Mimie Mathy
Le courage d’être soi
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Actrice, humoriste, auteur, chanteuse, Mimie
Mathy est également restauratrice. Elle est
aujourd’hui à la tête du restaurant La Grange
Batelière avec son mari, le chef Benoist
Gérard. « Ici, je n’ai fait que la déco », prévient-
elle. Elle se met pourtant aux fourneaux
le soir, chez elle, quand Benoist n’a plus le
courage de cuisiner. Car, dans la journée,
Mimie est trop prise par les tournages de
Joséphine, ange gardien, la fiction-phare de
TF1, l’adaptation de la série en BD et la préparation
de la tournée Night of the Proms.
Mais comment fait-elle ?
Signes & sens : Comment avez-vous réussi à concilier
réussite et différence ?
Mimie Mathy : L’enfance est primordiale dans l’évolution
de chacun d’entre nous. Mes parents auraient pu
m’enfermer dans un cocon et me protéger. Au contraire, ils me
disaient : OK, tu seras plus petite, mais tout le monde est différent. Il n’y a pas deux personnes identiques sur la Terre. Ce
n’est pas toi qui n’es pas comme les autres, ce sont les autres
qui ne sont pas comme toi... Mes parents m’ont tout donné : la
joie de vivre, le goût de rire. Ils me répétaient toujours : Si tu
n’y arrives pas, prends une chaise. Bien sûr, l’humour ne
résout pas tous les malheurs mais c’est une façon de voir la
vie. J’aurais pu me morfondre, seule dans mon coin, à me
demander pourquoi, à douze ans, les garçons ne m’embrassaient
pas… Mais je me suis toujours tournée vers les autres.
Je pensais aux gens plus malheureux que moi, ceux qui sont
en fauteuil roulant par exemple. J’ai toujours su relativiser, je
suis une fataliste positive. Je disais : Je suis comme ça, est-ce
que ça vous pose un problème ? Oui ? Eh bien, ne regardez
pas ! On est comme on est mais on peut s’arranger, se maquiller, bien s’habiller. Bien sûr, il y a aussi des jours où je
ne m’aime pas. Des jours où je me regarde dans la glace et où
je m’interroge : pourquoi j’ai pris dix kilos ? Pourquoi je me
laisse aller ?
S & s : Est-ce que votre différence vous a donné encore davantage l’envie de réussir ?
M. M. : Les gens se retournaient sur moi. Forcément, on se
retourne toujours sur la différence. Toutefois, le malaise est
plus dans le regard des autres que dans le nôtre. Donc, je me
suis dit : puisqu’on se retourne sur moi, autant qu’on le fasse
parce que je suis quelqu’un de bien, parce que je suis connue,
pas parce que je suis différente. Quand j’ai fait l’Atelier
Fugain à Nice, Michel Fugain m’a dit : Il ne faut jamais que
tu fasses pitié, il faut qu’on t’admire. C’est vrai que des fois tu
pourrais dire : « Mais attendez, je suis petite ». Jamais de ça
avec moi ! Avec moi, tu seras la meilleure ou tu seras nulle.
Mais tu ne seras pas moyenne, autrement tu dégages… Il faut
toujours essayer d’être fier de soi, si on veut que les autres
soient fiers de nous. Il ne s’agit pas de se la « péter » mais de
prouver ce dont on est capable. Je veux chanter, jouer la comédie.
Mais je ne ferais pas le rôle de quelqu’un de petit, je ne chanterais pas une chanson sur ma taille. De toute façon, c’est la sincérité qui passe avant tout. Je ne joue pas un personnage,
je suis moi.
S & s : Lors de votre mariage cet été, vous avez refusé,
contrairement à beaucoup de célébrités, de vendre les photos à un magazine…
M. M. : C’est vrai qu’on a refusé l’exclusivité, les marchandages
sordides. Avec mon mari, on n’est pas du tout là-dedans.
Chacun fait comme il veut mais, pour moi, le bonheur ne se
monnaie pas, il se partage. La popularité est une affaire de
vases communicants. C’est très important de respecter ceux
qui nous ont rendus célèbres. Je n’aurais pas pu ne pas donner
de photos de mon mariage.
S & s : Votre popularité n’est-elle pas un peu lourde à porter
quelquefois ?
M. M. : Les gens viennent spontanément vers moi. Je suis à
eux, je suis leur Mimie, donc ils veulent me toucher. Parfois
c’est trop, certains me sautent dessus, d’autres m’empoignent
par-derrière. La proximité avec les gens, j’adore, même si ça
peut parfois être envahissant. Ce n’est pas lourd à porter car je
sais me préserver. J’arrive à mener une vie équilibrée. Le
show-biz, je n’en fais pas partie, même si j’ai de très bons
copains dans ce milieu. Je ne participe pas aux mondanités. Je
ne fréquente pas les endroits comme Saint-Tropez...
S & s : Il y a aussi beaucoup de gens qui font appel à vous…
M. M. : Beaucoup de parents d’enfants ayant des problèmes
viennent me voir et me demandent conseil. Je reçois énormément
de témoignages, de lettres où on me demande : Comment
vous faites ? Moi, j’ai une fille qui a tel souci et je ne m’en
sors pas... C’est très touchant. Quand on me parle avec le
cœur, j’essaie de répondre de la même façon en disant qu’il
n’y a pas de recette miracle mais que le mieux, c’est un mélange
d’amour et d’ouverture aux autres. C’est très important de
donner dès le départ de la force aux enfants. Je n’ai pas envie
qu’on engueule un gamin parce qu’il s’exprime : Maman, la
dame elle est petite. Les enfants sont prêts à accepter la différence
spontanément. Le monde irait mieux si les parents étaient plus ouverts, s’ils apprenaient à leurs gosses que personne
ne ressemble à personne.
S & s : Que pensez-vous des gens qui n’ont pas votre force et
qui ont tendance à se sentir victimes de leurs particularités ?
M. M. : C’est aux parents de transmettre le goût de l’effort, le respect
des autres. Un môme qui traîne dans la rue à 23 heures, ce
n’est pas normal. Personnellement, je viens d’un milieu ouvrier,
j’avais très peu d’argent, alors je bossais, je faisais de petits boulots...
Ce qui me désole le plus, c’est la démission parentale. Ce
n’est pas à l’État de prendre les jeunes en charge.
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