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La parapsychologie
dans Signes & sens
Avec cette interrogation cruciale si ce n’est essentielle, qui ne s’est pas demandé à un moment de son existence : « À quoi bon tout cela ? Pourquoi toutes ces difficultés ? »… Lorsque les réponses ne viennent pas de manière évidente, faire le point en s’arrêtant un peu pour réfléchir permet de reprendre sa marche avec plus de conscience et de confiance en sa destinée.
Il est une carte du Tarot de Marseille appelée « L’amoureux » sur laquelle est représenté un personnage, le bateleur, à la croisée de deux chemins. Il a le choix de la direction. Donner du sens à sa vie, selon ce symbolisme à appréhender comme une métaphore, revient à être actant de son destin et à ne jamais baisser les bras sans véritablement savoir jusqu’où il nous mènera. Il s’agit de trouver la bonne voie. Une question de libre arbitre mais aussi de transformation du regard…
Non au fatalisme !
Comme le bateleur, bien qu’assujetti à un parcours existentiel, il est impossible de faire marche arrière. Il nous faut avancer quelles que soient les circonstances, aussi douloureuses soient-elles. Le psychiatre Victor Frankl, rescapé des camps de la mort, tout comme le psychanalyste Bruno Bettelheim, écrit dans son ouvrage « Trouver un sens à sa vie » : Parfois, la situation dans laquelle une personne se trouve exige qu’elle ait recours à l’action pour façonner son propre destin. Pour illustrer ce refus du fatalisme, l’auteur donne l’exemple de ce prisonnier qui, n’attendant plus rien, avait décidé de se suicider. Frankl réussit à le convaincre du contraire. Cet homme était un savant et n’avait pas achevé ses travaux. L’Univers attendait bel et bien la démonstration de son don. Cette prise de conscience lui donna l’énergie d’accepter les épreuves de son quotidien et de vivre. La capacité à s’émerveiller est également un atout pour traverser les situations les plus terribles : Si, lors de notre voyage d’Auschwitz à un camp bavarois, raconte encore Frankl, quelqu’un avait pu voir l’expression de nos visages à travers les barreaux de la fenêtre du wagon lorsque nous contemplions les montagnes et leurs cimes rayonnantes dans le coucher du soleil, il n’aurait jamais cru que les hommes qu’il voyait avaient perdu tout espoir de survivre et de retrouver leur liberté… Ces cas extrêmes témoignent de la potentialité que possède l’âme humaine à sublimer l’insupportable.
La transformation
Donner du sens là où semble régner le non-sens consiste à porter un regard différent sur les événements. Les souffrances, explique Victor Frankl, ne peuvent être gommées mais on peut les transformer. Pour étayer son point de vue, il livre l’histoire d’un de ses patients qui se désespérait du décès de sa femme. Il sortit de sa mélancolie et de sa culpabilité lorsqu’il réalisa qu’en survivant à son épouse, il lui avait évité un grand chagrin. Il témoigne aussi de l’immense joie de cette mère d’enfant handicapé, contrainte de renoncer à un brillant avenir professionnel, mais choisissant en conscience l’amour, une valeur altruiste que personne ne pourra jamais lui enlever. Elle se consacra à donner du sens à la courte vie de son fils plutôt que de répondre aux sirènes du pouvoir, de la richesse et du plaisir. On retrouve d’ailleurs là le principe même du choix de « L’amoureux » : une voie facile mais éphémère ou un passage plus austère mais riche de compréhensions.
Kevin Gilet
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