Chantal Calatayud
nous livre les secrets des couples qui durent
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Les ouvrages de Chantal Calatayud* ont tous un point commun
: non seulement ils traitent des difficultés de l’existence
mais ils ne s’en arrêtent pas au « pourquoi » des obstacles
ou des drames. Ils donnent les clefs nécessaires pour
sortir des situations de blocage. Psychanalyste, directrice
de l’Institut Français de Psychanalyse Appliquée
d’Avignon, elle vient de publier « Les secrets de la longévité
d’un couple » aux Éditions Villon. Des réponses spontanées,
des explications pratiques. |
Signes & sens : À une époque où les
médias s’emparent plutôt de thèmes qui font recette
dans la mesure où ils concernent beaucoup
d’entre nous, comme le divorce, les familles
recomposées, l’abandon, la maltraitance conjugale…,
n’êtes-vous pas un peu à contre-courant de
conseils, qu’attend une société, en faisant l’apologie
des couples qui durent ?
Chantal Calatayud : Tout d’abord, loin de moi l’idée
de faire du lavage de cerveau et du prosélytisme
en matière conjugale. Chacun fait comme il
peut en règle générale. Je ne porte aucun jugement
de valeur. J’essaie simplement de transmettre qu’un
couple ne s’inscrit pas dans la durée par hasard.
Quant à imaginer que je suis aux antipodes des
attentes d’une société, certainement pas ! Sinon,
pourquoi aurais-je écrit cet ouvrage ? Plus prosaïquement,
j’essaie toujours d’apporter modestement
un regard positif sur des mentalités moins combatives
de nos jours, qui s’assombrissent dès lors qu’elles
sont conditionnées par une fatalité qui se voudrait
ambiante et générale…
S. & s : Malgré tout, ce titre - « Les secrets de la
longévité d’un couple » - reste paradoxal : existerait-il des partenaires qui bénéficieraient d’astuces
pour qu’amour rime avec toujours ?
C. C. : Les astuces, ça se travaille ! De façon très schématique, ce que j’ai pu constater de nombreuses
fois, notamment dans ma pratique professionnelle,
c’est que les binômes affectifs s’inscrivent
dans une durée parce qu’ils réfléchissent avant de
réagir. C’est-à-dire qu’ils possèdent cette qualité
précieuse qui leur permet de ne pas se positionner
de façon épidermique, même s’ils se sentent blessés
par leur conjoint.
S. & s. : Ce sont alors des sages…
C. C. : Le terme est excessif. Plus précisément, il n’existe de leur part que très peu de réflexes projectifs
face à un événement qui les déstabilise. Ces
personnes ont acquis une maturité suffisante pour
opérer un recentrage sur elles. Autrement dit, avant
de traiter le conjoint de tous les noms d’oiseau,
avant même de lui faire le moindre procès d’intention,
ces sujets font leur propre analyse du désagrément
qui les perturbe.
S. & s. : Ce qui intéressera nos lecteurs, c’est tout
de même d’en savoir un peu plus…
C. C. : Je veux dire par-là qu’il est impossible que
celui ou celle que nous aurions tendance à assimiler
à un bourreau ait 100 % de torts ! Nous avons notre
propre part de responsabilité lors de désaccords
amoureux.
S. & s. : Mais n’est-ce pas un peu puéril d’envisager
de prendre un crayon et un papier et de tracer
des colonnes « Toi » et « Moi » avec des plus et des
moins ?
C. C. : Pourquoi pas, si ça peut faire avancer les
choses dans le bon sens ? Tel que vous l’énoncez,
effectivement, le principe semble enfantin mais dès qu’il s’agit de faire notre propre examen de conscience
en notant honnêtement nos défauts, nos
failles, nos dépassements de limite, on ne plaisante
plus du tout. Et on comprend où le bât blesse…
S. & s. : Peut-on ainsi parler d’une communication
salvatrice pour le couple qui pourrait inconsciemment
se mettre en péril ?
C. C. : Oui, bien sûr… Le lien devenu défectueux
se remet en place, plus sain, plus solide, au nom
d’une forme d’amour qui peut envisager alors de
continuer, se développer, se pérenniser…
S. & s. : Ça fait un peu pensée magique ?
C. C. : Vous oubliez le fait qu’il s’agit de mettre en
place une interrogation quant à soi chaque fois qu’il
y a un problème ! Il n’est donc plus question d’instantanéité
mais d’élaboration à des fins progressives
d’anticipation.
S. & s. : Vous avez fait le choix de publier votre livre « Les secrets de la longévité d’un couple » sur le
web en téléchargement gratuit : est-ce une démarche
altruiste ? Peut-on parler d’un acte d’amour ?
C. C. : Ce n’est peut-être pas à moi de répondre
directement à cette question (rires)… Sans fausse
modestie... Je sais malheureusement qu’aujourd’hui
encore, certaines personnes n’ont pas les moyens
financiers de s’acheter un livre malgré les gros
efforts de certains éditeurs qui mettent des ouvrages
sur le marché à des prix très faibles. Le web, c’est
aussi la possibilité de donner un peu de soi. C’est
d’ailleurs le très beau slogan de Signes & sens
magazine : L’accès gratuit à la culture…
S. & s. : Quelle est votre définition de l’amour ?
C. C. : Le respect de l’écoute et de la compréhension
de ce que nous dit implicitement et explicitement
notre partenaire…
* Chantal Calatayud est l’auteur de :
« Raconte-moi la psychanalyse » (Éditions Villon)
« S’aimer tel que l’on est » (Éditions Jouvence)
« Accepter l’autre tel qu’il est » (Éditions Jouvence)
« Apprendre à pardonner » (Éditions Jouvence)
« Vivre avec ses peurs » (Éditions Jouvence)
« Ce qu’il faut savoir pour être soi :
sortir du mensonge » (Éditions Dervy)
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