Une activité physique régulière et la pratique d’un sport, alliées à une alimentation équilibrée, sont essentielles pour la croissance optimale et pour le bon développement physique et mental de l’enfant. Mais qu’il soit de loisir ou de compétition, le sport devrait toujours être un plaisir pratiqué en toute liberté. Les docteurs Nathalie Alos* et Elisabeth Rousseau* nous aident à faire le point sur un domaine que la société moderne a rendu complexe.
Sport & loisirs magazine : Un enfant doit-il faire du sport ?
Docteur Nathalie Alos : Tout comme l’adulte, il est recommandé que l’enfant, quel que soit son âge, fasse de l’activité physique tous les jours. Cependant, un enfant n’est pas un adulte en miniature. Il est en constante évolution et transformation sur les plans physique, psychomoteur et psychique, en route vers son état adulte. De même, l’enfant a des caractéristiques physiologiques bien différentes de celles de l’adulte ; sa récupération est beaucoup plus rapide mais il ne peut pas faire d’efforts prolongés.
S. & l. m. : Toute activité physique doit donc respecter les différentes étapes de son développement et y être adaptée…
Dr N. A. : Tout à fait, combien même activité et sport apportent aux enfants plusieurs éléments essentiels à leur développement…
S. & l. m. : Pouvez-vous nous citer les apports fondamentaux ?
Dr N. A. : Il y en a quatre : la croissance neuro-musculo-squelettique, le développement psychomoteur avec acquisitions motrices, contrôle du tonus et de l’équilibre, le développement psychologique dont l’apprentissage de ses limites et la façon de les modifier, l’amélioration de la santé physique et mentale.
S. & l. m. : La médecine sportive s’interroge-t-elle sur les effets nocifs possibles de l’entraînement intensif sur la santé de l’enfant et de l’adolescent ?
Dr N. A. : Oui, bien sûr… Certaines études sont alarmistes, d’autres le sont moins. Toutefois, il persiste beaucoup d’inconnues et d’idées préconçues dans ce domaine. En 2002, la Commission médicale du Comité international olympique a décidé de lancer des travaux de réflexion et de recherche pour faire le point sur les réglementations en vigueur en matière de pratique sportive chez les jeunes et sur les risques potentiels d’une pratique sportive, intensive ou non, sur la croissance et la santé de l’enfant et de l’adolescent. La « Déclaration de consensus sur l’entraînement de l’enfant au sport d’élite » fut rédigée en 2005 par un groupe d’experts médicaux et scientifiques du monde entier, ainsi que par des athlètes ayant pratiqué un sport de haut niveau dans leur enfance. Encore plus récemment, le CIO a publié des recommandations concernant les abus et le harcèlement dans le monde du sport.
S. & l. m. : Ce qui signifie qu’il peut donc exister des dérives fâcheuses ?
Dr N. A. : Oui. Parce qu’il est en pleine croissance, l’enfant a besoin de repos, de temps de loisir avec ses amis, avec sa famille. Or, le sport – surtout s’il s’agit de compétition – est une pratique qui demande temps et énergie. Sans oublier que chaque enfant a son propre rythme de croissance.
S. & l. m. : Docteur Elisabeth Rousseau, l’activité physique fait-elle grandir ?
Dr E. R. : La pratique sportive joue un rôle important dans le développement physique et psychomoteur de l’enfant. Toutefois, l’activité physique, quelle que soit la discipline, n’a pas d’effet direct sur la croissance. Un suivi à long terme de deux groupes d’enfants, l’un pratiquant une activité physique régulière et l’autre non, n’a pas montré de différences de tailles.
S. & l. m. : Quels sont les besoins caloriques des jeunes sportifs ?
Dr E. R. : Les besoins caloriques sont élaborés en fonction de l’âge, du genre (féminin/masculin) et des phases de puberté que le jeune traverse. Compte tenu des poussées de croissance et de la puberté, les besoins nutritionnels sont particulièrement importants à cette période de la vie, aussi bien en énergie (calories) qu’en protéines, fer et calcium, minéraux et vitamines. Les besoins énergétiques journaliers chez les jeunes athlètes peuvent varier : chez les filles de 2200 (besoin habituel d’une adulte) à 4000 calories et, chez les garçons sportifs, de 3000 (besoin habituel d’un adulte) à 6000 calories. Ces besoins sont grands. Aussi, on favorisera des choix alimentaires à haute teneur nutritionnelle, si possible sous un faible volume.
S. & l. m. : Que boire avant et après un effort physique ?
Dr E. R. : Boire de l’eau avant un exercice intense de courte durée est une recommandation impérative. Durant la compétition, on a le choix entre de l’eau (si l’effort dure moins d’une heure) ou encore entre un jus dilué moitié/moitié ou une boisson énergétique si l’épreuve est longue. Dans l’heure qui suit la compétition, de l’eau. Mais rappelons que si les programmes d’hydratation et d’alimentation en vue d’épreuves sportives semblent difficiles à mettre en place par les jeunes et leur famille, l’avis d’un nutritionniste reste une excellente démarche.
*Pour en savoir plus, lire :
« L’enfant, l’adolescent et le sport de compétition »,
sous la direction de Line Déziel,
Éditions CHU Sainte-Justine.