu’entendez-vous par-là ?
- Avec un peu plus de sagesse, il suffit de se retourner sur notre passé et d’avoir l’honnêteté de constater qu’heureusement que certaines situations ne se sont pas déroulées comme nous l’avions souhaité initialement !

> Avez-vous un exemple ?
- Oui, bien sûr. C’est l’histoire de Jean qui n’est jamais arrivé à obtenir son bac au grand désespoir de ses parents médecins. Le commerce l’attirait. Il a créé un concept de distributeurs de jus de fruits énergétiques aux États-Unis et est devenu milliardaire, alors que s’il avait eu son bac, il désirait être professeur de sport…

> Il n’y a pas que les réussites pécuniaires…
- D’autres exemples non professionnels étayent effectivement le fait que nos obstacles sont rarement négatifs. Ainsi Frédérique était désespérée de la rupture de ses fiançailles deux mois avant son mariage, son amoureux l’ayant quittée pour une autre. Vivant dans la même petite ville, elle n’a pu que constater le profil pathologique de cet ex puisque cet homme a été arrêté quelques années plus tard et incarcéré pour viol sur mineure…

> Et que dire à tous ces professionnels sérieux qui ne retrouvent pas de travail après un licenciement économique ?
- La psychanalyse peut apparaître sévère mais, pour cette discipline, lorsqu’une porte est vraiment verrouillée, ce type de blocage signifie dans un fort pourcentage que l’axe professionnel ne convient pas ou plus. Il s’agit en fait d’un miroir nécessaire pour opérer un changement.

> Comment faire pour que la situation ne ressemble plus à un échec ?
- Dans un premier temps, il est facile d’identifier que nos goûts, dans quelque domaine que ce soit, se sont modifiés. Et l’être humain trouve ces réactions normales. Elles le sont d’ailleurs dans la mesure où, déjà, le corps connaît des métamorphoses régulières avec l’âge. Ce qui est inéluctable et repose de toute façon sur les multiples divisions cellulaires de la période intra-utérine. Comme on peut le constater, heureusement que l’embryon a trouvé l’énergie de devenir fœtus, sinon il y aurait eu fausse-couche ! Ensuite, de manière plus pratique, quand un événement résiste, il faut prendre conscience qu’il nous « parle ».

> Et que doit-on entendre ?
- Voici un autre exemple justement « parlant » : Valérie a perdu son bras gauche dans un accident de voiture lors de vacances. Infirmière de profession, elle n’a plus pu exercer. Vivant seule, un enfant à charge et à la Faculté, elle ne pouvait en aucun cas envisager de se contenter de maigres revenus compensatoires. Appareillée, elle s’est dirigée vers le décodage biologique. Ses études abouties, elle a créé son cabinet qui marche très bien. Cette nouvelle activité bénéficie de sa formation d’infirmière, ce qui ne gâche rien.

> On peut avoir l’impression que c’est un choix dû au hasard ?
- Non puisqu’il est aisé de constater, comme je viens de l’indiquer, qu’il existe un lien entre ces deux professions.

> Ce lien suffit-il à sortir de l’échec ?
- Oui mais à condition d’accepter que tout est mouvement, qu’il faudra encore et toujours avancer malgré les difficultés. Autrement dit, sortir de l’échec, c’est se laisser guider par les contrariétés du quotidien. Sigmund Freud le postule lorsqu’il écrit que les grandes choses se manifestent par de petits signes… Il dit aussi : L’Homme énergique et qui réussit, c’est celui qui parvient à transformer en réalités les fantaisies du désir…

 

*À lire :
« Comment sortir de l'échec »,
Chantal Calatayud,
Éditions Villon

www.ifpa-france.com