Marco Polo dans « Le livre des merveilles du monde », écrit au XIVème siècle, évoque déjà le terme « jomancie ». Il désigne ici ce que des missionnaires chrétiens parcourant la Chine nommeront plus tard « géomancie », l’assimilant au Feng-Shui. C’est dire si cet art s’ancre dans une tradition très ancienne.
La géomancie est une méthode divinatoire extrêmement précise, basée sur une série de figures dont la combinaison par tirage forme un graphe, le thème géomantique, que le spécialiste interprète.
Le principe
Il est demandé au consultant de tracer sur une feuille de papier vierge quatre lignes de points ou de traits, le tout quatre fois. Ensuite, selon un système binaire, les points vont se transformer en figures : nombre pair, 2 ronds, nombre impair, 1 rond. Il y a en tout 16 possibilités de figures parmi lesquelles vont se dégager 4 figures mères qui donnent une première indication quant à la question posée.
16 figures possibles et leur interprétation
Il est évident qu’une figure s’interprète par rapport aux quatre autres et demande de la part du spécialiste une solide connaissance et un sens intuitif développé. Ainsi donnerons-nous ici simplement des mots-clés inducteurs afférents à chacune d’elle :
- La voie (via) : elle indique un chemin de vie, une direction à prendre et est à mettre en lien avec les trois autres figures du tirage.
- La queue du dragon (cauda draconis) : elle insiste sur les énergies pragmatiques de la terre. Elle peut prévenir aussi qu’il ne faut pas en rester à un point de vue purement matériel.
- Le jeune garçon (puer) : elle représente la spontanéité, l’impulsion soudaine.
- La fortune mineure (fortuna minor) : les petites réussites sont là pour que le consultant avance.
- La jeune fille (puella) : cette figure ramène au plaisir.
- La perte (amissio) : comme son nom l’induit, elle prévient d’une possible baisse d’énergie.
- La prison (carcer) : selon la configuration générale, elle révèle la maîtrise ou, au contraire, l’existence d’un blocage.
- La joie (laetitia) : la générosité est là. Cette figure parle d’elle-même…
- La tête du dragon (caput draconis) : elle conseille la prudence, la réussite passant ici par la réflexion.
- La conjonction (conjuctio) : une rencontre très positive de l’ordre d’une chance est à envisager.
- Le gain (acquisitio) : une excellente nouvelle est annoncée.
- Le rouge (rubeus) : la passion est au rendez-vous mais avec une notion restrictive d’ambivalence selon le tirage général.
- La fortune majeure (fortuna major) : cette figure de très bon augure atteste que chance et protection sont avec le consultant.
- Le blanc (albus) : comme la couleur, cette figure symbolise la pureté. On peut l’associer au mariage mais aussi à un certain détachement…
- La tristesse (tristitia) : elle souligne un moment de découragement possible.
- Le peuple (populus) : correspondant au rassemblement de la foule, cette image symbolise une sorte d’intégrité harmonieuse des composantes de la personnalité.
Ces figures se répartissent selon 12 maisons, un peu à la manière des maisons astrologiques. Si un tirage simple peut répondre à une question et permet de poser des actes justes, le thème géomantique dressé par un spécialiste de cette méthode – toute en subtilité – donne des indications précises sur le chemin de vie du consultant, évitant les écueils et ouvrant des opportunités jusque-là insoupçonnées.
Serge Herriot
