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La parapsychologie
dans Signes & sens
La science, la religion,
la philosophie,
l’art nous donnent leur avis
sur le paranormal |
Au moment de la révolution scientifique et industrielle, Victor Hugo s’intéressait aux phénomènes paranormaux. Il eut cette formule : «Si la science ne veut pas de ces faits, l’ignorance les prendra…». Il ne suffit donc pas de nier quelque chose pour affirmer qu’il s’agit de balivernes.
Longtemps relégué dans le domaine de la superstition, voire de la supercherie, le paranormal tend à attirer l’attention de certains scientifiques au point de lui consacrer des recherches. Ainsi, l’ex astronaute Edgard Mittchell a fondé aux États-Unis l’Institute of Noetic Sciences. Celui-ci finance notamment des travaux sur les effets de la prière, afin de cerner la relation entre l’esprit et la matière. On a coutume d’appeler parapsychologie cette forme d’investigation scientifique. La France, héritière d’un cartésianisme pas toujours bien intégré, inspire à Mario Varvoglis, Président de l’I.M.I. (Institut Métapsychique International), cette formulation : La parapsychologie est rejetée pour sa parenté avec le surnaturel, donc avec la foi. C’est absurde car la parapsychologie scientifique cherche précisément à sortir du miraculeux, au sens où celui-ci ne serait pas surnaturel mais simplement humain… Il s’agit en fait, ajoute-t-il, d’une approche rationnelle plutôt que rationaliste. Il est même jusqu’au docteur Philippe Wallon*, psychiatre, qui affirme que le paranormal, héritier selon lui de la sorcellerie, présente des aspects singulièrement novateurs et porteurs d’ouvertures scientifiques, même au niveau des théories fondamentales.
Du côté de la religion
Il n’est qu’à voir la réticence de l’Église catholique quant à l’officialisation d’un miracle à Lourdes pour saisir toute la prudence que ses dirigeants accordent aux phénomènes dits
paranormaux. Pourtant les faits existent. Le corps de Bernadette Soubeyrous, exposée dans sa chasse à Nevers, dans un état de conservation défiant les lois connues actuellement
de la biologie, en atteste. Idem pour celui de Sainte Rita, morte depuis le 22 mai 1457. Pourtant, Rita fut religieuse après avoir été femme, puis mère, ce qui était contraire à la
norme religieuse. Bien d’autre phénomènes « surnaturels » interrogent les instances ecclésiales qui restent cependant très prudentes quant à l’authentification de ce qu’elles nomment
un miracle.
Du côté de la philosophie
« Je doute donc je suis », cette maxime du philosophe René Descartes invite jusqu’à douter de nos doutes. L’amour de la sagesse veut qu’on ne nous fasse prendre des vessies pour des lanternes. Platon déjà, dans son mythe de la caverne, nous prévenait du risque de l’illusion. Encore faut-il s’entendre sur ce qu’est réellement l’illusion. Les textes philosophiques hindouistes la nomment Maya. Pour cette philosophie, l’illusion est générée par nos sens. Ce qui implicite que tout ce que nous percevons est irréel. Et si le paranormal était tout simplement la preuve par l’absurde qu’il n’y a rien à prouver ?
Du côté de l’art
Selon l’artiste contemporain Fred Forest, une nouvelle culture est en train d’émerger… Un art intrinsèquement cognitif, conçu et mis en oeuvre au-delà de ce qui se donne à voir… Des
oeuvres qui utilisent les champs magnétiques, les radiations naturelles et artificielles, les ondes terrestres et cosmiques, les nanotechnologies, les images mentales, les recherches relevant
directement des sciences de la cognition, voire tout ce qui a trait au paranormal. De son côté, le poète et chanteur Gérard Yung écrit dans la préface de son ouvrage « L’art de pisser dans un violon » : L’art est un acte de « sur-vie » en ce sens qu’il se place au-dessus de la vie normale. Au-dessus des
actes normaux, il existe des actes de « sur-vie » ; ce sont des gestes qui dépassent d’une certaine façon les réalités de vie et de mort. Les actes de « sur-vie » sont des actes naturels, tandis
que les actes normaux sont des actes conditionnés…
Ainsi, la question posée par ces différents regards, à laquelle chacun peut apporter sa propre réponse, est donc de savoir si le surnaturel fait partie de la nature de l’Homme ou si, inversement,
la nature de l’Homme est incluse dans un système qui la dépasse. Quelle que soit la réponse, il y aura toujours quelque chose qui cloche. Comme pour nous rappeler que l’humilité en la matière est le premier réflexe que nous devrions systématiquement avoir et garder à l’esprit…
Gilbert Chazot
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