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Qui n’a pas été impressionné par ce film sorti dans les salles il y a quelques années dont le titre « L’exorciste » se suffit à lui-même ? Les images d’une petite fille, se transformant en être satanique luttant avec un jeune prêtre, ont d’ailleurs à l’époque choqué plus d’un spectateur. C’est dire comment l’inconscient collectif est fortement imprégné par la question du bien et du mal…
Il existe en France un prêtre exorciste par diocèse, soit près de 120 officiants exerçant un rituel spécifique approuvé par le pape Jean-Paul II en 1999.
Discernement
Le « Catéchisme de l’Église catholique » précise prudemment qu’en la matière, il convient de distinguer les troubles psychiques des véritables possessions démoniaques. Selon l’instance religieuse, le fait de parler des langues non connues par la victime est un des critères attestant un envoûtement. D’autres critères consistent en une évocation blasphématoire envers la figure du Christ et de la Vierge Marie, la révélation de choses cachées ou futures, l’utilisation d’une force qui dépasse les capacités humaines. On parle aussi dans les possessions de cas où le sujet montre des phénomènes d’apesanteur. En Inde, certains yogis seraient également détenteurs de tels pouvoirs… Difficile donc de discerner à quel moment un exorcisme est préconisé. En outre, c’est souvent de manière informelle, d’un prêtre à un autre, que se fait la transmission du ministère d’exorciste. Par ailleurs, des formations sont prévues avec des spécialistes de la psyché de manière à affiner les diagnostics.
Une complémentarité efficace
Paradoxalement et loin de tout phénomène spectaculaire, la prière chrétienne du « Notre Père » contient une demande d’exorcisme : Ne nous soumets pas à la tentation et délivre-nous du mal… Ainsi tout croyant est-il potentiellement en proie avec les forces du mauvais luttant contre le bien. Le docteur Philippe Wallon, psychiatre, témoigne dans le livre du médium Reynald Roussel, « Ce que les morts nous disent », aux Presses du Châtelet, de l’importance de travailler de concert avec les instances religieuses. Il y fait le récit d’une femme d’une quarantaine d’années, tourmentée par des visions démoniaques liées à un non-dit quant à un père ayant été acquitté, faute de preuves, de l’assassinat d’un enfant. Le Diable ne serait-il pas, interprète le psychiatre, une représentation fournie par l’inconscient et ayant trait au personnage du père ?... Je traitai alors ce cas sur un mode psychanalytique et parvins à évacuer l’histoire du secret, la patiente commençant à se renseigner sur les faits concernant son père. Tout au long du traitement, le docteur Wallon resta en lien avec l’ordre religieux qui ne pratiqua qu’un exorcisme sur les deux qui étaient prévus, la patiente ayant retrouvé une vie normale.
Cédric Monnier
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