La philosophie compte en la personne d’Henri-Louis Bergson un défenseur convaincu de ce qu’il nomme « l’élan vital ». Un psychanalyste parlerait de « pulsion de vie » pour exprimer un concept s’en rapprochant. Opposé à une représentation matérialiste et mécanique du vivant, Bergson exprime l’idée qu’il n’y a pas de déterminisme. En somme l’esprit, pour ce philosophe, est premier et la création en constante évolution…
C’est en 1907, dans un ouvrage intitulé « L’évolution créatrice », qu’Henri Bergson développe l’idée que le monde va à l’aventure, qu’il s’invente sans cesse. Une manière de ne plus regarder en arrière mais de vivre l’instant dans un état d’étonnement permanent.
L’élan vital
La définition que donne le philosophe de l’élan vital est
une force créant de façon imprévisible des formes toujours plus complexes. Pour lui, la
conscience est coextensive à la vie. Il s’oppose ainsi à une forme de scientisme qui voudrait tout rationaliser. Son apport est considérable dans la mesure où il remet au goût du jour l’importance de l’intériorité, sans toutefois tomber dans la religiosité.
L’intuition
La notion d’intuition est, pour Bergson, une composante essentielle. Au-delà du langage, commun à tous, il existe une unicité créative qui ne peut s’appréhender que par l’intuition. Aussi, point n’est besoin de s’embarrasser d’une terminologie trop savante et qui devient stérile au bout du compte. D’ailleurs, une des particularités des textes de Bergson est qu’ils se lisent relativement facilement tant le style est dépouillé. Plutôt que l’intellectualisme, le philosophe rejoint ainsi ce sixième sens bien connu des artistes. L’intuition relève d’un mode de connaissance direct, immédiat, qui nous permet d’accéder à ce réel que le psychanalyste Jacques Lacan a théorisé comme étant de l’ordre de l’
impossible, le situant lui aussi au-delà des mots et du
ratio.
Une philosophie de l’émerveillement
Tout ce qui est de l’ordre de la création, de la nouveauté, ouvre des portes. En ce sens, Bergson est un philosophe de l’espérance. Il invite à faire de chaque vie une œuvre d’art ouverte à tous les possibles. Peut-être a-t-il reçu cette tournure d’esprit de son père musicien ? Toujours est-il que sa sensibilité artistique a perçu que la vie,
in fine, ne pouvait déboucher que sur l’émerveillement.
Carmen Pavan