La psycho
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      Ces ados qui fument des « joints »

      Ces ados qui fument des « joints »
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      Les circonstances de la proposition de cannabis faite à l’adolescent sont variées : à la sortie du lycée, chez des copains, lors d’une soirée, en vacances, etc. Les réactions de l’intéressé peuvent être tout aussi diversifiées.

      La rencontre du cannabis à l’adolescence


      Les attitudes de refus sont de deux ordres : l’adolescent refuse catégoriquement, voire menace de dénoncer les personnes qui lui proposent de fumer ou d’acheter du cannabis ; il refuse après discussion. Les attitudes d’acceptation sont multiples. Elles permettent, entre autres indices, de se faire une idée de ce qu’est ou sera le rapport – problématique ou non – de l’adolescent avec le cannabis. Présentons-les en les classant des plus anodines aux plus problématiques :
      - L’adolescent accepte mais seulement pour faire une expérience dont il se doute ou se dit qu’il ne la renouvellera pas. L’usage sera vraisemblablement de type expérimental.
      - Il accepte mais, uniquement, pour faire partie d’une bande où il est coutumier de faire circuler les joints de cannabis, tout en ignorant si les effets du produit lui plairont ou non. L’usage sera sans doute expérimental, soit festif, voire régulier.
      - Il accepte, tout en se disant qu’il saura comment avoir meilleure humeur lors de fêtes entre amis. L’usage ne se limitera pas à une seule fumette (terme familier qui désigne les soirées consacrées à fumer du cannabis en groupe) et sera au moins festif.
      - Il accepte car il espère que le cannabis lui apportera la détente corporelle ou la détente psychologique dont il a besoin. L’usage sera régulier car il connote, sans ambiguïté, un mal-être que l’adolescent vise à amenuiser. Si ce mal-être est intense, il est possible que le rapport au cannabis devienne non seulement quotidien mais de plus psychologiquement irrépressible : en un mot, toxicomaniaque.

      Quand les parents le découvrent


      Les circonstances de cette découverte – lorsqu’elles se produisent – sont variées.
      Des indices multiples peuvent conduire peu à peu les parents à faire l’hypothèse d’une consommation de cannabis :
      - Des odeurs entêtantes et épicées persistent dans la chambre de l’adolescent.
      - Un tiroir y est chroniquement fermé à clef, alors que l’intéressé a l’habitude de laisser ses affaires éparses.
      - Des morceaux de papier aluminium (emballant la barrette de haschich, bâtonnet dur de couleur marron qui pèse environ cinq grammes et permet de confectionner cinq à dix joints) se trouvent dans ses paquets de cigarettes.
      - Alors qu’il fumait jusqu’ici des cigarettes en paquets, il se met soudainement à les rouler.
      - Il possède, et en général dissimule, un assemblage de tubes de stylos et de petits récipients qui fait penser à une pipe à eau bricolée.
      - Il procède à de curieuses ponctions dans son compte en banque ou demande répétitivement de l’argent de poche supplémentaire, non motivé puis non justifié à l’aide de preuves d’achat, même quand ses parents le lui réclament. Certaines informations s’avèrent sans équivoque :
      - Les parents trouvent une ou plusieurs barrettes de résine de cannabis.
      - Les parents sont mis au courant par une information-cancan, une rumeur émanant d’un voisin, d’un copain de l’adolescent ou d’un autre parent.
      - L’adolescent est dénoncé par un chef d’établissement, un responsable de centre de loisirs ou de club sportif, etc.
      - La gendarmerie perquisitionne au domicile familial à la suite d’une dénonciation, souvent faite par un vendeur de cannabis appréhendé par les forces de l’ordre et sommé de donner des noms pour espérer un allègement des charges retenues contre lui.
      - Plus rarement, l’adolescent avoue consommer du cannabis, soit parce qu’il se sent coupable d’être usager d’une substance illicite, soit parce qu’il demande de l’aide car, malgré l’aspect convivial du joint, les choses ne vont pas bien dans sa tête. Quelquefois, informés du fait que la proposition du joint est actuellement quasisystématique dans le monde adolescent, les parents adoptent, a priori, une attitude de vigilance soupçonneuse. Ils guettent le moment où la rencontre du produit – qu’ils envisagent comme un mal passager ou… un cataclysme – s’effectuera. Dans d’autres cas, les parents sont assez bien instruits des effets du cannabis . Pour cela, ils se rendent, parfois à titre préventif, dans un centre d’aide aux toxicomanes pour y recueillir des informations et de la documentation ; mais, hélas, ils ne disposent souvent pas de conseils au sujet de la conduite à tenir au cas où. Prêts à intervenir, ils entreprennent alors de vérifier discrètement et quotidiennement si leur adolescent n’a pas les yeux rouges et les pupilles dilatées, voire une difficulté à se lever, une augmentation de l’appétit… sans être toujours en mesure de penser qu’il puisse souffrir de troubles du sommeil ou de l’alimentation ! Quand ils ont acquis des éléments de certitude, les parents manifestent des réactions diverses, qui se succèdent volontiers au cours de leur argumentation ou du complément d’enquête qu’ils mènent alors. Certaines de ces réactions « aveugles » et impulsives sont à proscrire :
      < Renier l’adolescent en tant que leur fils ou fille.
      < Lui demander de quitter la maison dans les meilleurs délais s’il est majeur ou lui annoncer qu’il sera mis à la porte le jour de ses dix-huit ans.
      < Le dénoncer à la police ou au juge.
      < Le battre.
      Certaines réactions sévères peuvent être opportunes à la stricte condition de voisiner avec des réponses d’écoute :
      < Rationner l’argent de poche.
      < Bloquer le compte en banque de l’adolescent.
      < Le changer d’établissement scolaire.
      < Lui ordonner de cesser sa consommation et de ne plus voir les personnes qui lui vendent du cannabis ou/et en compagnie desquelles il en fume.
      < Supprimer son téléphone portable ou demander des factures de téléphone détaillées pour la ligne téléphonique du domicile familial.
      < Favoriser une discussion autour de l’usage de cannabis par l’adolescent, tout en ne transigeant pas au sujet de tout le mal que l’on peut penser du produit et de son utilisation.
      Les extrêmes étant tout aussi négatifs, les attitudes péchant par laxisme sont à écarter :
      < Se montrer indifférents.
      < Banaliser le cannabis et son usage, les tourner en dérision en n’hésitant pas à se servir d’éléments de comparaison : « Il vaut mieux boire un bon verre de vin ou de bière ».
      < Faire des confidences sur le mode d’une complicité ambiguë: «Nous aussi, sur les bancs de la fac, nous fumions des pétards».
      Comment réagir en gaffant le moins possible ?
      < Favoriser un dialogue calme quant au cannabis et à son usage, en faisant preuve d’ouverture d’esprit et en disant clairement à l’adolescent que si la consommation est le signe de difficultés – quelles qu’elles soient –, ses proches sont disposés à l’écouter et à rechercher des solutions avec lui.
      < Poser des interdits sur certains points et faire preuve de souplesse sur d’autres : pour exemple, lui interdire de consommer du cannabis et lui demander des comptes sur l’utilisation de son argent de poche mais ne pas l’infantiliser et le poursuivre de sarcasmes.
      < Proposer à l’intéressé de consulter le médecin de famille ou un psychologue ou un psychanalyste.
      Toutes les réactions dépendent, pour une part, des informations que les parents détiennent au sujet du cannabis, de ses effets et de ses usagers et, pour une autre part, de leurs représentations, plus ou moins mythiques, du produit. Par exemple : « C’est complètement inoffensif », « De nos jours, tous les adolescents en consomment» ou « C’est du poison », « On commence comme ça et on finit toxico avec une seringue dans le bras ».

