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En toute chose existent ce qui est manifeste et ce qui est dans l’ombre, les informations publiques et celles qui restent cachées. La politique, comme la religion, n’échappe pas à cette notion d’exotérisme (extériorité) et d’ésotérisme (intériorité)…
Il est intéressant de remarquer que toutes les idéologies totalitaires se sont opposées, au cours de l’Histoire, à la Franc-maçonnerie, que ces courants de pensée se situent à l’extrême droite du paysage politique ou à l’extrême gauche. Or, les loges maçonniques fonctionnent selon le principe de l’initiation et font une large part aux symboles et à leurs significations ésotéristes. Par ailleurs, elles prônent l’action dans le monde. Serait-ce à dire qu’elles détiendraient quelques secrets ?
Franc-maçonnerie et politique
Le politique et évêque Charles-Maurice de Talleyrand reconnaissait publiquement qu’il était franc-maçon, membre de la loge parisienne « Les Francs Chevaliers ». Il en fut de même pour Jérôme Bonaparte, frère de l’empereur et roi de Westphalie, initié à la loge toulousaine « La Paix ». Idem pour Sadi Carnot, président de la troisième République de 1887 à 1894. Quant à Winston Churchill, il fut initié, en 1901, dans la « United Studholme Lodge ». La liste est longue de ces hommes politiques qui éprouvent le besoin d’une réflexion ésotérique quant à leur engagement dans les affaires de l’État. Actuellement encore, on peut affirmer que 10 % des parlementaires fréquentent régulièrement une loge secrète…
Vers un respect total de l’alter ego
La difficulté pour l’initié « politicien professionnel » de concilier les exigences de son parti avec les vertus maçonniques de liberté et d’individuation, au sens jungien du terme, reste de taille. En effet, comme le souligne Gilbert Garibal, auteur de « Devenir Franc-Maçon », aux Éditions De Vecchi, un coup d’œil sur l’histoire de France nous indique que les francs-maçons sont des individualistes convaincus. Bien que le déclenchement de la Révolution de 1789 leur ait été attribué à tort, on a pu constater qu’ils étaient alors répartis en royalistes et républicains… Cette information laisse sous-entendre qu’un ésotérisme bien compris est capable de dépasser les clivages politiques. Formidable concept dans lequel l’affirmation de soi se ferait dans le respect total de l’alter ego. Ainsi, le politique (du grec « politikos » signifiant « ce qui a trait à la cité ») aurait tout à y gagner. Gilbert Garibal poursuit : Ils furent ensuite « versaillais » ou « communards » et, plus près de nous, partisans de l’Algérie française ou de l’Indépendance. Ne les retrouve-t-on d’ailleurs pas aujourd’hui sur tout le nuancier politique, sauf aux extrêmes ? Toutefois, le problème auquel se trouve confrontée la Franc-maçonnerie encore de nos jours relève de toute organisation humaine, exotérique ou ésotérique, dès lors qu’elle s’institutionnalise. Elle possède ses propres failles internes et peut se laisser courtiser, hystérie de séduction oblige, par une politique politicienne. À moins, comme le souligne encore Gilbert Garibal, et ce n’est tout de même pas impossible, de décider de parler vrai aux citoyens…
François Farjon
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