Face à face
avec Nathalie Marquay
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Aux yeux du grand public, Nathalie Marquay est la compagne de Jean-Pierre Pernaut, l’ancienne Miss France, la vedette de télé-réalité poursuivie par la presse à scandales… C’est oublier qu’elle est d’abord une survivante. Touchée par une leucémie foudroyante en 1997, elle n’a rien oublié de son combat contre la maladie et met aujourd’hui son énergie au service de l’association qu’elle marraine : Ti’Toine.
Nathalie est notre bonne fée, assure Sylvie Jeufroy, membre de l’association Ti’Toine, fondée après le décès de son fils Antoine. Un de nos membres qui avait lu son livre a eu l’idée de la contacter. Elle a accepté dès le premier jour de devenir notre marraine. Maintenant, c’est une histoire d’amitié entre elle et nous. Quand je m’adresse à elle, ce n’est pas à la femme de Jean-Pierre Pernaut que je parle, c’est à Nathalie. Qui, sans nous connaître, a accepté de travailler avec nous. Jamais elle ne nous a déçus, elle n’a qu’une parole. Et elle a réussi à nous faire gagner des sommes extraordinaires… De l’argent employé à aider la recherche, soutenir les malades et inciter les gens à donner sang, plaquettes et moelle osseuse. Le sang ne se fabrique pas, martèle Sylvie. On est tous des receveurs potentiels. Ça n’arrive pas qu’aux autres. Aujourd’hui, il y a quasiment un cancéreux dans toutes les familles. Si on ne peut pas donner son sang, on peut donner de l’argent ou de son temps… Du temps ? Nathalie leur en consacre beaucoup, malgré ses projets de livre (elle prépare actuellement un troisième ouvrage, qui devrait sortir fin septembre chez Michel Lafon) et ses tournages à Saint-Tropez pour la série « Sous le soleil ».
Signes & sens : Aujourd’hui, vous considérez-vous comme résiliente ?
Nathalie Marquay : Quand on m’a dit que j’étais en rémission complète, j’ai pensé que j’avais une mission à remplir. Cette mission, c’est d’aider les autres malades qui ont ou ont eu la même maladie que moi. J’ai écrit mon premier livre, «Ma bonne étoile », pour aider les gens, pour leur dire qu’on peut s’en sortir. Je m’en suis sortie en ayant deux enfants, chose qui était normalement impossible.
S. & s. : Vous avez donc pris le risque de refuser une greffe de moelle osseuse pour ne pas devenir stérile…
N. M. : Je voulais absolument avoir des enfants. J’ai trouvé la force de combattre le cancer. Pourtant, c’est la pire chose au monde qui puisse exister, étant donné qu’on a l’impression de mourir tous les soirs. Ayant réussi à vaincre cela, il était clair que je réussirais à avoir des enfants. J’ai eu beaucoup de chance, je m’en suis sortie, les médecins n’y croyaient pas. Toutefois, je ne conseillerais pas aux autres femmes de suivre mon exemple.
S. & s. : Où avez-vous puisé cette énergie ?
N. M. : C’est l’envie de me battre. J’y ai cru à fond, j’ai cru à ma bonne étoile, à mes grands-mères là-haut… Je suis assez mystique ! Je me suis dit que cette saloperie n’affecterait pas ma vie. Quand on est malade, il faut se battre mais aussi écouter son corps. Avant tout le monde, j’ai su que j’avais quelque chose de très, très grave. Il a fallu voir huit médecins pour qu’on me donne le bon diagnostic. Heureusement, un praticien a pensé à faire une prise de sang. Cela paraît évident mais on n’y songe pas toujours. À une demi-journée près, je serais morte. Il faut donc bien s’écouter, ne pas avoir peur de parler, ni d’être ridicule.
S. & s. : Comment avez-vous vécu la convalescence ?
N. M. : En sortant de l’hôpital, je ne me sentais plus à ma place dans le monde extérieur. À ce moment-là, on a peur de tout, on est très vite fatigué. Il y a le regard des autres parce qu’on est chauve… Et puis, les gens oublient très vite ce que vous avez souffert.
S. & s. : Que vous apporte votre engagement auprès de l’association Ti’Toine ?
N. M. : J’avais envie de donner mais je ne savais pas vers qui me tourner. Quand l’association m’a contactée, j’étais ravie. Parce que ça me concernait vraiment. Le fils de Sylvie Jeufroy a eu une leucémie aiguë, comme moi. Il a malheureusement fait une rechute et est décédé. Sylvie, malgré son immense douleur, a réussi à se battre. Car elle a vu le calvaire de ceux qui attendent pour du sang. Parfois, j’étais en manque de sang et j’attendais pendant des heures ! Dans ces moments-là, on pense à chaque minute qu’on va mourir. Après, on se demande comment il est possible que les gens ne se responsabilisent pas plus et ne donnent pas leur sang. Malheureusement, il faut être touché pour se sentir concerné. Moi la première, je n’avais jamais pensé à donner mon sang avant tout cela.
S. & s. : Quelle part prend votre engagement associatif dans votre existence ?
N. M. : Il fait partie intégrante de ma vie. Les gens de l’association sont comme ma famille. Jean-Pierre est très admiratif de cela. Même si j’ai travaillé toute la semaine et que je dois participer à la vie de l’association le week-end, il le comprend. Mes enfants aussi. Je leur explique que j’ai été très malade et que c’est important pour moi. Même à deux et trois ans, on peut leur expliquer qu’il faut aider les gens malades, qu’il faut penser aux autres.
S. & s. : Avez-vous souffert que certaines personnes doutent de la sincérité de votre engagement ?
N. M. : Non, je comprends que des personnes aient pu penser cela. Il est vrai que certaines prétendent défendre une association et, en fait, s’en fichent totalement. Mais les gens intelligents savent très bien par quoi je suis passée et que je ne peux pas être indifférente… De plus, j’avais déjà fait mes preuves avant de faire de la télé-réalité. J’avais écrit mon deuxième livre, je jouais dans « Sous le soleil ». J’ai même refusé qu’on étoffe mon rôle pour pouvoir entrer dans « La ferme ». Je n’ai pas fait tout cela pour me montrer mais pour mon association. Le plus important, c’était d’arriver en finale pour Ti’Toine. Après, ce que les gens disent, je m’en fous ! L’essentiel c’est que l’association avance, que Sylvie soit fière de moi et que mon mari soit d’accord avec tout cela. J’avais bien préparé mes enfants à mon départ, ils me regardaient tous les jours, leur papa étais très présent. C’est très important de bien parler aux enfants. Il ne faut rien leur cacher. Heureusement, ils étaient trop jeunes pour souffrir de tout ce qui a suivi…
* Si vous désirez faire un don :
ASSOCIATION TI’TOINE
43 chemin de l’Ormel
27340 CRIQUEBEUF-SUR-SEINE
contact@titoine-normandie.org
