Les arts divinatoires rassemblent de nombreuses disciplines parmi lesquelles la cristallomancie qui occupe une place de choix. Substantif formé à partir de l’association des termes grecs « krystallos » signifiant « glace » et « mantéia » qui veut dire « divination », la définition du mot « cristallomancie » que donne le Larousse encyclopédique renvoie à une pratique consistant à interpréter « des images qu’un sujet voit se former sur des miroirs ou une autre surface polie ».
Traditionnellement, lorsqu’est évoquée la cristallomancie, on pense d’emblée à la fameuse boule de cristal, popularisée par la tradition tzigane. Pourtant, cette sphère n’a pas toujours été le seul support de ce type de voyance mais semble être l’héritière d’un savoir beaucoup plus ancien…
Des origines lointaines
Antérieure à la cristallomancie actuelle, la catoptromancie (divination par les miroirs) était déjà pratiquée par les prêtres initiés de l’Antique Perse. Il s’agissait de plonger un miroir dans la fontaine du temple pour que des informations concernant le futur soient transmises. Selon le « Dictionnaire des arts divinatoires » de Thomas Decker, le mathématicien et philosophe grec Pythagore utilisait aussi un miroir magique avec lequel il lisait l’avenir selon la méthode des magiciens de Thessalie, consistant à observer les reflets des rayons lunaires sur cette surface réfléchissante. Dans la tradition hébraïque, les devins se concentraient sur les pierres précieuses. Parmi elles, le cristal de roche fut progressivement adopté par la plupart des cristallomanciens.
La boule de cristal de roche
Le cristal de roche, possédant la particularité d’être incolore, sembla tout à fait approprié pour élaborer le support divinatoire que les Tziganes répandirent à travers le monde. Ces grands voyageurs ont sans doute eu connaissance de l’importance que leur accordait le chamanisme amérindien. Pour cette tradition millénaire, le cristal de roche constitue encore aujourd’hui la pierre sacrée de sagesse et de clairvoyance. Le « Dictionnaire de la lithothérapie », de Reynald George Boschiero, précise même qu’
elle facilite la transe et permet à l’esprit de voler, de voir l’invisible, et qu’elle éveille la conscience. Par ailleurs, le cristal de roche symbolise parfaitement l’union des contraires entre la matière solide et la transparence immatérielle, ce qui en fait le support idéal de la cristallomancie.
Manifestation de l’inconscient et télépathie
Un spécialiste averti en cristallomancie utilise la méthode des
crystal-readers britanniques, très répandue depuis le XVIIIème siècle. Elle demande à se placer dans un état modifié de conscience afin de se connecter avec l’inconscient du consultant. Un processus télépathique se met alors en place pendant que le cristallomancien se concentre sur la boule de cristal. Il voit se manifester alors des images en lien avec le passé, le présent et l’avenir de son interlocuteur. Selon Miss Freer, célèbre cristallomancienne de la fin du XIXème siècle,
les visions, généralement brumeuses et floues, représentent soit des souvenirs remontés du subconscient, soit des intuitions provoquées par des facultés télépathiques.
Des réponses évolutives
Au dire des nombreux témoins, une séance de cristallomancie, pratiquée par un spécialiste compétent, apporte toujours des réponses évolutives. Il ne s’agit en aucune manière, selon eux, d’une simple divination magique sans intérêt mais d’une réelle rencontre humaine. L’authentique spécialiste ne se prend jamais pour un être surnaturel qui possèderait un pouvoir quelconque. Il met simplement et humblement son don au service de celle ou celui qu’il accueille, générant, de fait, une légitime confiance en cette pratique efficace.
Cécile Didot