Psychanalyse et religion
œuvrent-elles à l’identique ?

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Qu’ont en commun la Psychanalyse et la religion ? C’est la question qui a été posée au Père Grégoire Allier…

Psy magazine : À la façon d’une anamnèse, pouvez-vous nous dire vos origines ?
Père Grégoire Allier : Je suis né de parents très modestes. Mon père a d’abord été ouvrier agricole, puis métayer pour le descendant direct du riche seigneur du pays, exploitant agricole sur les flancs du Ventoux, dans une terre pauvre et aride. Mon ordination remonte au tout début des années 1960.

P. M. : Votre vocation a-t-elle été une sorte de conditionnement dès l’enfance ou un signe, un appel impérieux, une révélation ?
P. A. : D’une certaine manière, les deux. Lorsque ma mère était enceinte de moi, elle répétait sans cesse que si j’étais un garçon, je serais prêtre. Dès l’âge de six ou sept ans, quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais invariablement : « Moi, je veux être Monsieur le Curé ». On est en droit de se demander si ma mère ne m’a pas influencé dans ce choix. Peut-être. Mais c’est aussi plus fort que le simple sentiment de ma mère durant sa grossesse. Je suis donc rentré au Petit Séminaire en classe de sixième et j’ai continué jusqu’en première. Ensuite, il y avait deux années de philosophie essentiellement religieuse et, dans ce même temps, il fallait passer le baccalauréat en candidat libre. Pour terminer par quatre années de théologie. J’ai été envoyé à Rome de 1956 à 1958 (deux années de théologie), puis j’ai été appelé (service militaire) de 1958 à 1960 pour faire la guerre d’Algérie. C’est avec l’expérience douloureuse de cette guerre que j’ai su de façon certaine que mon choix de vie était d’être prêtre. Donc, après les obligations militaires, je suis retourné à Rome terminer mes études, puis j’ai été ordonné prêtre en 1961. Je me suis très vite attaché à œuvrer dans le milieu ouvrier. Sans doute en souvenir de mon père et aussi par réaction à un certain paraître de la bonne société, véhiculé par l’Église.

P. M. : Que signifie pour vous le mot « psychanalyse » ?
P. A. : Étymologiquement, cela signifie : analyse dans le sens, étude de l’âme.

P. M. : L’inconscient et l’âme est-ce pareil ?
P. A. : L’âme englobe toute la personne. Son essence et sa matérialité : corps, cœur, esprit. Dans ce sens, l’inconscient fait partie de l’âme.

P. M. : Pensez-vous que psychanalystes et prêtres œuvrent dans le même sens ?
P. A. : Non. En tant que prêtre, je suis là pour transmettre la parole de Dieu et, de par la parole divine, aider à un cheminement spirituel. Le psychanalyste me paraît plutôt apporter une aide de soignant, presque médicale.

P. M. : La psychanalyse induit la notion de re-naissance. Que représente la Résurrection du Christ ?
P. A. : On ne peut pas dissocier la Résurrection de Jésus de sa mort sur la Croix car il s’agit d’un seul acte d’Amour entre l’Humanité et Dieu. C’est en vivant sa mort sur la Croix que Jésus pousse jusqu’à son extrême son humanité aimante : Amour pour tous les êtres humains, y compris ceux qui le mettent à mort : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». C’est en mourant sur la Croix que Jésus a poussé jusqu’à l’extrême son humanité croyante, faisant confiance à Dieu son Père jusqu’au bout : « Père, je remets mon âme (l’essentiel de mon être) entre tes mains ». Et Dieu répond à ce don total de l’humanité en faisant triompher la vie sur la mort, en introduisant l’être humain, Jésus et, à sa suite, toute l’humanité croyante dans sa famille, Père, Fils et Saint-Esprit.