Ce qui nous empêche de nous sentir sereins et en paix au quotidien, c’est essentiellement la peur. Qu’il s’agisse de la peur d’un échec, de la peur d’une nouvelle souffrance, de la peur de perdre (l’amour et la reconnaissance, nos possessions matérielles…), de la peur d’être malheureux, ou d’autres choses encore… Ainsi gâchons-nous notre vie ! Mais alors qu’est-ce que la peur et comment éliminer cette émotion qui fabrique du désastre et de la maladie ? Nous avons posé ces questions essentielles à Laure Zanella* dont les réponses sont plus que des pistes à emprunter pour enfin sortir de la tourmente…
Je réussis : Comment définissez-vous la peur ?
Laure Zanella : Il s’agit d’une émotion qui n’est nullement liée à des éléments existant concrètement dans notre vie ici et maintenant. C’est avant tout une projection de notre esprit, basée sur le passé, notre expérience douloureuse ou l’observation de celle des autres. Ces mauvais souvenirs provoquent en nous un sentiment de malaise profond et durable. Ils nous font craindre la possibilité de voir de nouveaux obstacles ou de nouvelles épreuves intervenir sur notre route.
J. r. : Pourtant, ce ne sont là que des suppositions…
L. Z. : Oui, quelque chose qui n’est pas réel et qui est une illusion mais dont nous redoutons la matérialisation dans notre propre existence.
J. r. : Indépendamment de l’inconfort ressenti par la personne qui a peur, quels sont les risques à subir cette croyance ?
L. Z. : En laissant dériver nos pensées sur un futur négatif, nous bloquons inconsciemment la possibilité de réaliser nos projets légitimes. Sans compter que ressasser des idées effrayantes aboutit majoritairement à la maladie. Nous devenons alors malades de nous-même, ce qui est un comble !
J. r. : Comment peut-on se libérer de ce fonctionnement pernicieux ?
L. Z. : En premier lieu, il ne faut pas lutter contre lui ou même tenter de le nier, de l’occulter, de le rejeter… Il se renforcerait. Plus nous nous battons avec nos émotions, plus elles prennent de l’ampleur ! Dans un deuxième temps, il faut s’avouer notre peur et quel qu’en soit le motif, la rattacher à l’enfance. Cette mise en miroir singulière permet de la regarder en face mais en prenant du recul grâce au temps qui a passé. Nous voyons ainsi notre peur sous un autre angle et pouvons commencer à l’apprivoiser.
J. r. : Oui, mais de là à s’en libérer…
L. Z. : Quand nous reconnaissons et acceptons une émotion négative, elle perd déjà de son intensité. Elle prend une forme bien différente. En revanche, il faut persévérer pour s’en détacher. En attendant l’heure de la délivrance, il faut se centrer sur le moment présent. Systématiquement. C’est de cette façon que notre esprit ne peut plus nous emmener vers des contrées imaginaires effrayantes.
J. r. : Vivre dans le présent constitue-t-il réellement une des clefs pour se débarrasser de cette peur incontrôlable ?
L. Z. : Oui, assurément. En vivant carpe diem, nous ne gaspillons plus notre énergie vitale à appréhender ce que réservera demain, alors que ce demain n’apportera sans doute rien de fâcheux… Rien ne nous condamne à reproduire nos expériences passées difficiles et douloureuses. À nous d’ouvrir la porte au bonheur pour qu’il se révèle. Je pense ici à Eileen Caddy qui écrit dans « La petite voix » : Attends-toi toujours au meilleur et vois-le advenir…
J. r. : Cette sagesse est compréhensible mais pourriez-vous y mettre un sens plus concret ?
L. Z. : Eh bien, par exemple, sommes-nous inquiets durant l’hiver lorsque la neige recouvre le sol, lorsque les températures sont très basses et que tout à l’extérieur semble mort et éteint ? Non ! Parce que nous savons, sans même avoir besoin de nous poser la question, qu’après chaque hiver revient toujours le printemps, même si l’hiver en question est un peu plus long que l’année d’avant. Nous ne ressentons ni stress ni appréhension parce que nous savons que la nature suivra son cycle coûte que coûte et nous ne doutons pas de sa capacité à amener un nouveau printemps après chaque hiver…
J. r. : En fait, il faut accorder cette même confiance à notre vie ?
L. Z. : Oui, car le positif attire le positif et nous avons tous la possibilité d’amener ce positif à nous en avançant dans cette direction. Notre existence est véritablement ce qu’on en fait…
*Pour en savoir plus, lire :
« La Vie, etc. Petit guide vers le bonheur intérieur »,
de Laure Zanella,
Books on Demand.
