Je ne veux plus m’abîmer
en retenant mes émotions !

Exprimer ses sentiments, plutôt que se condamner au silence, évite bien des désagréments. Les spécialistes savent que trop refouler les quatre émotions de base que sont la peur, la colère, la tristesse et la joie peut avoir des conséquences sur la santé globale d’un individu. Une bonne raison pour ne plus s’abîmer en les retenant…

> J’exprime ma peur

La peur n’a rien de honteux. Bien au contraire. Elle est même salutaire quand elle permet de réagir face à un danger réel. Supposez qu’un intrus entre chez vous, heureusement que le signal de la peur se déclenche ! Elle vous procurera suffisamment d’adrénaline pour prendre la décision adaptée à la circonstance : soit la fuite, soit le cri, soit l’affrontement. Oubliez les jugements parentaux ou éducatifs du type Tu es un poltron et autres qualificatifs de ce genre entendus dans l’enfance. Il se peut qu’une peur inconsciente se manifeste sous la forme d’une phobie. Là aussi, pas question d’en avoir honte. La nommer, c’est déjà lui enlever un peu de son emprise. D’autant que la phobie se traite par la parole en osant l’évoquer chez un psychothérapeute ou un psychanalyste.

> J’exprime ma colère

Rien n’est plus pernicieux qu’une colère constamment rentrée, autant sur le plan psychologique que physiologique. Exprimer ce sentiment constitue un excellent indicateur pour prévenir qu’une limite a été dépassée ou qu’une injustice a été commise. Cette attitude mobilise, par voie de conséquence, une énergie qui peut générer un changement salvateur. Les obstacles à l’expression d’une juste colère sont issus de fausses croyances dues à un perfectionnisme de mauvais aloi. Débarrassez-vous des a priori consistant à penser que la colère est un signe de faiblesse, que cette réaction est politiquement incorrecte ou encore qu’elle va engendrer un conflit ingérable, ce qui ramène à la peur évoquée précédemment. Sachez qu’une colère peut se manifester sans pour autant accuser quelqu’un en particulier, sauf si l’accusation est justifiée objectivement. Quoi qu’il en soit, une colère d’un moment vaut mieux qu’un ressentiment qui dure des jours, voire des semaines, et qui s’extériorisera sans exception par des comportements punitifs (mutisme, humeur maussade…) et des somatisations.

> J’exprime ma tristesse

Vous avez le droit de laisser échapper des larmes, même si vous êtes un homme, lors de la perte d’un être cher ou d’une déception amoureuse, d’une rupture. La tristesse doit être reconnue pour passer à une étape suivante. Il s’agit, là aussi, d’authenticité et, de fait, de ne pas faire comme si… La tristesse refoulée peut conduire à des angoisses, pouvant aller jusqu’à entraîner une dépression sévère. Jean-Marc s’était fait un point d’honneur à ne pas montrer sa peine lors du décès de son père. Un an après, victime d’un burn-out, c’est dans le cabinet d’un thérapeute qu’il évacue le trop plein de sa tristesse, libérant ainsi les pleurs qu’il ne s’était pas autorisés mais dont le contrôle l’avait littéralement épuisé au fil du temps.

> J’exprime ma joie

Bien que la joie soit une émotion positive, il arrive que des sujets aient du mal à la laisser émerger. Comme si c’était mal d’être heureux ! Ce qui est un comble. Pourtant, la joie est communicative. Elle vient de l’intérieur. Elle n’a rien à prouver et un simple rire suffit pour l’offrir à son entourage. Si cet état de bonheur fait des jaloux, vous n’y êtes pour rien…

En résumé

Vivre pleinement convoque des émotions qui ne soient pas tièdes. Aussi, cessez de ravaler ce qui fait votre unicité. À force de tout vouloir maîtriser et contrôler vos élans intérieurs spontanés, ils risquent de se manifester à votre insu sous des formes pernicieuses. Alors, laissez-les advenir naturellement et ne vous bridez plus inutilement ! Et ce d’autant plus que, comme le rappelle Corinne Lévêque, psychopraticienne, nos émotions attestent que nous existons…