Pourquoi peut-on
être fan de voyance ?

Vous êtes plutôt pragmatique. Et pourtant vous ne cachez pas la confiance indéfectible que vous avez en la voyance. Vos témoignages sont d’ailleurs convaincants. Probants, ils attestent que vous croyez dur comme fer à cet outil de connaissance de soi singulier. Serait-il là le secret de la boule de cristal et de ses effets magiques sur une population pourtant rigoureuse ?

Il est surprenant d’entendre les adeptes de la voyance expliquer que c’est leur façon à eux de regarder la vie sans faux-fuyants. Marlène, médecin homéopathe, est l’exemple type du sérieux qu’elle apporte aux prédictions d’Emma, sa voyante depuis maintenant près de dix ans : J’aurais plein de belles histoires à vous raconter sur la fiabilité de ce métier si méconnu. Mais j’ai tout de même envie de vous relater une séance précise au cours de laquelle Emma, devenue une amie aujourd’hui, m’a complètement déstabilisée… pour mon plus grand bien ! Je savais à l’époque que mon mari me trompait avec une infirmière dans le service qu’il dirigeait en tant que gastro-entérologue. Non seulement on me l’avait assuré mais je l’avais vérifié de mes propres yeux ! Emma me dit alors que cette liaison n’en était pas une, que dans le meilleur des cas ces deux-là avaient pu passer une nuit ou deux ensemble mais que leur sexualité dysfonctionnait complètement. Elle me parla même d’impuissance… Connaissant le « tempérament » de mon mari, je me levai pour partir. D’un ton péremptoire, elle m’obligea à me rasseoir et à rassembler mes esprits. Et d’ajouter que mon mari était intéressé sentimentalement par le propre époux de l’infirmière ! Je partis très en colère… Et pourtant, un an après, mon conjoint demandait le divorce et m’avouait son homosexualité interdite jusqu’ici : il vit effectivement maintenant avec cet homme… Ce que je peux affirmer, c’est que sans cette interprétation pertinente et anticipatoire, je n’aurais jamais pu supporter psychologiquement cette situation…

Un véritable outil de communication

La révélation d’évènements à venir conduit à l’acceptation. Il se passe souvent un temps de latence précieux entre la prédiction et le moment où se réalise cette prédiction. Même si Caroline, voyante depuis plus de quinze ans, rappelle la difficulté qu’ont certains de ses consultants à supporter cette notion d’attente : Il est délicat d’expliquer l’utilité du mûrissement d’une prédiction. Les personnes qui nous consultent attendent un changement libérateur rapide parce qu’elles souffrent beaucoup… Effectivement, la tolérance face à la différence que nous donne à voir l’entourage ne s’acquiert pas d’un claquement de doigts. Petit à petit, le consultant apprend à ressentir la sensibilité d’un partenaire et développe une adaptabilité qui permettra à chacun d’intégrer sa vraie place. En bonne intelligence de surcroît. Toute crise, aussi difficile soit-elle, demande à être apprivoisée. C’est aussi le rôle des voyants.

Voyant rime (souvent) avec talent
Dans son ouvrage « La thérapie archétypale, pour vivre mieux, pour vivre bien », paru aux éditions Robert Jauze, Bernard Chaumeil, analyste énergéticien, livre une phrase essentielle : Un jour, dit-il, je me suis rendu compte avec émerveillement que les pensées pouvaient devenir idées lorsqu’on les travaillait. Avec le temps, la réflexion et l’attention, on pouvait donner vie à cette forme de pensée. Elle se structure progressivementà coup d’arguments, d’expériences, de convictions, de clarifications et d’enseignements… Outre les religions qui transmettent ce genre de messages, on retrouve ici toute la part de la psychanalyse bien sûr. Autrement dit, à l’instar de ces deux registres, un voyant a du talent. On peut d’ailleurs parler de don. Mais il s’agit-là du don de la transmission qui s’étaye sur le talent de clairvoyance et d’empathie. C’est-à-dire qu’il s’agit de sujets qui ont la capacité de s’oublier face à leurs consultants. Ils bénéficient d’une belle humilité car, à l’inverse, l’orgueil aveugle et génère des projections. Un voyant ne confond pas son histoire avec celle des personnes qui le consultent. Dès l’instant où celles-ci sentent cette spécificité incontournable, elles sont en confiance. De fait, ne se mettant pas en résistance, une énergie circule de l’un à l’autre. Cette émotion qui jaillit du consultant viendra se cristalliser sur l’imaginaire du professionnel qui verra alors clair dans les pensées de son client. La boule de cristal n’est que le support sphérique nécessaire à la libération des émotions contenues, celles qui empêchent de voir l’avenir. Une voyante, un voyant sont des médiations. Tout comme le psychanalyste devient une médiation (le miroir) pour que la parole véhiculée soit interprétée avec compétence. Ceci grâce à l’émergence des désirs refoulés jusque-là par l’analysant. Et comme le précise Bernard Chaumeil, nous pouvons attendre d’un thérapeute en thérapie archétypale qu’il nous aide à éclaircir ce qui est confus. L’objectif étant d’arriver à être face à son histoire et non d’être le dos tourné à son vécu. C’est ce que font aussi, avec beaucoup de subtilité, les voyants. En fait, ils nous invitent à devenir voyants de notre existence. Du même coup, se mettent en place des protections. Les nôtres. C’est ainsi que la voyance, c’est pour nous. Car, qui peut en douter puisqu’elle a traversé les siècles ? Mais à condition de l’accueillir et de la respecter comme une alchimie salvatrice.

Chantal Calatayud