      Les réactions de l’adolescent « découvert »


      Les réactions parentales amènent, en retour, l’adolescent à adopter différentes attitudes. On observe des attitudes d’opposition :
      < L’adolescent refuse les ordres et les interdits dictés par ses parents, soit ouvertement, soit en son for intérieur.
      < Il poursuit clandestinement sa consommation, voire même l’augmente pour mieux marquer son refus ou pour dissiper dans l’ivresse cannabique le souvenir désagréable de la réaction parentale !
      < Il peut désormais vendre du cannabis pour résoudre, à sa manière, la suppression de son argent de poche.
      Mais il ne s’agit pas de désespérer. D’autres attitudes, plus fréquentes qu’on pourrait le penser, montrent que les parents n’ont pas donné un coup d’épée dans l’eau, même s’ils doivent dans tous les cas se garder de crier aussitôt « victoire ! » et de croire que le problème est réglé une fois pour toutes :
      < L’adolescent diminue ou arrête sa consommation de cannabis.
      < Il déprime et se replie sur lui-même avec culpabilité. Les parents ne doivent surtout pas être indifférents ou encore railler ce type de passage à vide mais être sensibles à la douleur qui s’exprime et demander conseil auprès d’un spécialiste.
      < L’adolescent désire communiquer davantage avec ses parents et, notamment, savoir quelles expériences ils firent au cours de leur propre adolescence…
      Gardons-nous, toutefois, d’un excès de simplification. Ces attitudes adolescentes requièrent de faire la part entre ce que le jeune donne à voir et à entendre et ce qu’il ne montre et ne dit pas, qu’il en soit lui-même conscient ou pas. Elles nécessitent parfois d’être décodées ; une réaction fait souvent écran à une autre, totalement opposée ! Il est alors nécessaire de repérer le rapport de l’adolescent au cannabis : usage expérimental, usage festif - ou récréatif -, régulier et usage addictif ou toxicomaniaque. Si la curiosité et l’incitation à imiter d’autres jeunes paraissent être les seules motivations à consommer expérimentalement du cannabis, les fumeurs récréatifs recherchent les effets euphorisants du produit, les fumeurs réguliers s’intéressent à ses effets anxiolytiques (être cool, être bien) et les usagers toxicomaniaques visent un état d’anesthésie-défonce ; comme le notent Alain Braconnier et Daniel Marcelli (1998), il s’agit alors d’être comateux.

       

      Pascal Hachet

      Bibliographie :
      P. Hachet, "Les toxicomanes et leurs secrets", Paris,
      Ed. Les belles lettres-Archimbaud, 1996.
      D. Richard, J. L. Senon, "Le cannabis", Paris, Ed. Puf, 1996.
      A. Braconnier, D. Marcelli, L’adolescence aux mille visages,
      Paris, Ed. Odile Jacob, 1998.
      P. Hachet, "Ces ados qui fument des joints", Paris,
      Ed. Fleurus, 2000.
      P. Hachet, "Ces ados qui jouent les kamikazes", Paris,
      Ed. Fleurus, 2001.

       

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