Réussir un examen, même si notre narcissisme s’en porte bien, n’est pas le sésame. La réussite peut même répondre parfois au désir de quelqu’un d’autre ! Et de ce fait, plus à un besoin d’être aimé qu’à un réel objectif de vie…
Être bardé de diplômes n’est aucunement l’assurance de trouver sa place dans la vie. Pas plus professionnellement qu’affectivement. La réussite devrait se poser en terme de réalisation et non en terme d’acquisition de savoirs. Le psychanalyste Jacques Lacan, avec son concept de sujet-supposé-savoir, relativise l’aura de l’Homme savant, lui préférant celui qui s’autorise de lui-même...
Une bonne attitude
Cécilia, enseignante, ressort déprimée et amère d’un examen interne auquel elle a échoué :
Vu mon investissement, je pensais que ma validation allait être une formalité. J’ai beaucoup travaillé en amont pour avoir ce diplôme. On m’a dit que je n’étais pas prête et que ma prestation n’était pas parfaite. En fait, je me rends compte qu’outre l’échec, c’est la non-reconnaissance de mon travail qui me fait mal. C’est comme lorsque mon père niait ce que je faisais. Il s’agit plus d’un échec affectif que professionnel. J’ai assimilé le jury à une instance paternelle et j’ai rejoué à mon insu le scénario… Il est évident que même si elle avait réussi, Cécilia n’aurait pas pu trouver sa place, son inconscient étant fixé à une demande affective liée au père. Son échec et sa colère sont peut-être sa chance pour changer de voie. À l’inverse, Ghislaine a quitté le lycée en seconde et entre en apprentissage de vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter. Elle travaille d’arrache-pied et ne compte pas ses heures. Avoir un diplôme ne l’intéresse pas. Ce qu’elle désire, c’est avoir suffisamment d’autonomie pour prendre un appartement et ne plus dépendre de ses parents. La patronne remarque ses qualités de contact avec les clients et se rend compte que son chiffre d’affaires augmente depuis que sa jeune apprentie est dans le magasin. De plus, Ghislaine ne se contente pas de faire seulement ce qu’on lui demande mais apporte des idées qui, après réflexion et application, s’avèrent judicieuses. Après deux ans d’apprentissage, Ghislaine se voit proposer par sa direction une part dans la société que celle-ci est en train de monter dans une autre ville. Elle aura en outre la responsabilité de ce nouveau magasin, ainsi que la jouissance de l’appartement situé juste au-dessus. Aujourd’hui, la jeune employée est en passe de réaliser, sans diplôme ronflant, son désir d’autonomie.
Croire en soi
Plutôt que d’attendre la reconnaissance d’autrui, s’avère plus efficace de faire confiance aux ressources qui sont en nous. Les conseilleurs n’étant pas les payeurs. Il est certes intéressant de prendre en compte les suggestions de l’entourage mais il est bon aussi que les parents intègrent qu’il vaut mieux un enfant heureux sans diplôme qu’un adolescent sans envie, se conformant aux choses plus pour faire plaisir que par vocation. Vouloir à tout prix satisfaire l’entourage peut nous barrer de ce pour quoi nous sommes faits.
Aller au bout de ses rêves comme dit la chanson est davantage porteur d’équilibre. Nous n’avons pas à nous identifier au désir des autres. Mais encore faut-il posséder suffisamment de foi en soi pour mettre en place les passages à l’acte en adéquation avec notre projet. Réussir sans diplôme et sans qualification est possible à condition de savoir ce que l’on veut et d’y consacrer le temps nécessaire.
Le tout et tout de suite ne fait jamais bon ménage avec de solides fondations.
Marc Herriot
La motivation, un atout majeur
Bien des métiers relatifs au commerce ne demandent pas de qualifications spéciales, sinon du cœur à l’ouvrage, du bon sens et des qualités relationnelles. Ainsi, bon nombre de chefs d’entreprise avouent ne détenir aucun diplôme, même s’ils disent ne jamais rechigner à la tâche. Dans un autre domaine, Max Gallo, historien célèbre, est un exemple édifiant. Il débuta avec un CAP d’ajusteur. Sa passion pour l’Histoire, alliée à une détermination sans faille, lui ont permis d’être reconnu. L’écrivain, aujourd’hui septuagénaire, temps de la retraite pour beaucoup d’universitaires, se lève chaque matin avant 4 heures, pour se livrer à la rigueur qu’il s’est imposé lui-même : écrire encore et encore ! Ne pas posséder de diplôme au début d’un cursus de vie peut ainsi devenir moteur. Il va falloir certes mettre les bouchées doubles mais nous ne devrons alors nos résultats qu’à notre travail. Le vieil Ésope, repris par La Fontaine, savait déjà cela, lui qui conseillait : Travaillez, prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le moins. Il y a toujours un trésor à découvrir pour peu qu’on veuille bien retrousser les manches…
