Si nos états émotionnels peuvent paraître déroutants, en négatif comme en positif, ils sont le lot de tout être humain. De fait, autant en tirer parti pour évoluer. L’analyse transactionnelle, mise au point par Éric Berne, considère qu’il existe 4 émotions de base : la peur, la colère, la tristesse et la joie. Paradoxalement, chacune d’entre elles a pour but de maintenir l’intégrité de l’être…
> Je n’ai pas peur d’avoir peur
Il est question ici de réhabiliter une émotion qui nous est nécessaire puisqu’elle peut nous préserver d’un danger réel. Dans « Vivre ses émotions ou l’intelligence émotionnelle pour tous », publié aux Éditions Dauphin, Rachel Colas et Patrick Merlevede précisent qu’il est normal que chacun ressente de l’appréhension face à une nouveauté, une situation inconnue. Curieusement c’est la peur d’avoir peur qui invalide. Dans ce cas, la fuite est inappropriée car elle peut inciter à abandonner un objectif que nous voulions pourtant réaliser. Pour maîtriser cette peur irrationnelle de l’avenir, il faut agir. Les auteurs de « Vivre ses émotions » citent l’exemple d’Isabelle, appréhendant la reprise de son travail à la suite à d’un burn out (épuisement professionnel). Au lieu de se laisser envahir par la peur, Isabelle a posé des actes : elle a demandé de réunir l’équipe de travail pour expliquer sa maladie et la façon dont elle souhaitait travailler désormais. Elle a aussi demandé à la direction un plan d’action. La peur n’avait plus raison d’être et Isabelle est rentrée sereinement sur son lieu de travail…
> J’interroge la colère
Parce qu’elle est quelquefois associée à nos terreurs d’enfant, la colère a mauvaise presse. Pourtant, comme le précise l’ouvrage collectif « Transformez votre colère en énergie positive », aux Éditions Eyrolles, dans la gamme des émotions, la colère est avant tout une source d’énergie pour se lancer dans l’action et faire changer les choses. Même le plus doux des hommes, Jésus-Christ, l’a exprimée devant les marchands du temple. À condition qu’elle ne soit pas un moyen d’expression récurrent, la colère agit comme un signal d’alarme qui indique que quelque chose doit évoluer dans le bon sens. Elle est tout à fait légitime et nécessaire pour garantir le respect de soi-même. Désormais, chaque fois que vous sentirez cette impulsion à hurler de rage, ne la refoulez plus mais interrogez-la. La question à lui poser pourrait être celle-ci : Que dois-je mettre en place pour être mieux respecté ? Parfois, lorsque cette émotion explose de façon incontrôlée, elle est le signe qu’en amont, il existe un dysfonctionnement et qu’un seuil de tolérance à la frustration a été dépassé. Parfois aussi, nous nous trompons d’interlocuteur. Le philosophe Aristote écrivait : Tout le monde peut se mettre en colère, c’est facile. Mais de se mettre en colère avec la bonne personne, au bon degré, au bon moment, pour la bonne cause, de la bonne manière, ça, ce n’est pas facile… Autant dire que la colère est conseillère car elle pousse toujours autrui ou soi-même à l’interrogation.
> Je fais de ma tristesse un tremplin
La tristesse est une émotion que l’on associe à la perte d’un être ou d’un objet. Pourtant, cette souffrance est l’occasion de réaliser que nous n’avons paradoxalement rien perdu. Nous souffrons plus du manque provoqué par l’absence que de la perte elle-même. La tristesse est ce passage obligé qui nous fait prendre conscience de nos limites en tant qu’être humain. En effet, fondamentalement, rien ne nous appartient ici-bas, si ce n’est nous-même. Dans tout processus de deuil, l’accent est mis sur la nécessité de continuer à exister malgré tout. La tristesse peut devenir ainsi un formidable tremplin vers l’acceptation et le lâcher-prise. Elle est un passage obligé dans toute existence mais certainement pas un terminus. Au-delà se trouve la Sagesse. Nombre d’accompagnants de malades atteints de maladies graves témoignent que des rémissions, voire des guérisons, se produisent à l’issue de cette période. Fort de cette certitude, lorsque vous vous sentez triste, sachez qu’un travail salvateur s’effectue en vous. Il vous est demandé d’accepter certaines limites matérielles, sachant que l’esprit, lui, va bien au-delà.
> Je cultive la joie
Si pour l’analyse transactionnelle, la peur est liée au futur, la colère au présent et la tristesse au passé, la joie englobe les trois espaces/temps. Cette émotion constitue le propre de l’Homme. Elle donne envie de découvrir, d’expérimenter. Elle ouvre sur le partage. Autant dire que chaque fois qu’elle se manifeste, il n’est pas question de la banaliser. Au contraire, il est très important de la cultiver au maximum en développant un sentiment de gratitude. Remerciez la vie, même si vous n’êtes pas croyant, pour chaque cadeau qu’elle vous a offert, vous offre et vous offrira encore. Cette simple attitude possède le pouvoir, par la loi d’Attraction, d’augmenter les fréquences positives sur votre chemin. Une promenade, un coucher de soleil, se transformeront en moments exceptionnels, indicibles, pour peu que vous vous placiez dans cet état de réceptivité confiante. La joie est une émotion qui génère la foi, celle qui transporte les montagnes. Certes, elle ne se manifeste pas toujours au moment où vous le désirez mais sachez qu’elle attend au plus profond de vous que vous choisissiez d’être bien-heureux plutôt que mal-heureux. Imprégnez-vous de ce proverbe sanskrit qui affirme : De la joie pure jaillit toute création, par la joie elle est soutenue, vers la joie elle se dirige et à la joie elle retourne…
En résumé
De la peur à la joie, il n’y a donc que quelques pas. À vous maintenant d’expérimenter au quotidien la véracité des lignes qui précèdent. Nul doute que vous aborderez vos émotions autrement. Et pour vous donner une impulsion supplémentaire, rappelez-vous que le terme « émotion » vient du latin « motio » signifiant « action de se mouvoir, mouvement ». Alors en avant ! Ou, comme le disait en arabe Sœur Emmanuelle, une spécialiste de la joie : « Yalla ! ».
