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La psycho
dans Signes & sens
Aider l’enfant dyslexique
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Comme pour tous les diagnostics très à la mode aujourd’hui commençant par la syllabe « dys » (dysphasie, dyscalculie, dysorthographie, dysharmonie etc.), on a l’habitude d’appliquer le terme de « dyslexie » un peu trop facilement lorsqu’on se sent désarmé face à un échec scolaire. Or, la dyslexie répond à des critères cliniques très précis qu’il est bon de connaître avant d’engager une quelconque remédiation.
Tout d’abord, il faut savoir qu’une difficulté dans l’apprentissage de la lecture ne relève que très rarement d’un trouble dyslexique. Il y est surtout question d’immaturité psychique, sachant qu’un enfant peut enclencher le bon mécanisme nécessaire à l’âge de 7, voire 8 ans et ce, de façon tout à fait normale.
Qu’est-ce que la dyslexie ?
Selon la définition qu’en donnait l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) en 2007, la dyslexie est un trouble endogène (qui n’est pas dû à une cause extérieure) de la fonction symbolique qui touche spécifiquement la structure lettre/son (graphème/phonème), la rendant difficile à mémoriser et à pratiquer en synthèse : sitôt appris sitôt oublié, le graphème doit être redécouvert à chaque rencontre. Seul un médecin pédopsychiatre ou neurologue, à la suite d’examens poussés rassemblant plusieurs disciplines, est habilité à poser un diagnostic de dyslexie. Ce n’est donc pas la prérogative du seul enseignant, psychologue, médecin scolaire ou orthophoniste. Pour qu’il y ait dyslexie, il faut en effet que s’associent plusieurs facteurs :
- avoir atteint l’âge de 8 ans, être en classe de CE2 et connaître encore de très grosses difficultés au niveau du déchiffrage des mots
- avoir un développement intellectuel normal (nécessité de passer des tests d’évaluation psychologique)
- être indemne de tout trouble d’ordre psychologique (nécessité d’un bilan)
- n’avoir aucun déficit visuel ni moteur
- n’être l’objet d’aucune carence éducative.
Une fois le handicap avéré – la dyslexie est reconnue comme étant un handicap en France –, il est possible de constituer un dossier à la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) de manière à bénéficier d’aménagements spéciaux, tels qu’un délai de temps supplémentaire accordé aux examens officiels, une prise en charge spécialisée (orthophoniste) ou même l’accès à des classes spécifiques aux enfants dyslexiques. Il est important de souligner qu’un enfant dyslexique peut tout à fait suivre une scolarité normale, étant apte à accumuler les savoirs. Il a seulement besoin d’user de stratégies qui lui demandent plus d’énergie et de temps qu’un enfant non dyslexique.
Dédramatiser
La première des choses à faire consiste à relativiser de manière à ne pas projeter ses propres angoisses sur son enfant. L’actrice Nathalie Baye dit être dyslexique, ce qui n’a en rien entaché sa réalisation sociale. Bien d’autres qualités prennent le relais au point que certains avancent que les dyslexiques pensent en images plutôt qu’en mots. Aux États-Unis, où on préfère à juste titre stimuler les points forts que les points faibles, les architectes dyslexiques sont très en vogue, ayant une image parfaite de ce à quoi doit ressembler une construction et pouvant de fait mieux anticiper que les autres…
Les aides possibles
La consultation orthophoniste reste une aide spécialisée très efficace à condition qu’il y ait un réel désir et un engagement de la part de l’élève. Il ne faut absolument pas que cette aide soit vécue comme une corvée. Le côté relationnel est essentiel dans la mesure où votre enfant a besoin de restaurer la confiance en lui. Un psychanalyste peut aussi instaurer une acceptation du symptôme, voire permettre d’en trouver les causes inconscientes et, éventuellement, lever les blocages. L’origine de la dyslexie fait l’objet de controverses et aucune certitude à ce jour n’est de mise. Les adeptes de la psychologie comportementale ont des techniques efficaces en terme de rééducation, utilisant des outils stratégiques intéressants. L’essentiel reste que l’enfant dyslexique trouve du sens dans ce qu’on lui propose et puisse exprimer son désir afin d’adhérer à ce qui lui convient. Il n’est pas question d’opposer les solutions et ainsi alimenter des querelles d’un autre âge. Un enfant dyslexique est avant tout un enfant en souffrance qui sait très bien, inconsciemment, ce qui est bon ou moins bon pour lui.
Siffrein Rousselet
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