Si en France, c’est au Maître japonais Sensei Taisen Deshimaru que revient le mérite d’avoir transmis la pratique du Zen, l’histoire de cette forme dépouillée du bouddhisme s’inscrit toutefois au travers d’une longue lignée de maître à disciple remontant, selon la tradition, au Bouddha lui-même.
Taisen Deshimaru était le disciple de Maître Kodo Sawaki (1880-1965), élève de Maître Oko Sotan. Chaque Maître est le représentant d’une manière de pratiquer le Zen. Il en existe plusieurs mais on peut cependant les classer en deux courants principaux : l’école Soto et l’école Rinzaï.
L’école Soto
La tradition du Zen
Soto est importée de Chine vers le Japon par le Maître Dogen au XIIème siècle. La particularité de son enseignement réside dans le fait qu’elle insiste principalement sur la posture du corps pendant la méditation. Les enseignements scripturaires sont considérablement épurés et la pratique consiste à faire
Zazen, c’est-à-dire en une simple assise en silence. Il est dit que pratiquer le Zen
Soto donne la possibilité d’atteindre l’éveil en une seule vie. Pour montrer l’unicité entre la pratique et l’illumination, Maître Dogen aurait prononcé cette phrase :
Pratique et éveil ne font qu’un. Il serait pourtant erroné de croire que la chose soit aisée. Durant la
Sesshin, séance de méditation
Zazen, la posture doit être irréprochable pour permettre au mental de se détacher des contingences matérielles, tout en restant parfaitement conscient. Il arrive que le Maître donne un coup de bâton rituel dans le dos de l’élève lorsqu’il sent que l’adepte n’est pas dans la véritable Zen attitude. C’est cet enseignement que Maître Deshimaru a principalement transmis en Europe.
L’école Rinzaï
S’étayant beaucoup plus sur les
Koans, sorte d’anecdote apparemment absurde et énigmatique sur laquelle l’élève se concentre, le Zen
Rinzaï est arrivé de la Chine au Japon par l’intermédiaire de Maître Eisai en 1191. Cette école est représentée en France par Taïkan Jyoji mais a été surtout popularisée en Occident par les ouvrages de D. T. Suzuki. Si la pratique de
Zazen n’est pas écartée, cette tradition fait beaucoup plus appel à la pensée et à son lâcher-prise ultime puisque résoudre un
Koan ne se fait pas selon un processus intellectuel logique. En général, l’énigme est proposée à son disciple par le Maître et ne s’adresse qu’à lui. Jacques Castermane raconte à ce sujet dans son ouvrage « Les leçons de Dürckheim, premiers pas sur le chemin initiatique », publié aux Éditions du Rocher, qu’un vieux Maître Zen lui avait proposé ce
Koan lors d’une sesshin :
Qui était Jacques Castermane avant 40 ans ? Après de longues heures de méditation et de rumination en posture
Zazen, le vieux Roshi (terme signifiant
moine), après avoir écouté son élève lui raconter son expérience, lui dit :
Je vous conseille de poursuivre ce travail, de continuer encore à travailler le Koan. Mais maintenant vous le savez, pas avec la tête mais avec le ventre…
Flora Chabanel
Les accessoires de méditation
Les accessoires de méditation varient selon la tradition à laquelle ils appartiennent. Ainsi dans la méditation Zen, le zafu – coussin de méditation rempli de kapok – s’avère indispensable. Il permet une assise stable et confortable. Il est en effet important dans cette pratique que les genoux soient disposés de manière à libérer le bassin et le hara, point situé au niveau du ventre. Différents modèles existent en fonction de la souplesse du pratiquant. En ce qui concerne le yoga, il est utile d’acquérir un mala, sorte de chapelet à 108 grains. Cet accessoire permet d’éviter de compter le nombre de mantras à répéter pendant la méditation. Il est traditionnellement fabriqué en bois de tulsi mais on le trouve aussi dans d’autres matières. Quant aux mandala ou yantra, ils sont surtout utilisés dans les méditations du bouddhisme tibétain. Ce sont des formes géométriques particulièrement étudiées dans le but d’atteindre, de manière méthodique et sécurisée, les couches profondes du mental du méditant.