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La main de Fatima est un talisman censé
écarter le mauvais oeil. Porté par les femmes
originaires du Moyen-Orient et du
Maghreb, il fait référence à la fille du
prophète Mahomet.
Toutefois, ce symbole aussi appelé kahmsa (cinq en arabe) semble bien antérieur à
l’Islam.
Il s’agirait plutôt d’une adaptation
culturelle, plus qu’un réel signe religieux.
D’ailleurs, le Coran ne semble pas y faire allusion.
On retrouve l’équivalent dans la tradition juive sous
la dénomination de «main de Myriam». Selon certaines
fouilles archéologiques, le talisman renverrait
même à Tanit, une déesse protectrice vénérée pendant
des siècles par les Carthaginois. Une main symbolique
Le kahmsa est représenté sous la forme d’une main
droite levée et de face (paume en avant). Certaines
donnent l’impression de posséder deux pouces
comme s’il y avait superposition des deux mains.
Dans l’Islam, la main est la seule représentation
humaine tolérée, surtout au Maroc. Certains musulmans
n’y voient que le fruit d’une superstition.
Pourtant, la croyance en une fonction protectrice
contre le mauvais sort date de la nuit des temps et
ne semble pas près de disparaître, témoin la recrudescence
de son utilisation en tant que pendentif
dans nos pays occidentaux. L’engouement pour le
kahmsa découle certainement du fait que la main
renvoie à une symbolique universelle propre à toutes
les cultures humaines. Elle est emblème de puissance,
de protection, d’offrande, de bénédiction.
Symbole du don, elle est vecteur d’humanité. Ne
serait-ce parce qu’elle est à l’origine du langage
écrit. Avec la main, la pensée prend corps. Le mot
manifestation n’a-t-il pas la même racine ? Est en
effet manifesté ce qui peut être tendu ou saisi par la
main.
Une main de femme
Contrairement au poing fermé, une main ouverte
comme le khamsa n’évoque pas l’agressivité.
D’autant qu’il s’agit d’une main féminine. Elle
semble seulement dire « stop ! », comme pour montrer
que certaines choses doivent rester à distance.
On ne peut s’empêcher de penser à Fatima, petite contrée portugaise qui a fait couler beaucoup d’encre,
opposant rationalistes et croyants à propos d’apparitions
miraculeuses, hallucinatoires ou naturelles. Le
secret n’est de toute manière pas entièrement dévoilé.
À chacun d’en tirer les conclusions qu’il veut.
Coïncidence fortuite entre Marie, la mère de Jésus et
Fatima la femme d’Ali ! Peut-être ! Mais que ce soit
la main de Fatima ou la main de Marie, il s’agit toujours
d’une main de femme. Et si nous retenions au
moins l’idée que celle-ci restera, quoi qu’il en soit,
l’avenir de l’Homme, comme le chante le poète
incroyant. Alors ! La main de Fatima : une vraie maxi
protection ?
Louisa Trid
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