En Chine et pendant près de vingt siècles, le Feng Shui fut étudié officiellement
dans le cadre des études médicales. En tant que branche de la médecine chinoise
classique, le Feng Shui prenait en compte l’impact de l’environnement –
et plus particulièrement de l’habitat – sur la santé et la vitalité de l’individu.
L’un des pères de la médecine chinoise, Sun Si
Miao (581-682), le soulignait dans son
ouvrage « Notes complémentaires aux recettes
des dix mille pièces d’or » : Un bon médecin se
doit non seulement d’examiner le patient, mais également
son environnement direct et indirect. Bon
nombre de maladies, dont les plus difficiles à traiter,
sont liées aux perturbations des énergies du terrain
et de l’habitat. Oublier de considérer ces perturbations
est une faute professionnelle. Au-delà de l’individu,
l’harmonie de l’environnement et l’équilibre
de l’habitat influent aussi sur la destinée familiale
et, bien sûr, sur l’évolution de la société humaine.
Traditionnellement l’individu représente, en effet, le
microcosme de la société comme l’habitat se veut le
microcosme de l’environnement.
La définition du Feng Shui
Elle s’appuie sur les ouvrages classiques tels, par
exemple, ceux issus de travaux de l’Institut Ricci, le
Dictionnaire Couvreur et les dictionnaires classiques
de la langue chinoise et leurs commentaires:
– Feng (caractère 1596 du Ricci) – qui se prononce également Fong - est un radical (Radical 182),
c’est-à-dire l’un des 214 caractères essentiels de la
langue chinoise. Il signifie le vent, la brise ainsi que
le souffle. Il représente aussi les courants atmosphériques.
Le vent est le messager du Ciel et de la Terre
et influence l’Homme dans son jugement et dans ses
actions. Les vents soufflent dans les Huit directions
principales et correspondent aux Huit Energies
Célestes (Bagua) du Yijing (Yi King). Par extension,
il signifie aussi l’ambiance, l’allure, les moeurs, la
mode, les usages, les coutumes, la réputation.
– Shui (caractère 4486 du Ricci) – qui se prononce également Shuei, Chouei, Choi – est également un
radical (radical 85). Il signifie eau, liquide ainsi que
la qualité, la valeur. Il représente le ruissellement et
les courants souterrains. Il s’agit d’un des Cinq
Eléments (ou mouvements, agents, dynamismes) de
l’énergétique chinoise correspondant à l’origine
profonde, aux sources, aux racines, à ce qui est
avant le commencement, à la face cachée des choses,
au mouvement originel.
– Feng Shui – qui se prononce souvent Fong Shuei –
signifie alors littéralement « vents et cours d’eau ».
La situation et la disposition d’un emplacement sont
considérées au point de vue de leur influence sur le
bonheur ou le malheur de la famille ou du clan,
selon le Dictionnaire Couvreur. Il s’agit de l’antique
géomancie chinoise traitant des influences fastes et
néfastes des énergies cosmiques et telluriques pour
un site et un environnement d’une tombe, d’une
maison, d’une ville.
La raison d’être du Feng Shui
Le Feng Shui rétablit l’harmonie dans la circulation
des énergies dans les lieux de vie des Hommes. Le
Feng Shui est à l’habitat ce que l’acupuncture est à
l’Homme. Il s’appuie sur les principes de la pensée,
la science et la médecine traditionnelle chinoise et
lie la vie et le destin humain aux mécanismes de l’Univers et de la nature. La force qui unit l’Homme à son milieu est appelée Ch’i (l’énergie, le souffle
cosmique). L’Homme est lié au ciel et à la terre par
le Tao (La Voie) et toute chose se divise en dualités
contraire et complémentaire, le Yin et le Yang.
L’Occident, le Marxisme et la tradition
Au cour du règne de Kuangxu (1875-1909) de la
dynastie Qing (Tsing), l’Impératrice douairière Cixi
(Tseu Hi) décida, dans le cadre de la « modernisation
et de l’occidentalisation » de la médecine, de
supprimer l’enseignement du Feng Shui. En 1929,
le gouvernement du Guomingtang promulgua des
décrets visant à l’interdiction de la pratique du Feng
Shui, jugé «rétrograde» au regard des progrès
scientifiques. De même, Mao continua à l’interdire
en tant que « relent superstitieux d’un passé
révolu ». Dans les faits, le Feng Shui continua à être
transmis et pratiqué. Ces interdictions passées lui
donnèrent un aspect secret. Les initiés taoïstes, en
particulier, contribuèrent beaucoup à préserver sa
tradition. Et ceci, tant en Chine que dans toute la
diaspora chinoise : que ce soit à Hong Kong, Taipei,
Singapour, Bangkok, San Francisco, Montréal,
Londres, les communautés chinoises, et d’une
manière générale asiatiques, ne construisaient
aucun immeuble, ni n’inauguraient aucune société,
ni n’ouvraient aucun restaurant, ni n’achetaient
aucune maison, aucun terrain, sans avoir, au préalable,
réalisé ou fait réaliser une vraie étude Feng
Shui. Finalement, comme simple retour des choses,
la civilisation occidentale aura dû détériorer son
environnement pour prendre progressivement conscience
de l’impact de celui-ci sur sa qualité de vie,
voire sur sa survie…
L’étude Feng Shui
Quelques informations et solutions prises dans des
livres ne remplaceront pas une étude complète faite
par un conseiller Feng Shui. Le Feng Shui est un art
qui s’appuie sur différents concepts dont les plus
utilisés ou les plus connus sont les suivants :
– la circulation harmonieuse du Ch’i (l’énergie)
– l’équilibre entre le Yin et le Yang
– le cycle de production des 5 Éléments
(Bois=>Feu=>Terre=>Métal=>Eau)
– les 5 animaux mythiques : Tortue, Dragon, Phénix, Tigre, Serpent
– les 9 secteurs du Bagua : Carrière, Connaissance,
Ancêtres, Richesse, Renommée, Amour, Enfants,
Ceux qui aident, Santé
– les courants telluriques
– les orientations selon les points cardinaux
– La qualité de l’étude dépendra de la prise en
compte et de la synthèse de tous ces éléments, ainsi
que des solutions qui en découleront pour les mettre
en harmonie.
Il s’agira de dynamiser certains secteurs, de réaliser
des transformations, de remédier aux déséquilibres
constatés… L’implication de la personne habitant
les lieux est bien sûr essentielle dans leur mise en
oeuvre et leur efficacité.
Roselyne Steurer