Stop à la réparation ! Effectivement, ce n’est pas parce que notre enfance – voire notre éducation – nous a privés de ce qui se faisait à l’époque, en matière de loisirs, qu’il s’agit de projeter nos frustrations sur notre progéniture. D’ailleurs, nos chères têtes blondes – si nous insistons un peu trop – nous le font payer, parfois même très cher. Ainsi s’exprime Victor, aujourd’hui âgé de 27 ans : Mon père a connu une enfance très difficile, nous dirions aujourd’hui misérable… Il n’a eu de cesse, ayant eu la chance (qu’il s’est donnée) de devenir un avocat réputé, de vouloir nous faire pratiquer, mes trois frères et moi, tous les sports auxquels il n’avait pu accéder jeune. Il nous a fait tout essayer. Jusqu’au golf ! Résultat des courses : tous quatre sommes allergiques à tout ce qui touche au sport et aux activités qui concernent le corporel. On a l’impression d’avoir pris le contre-pied inverse : mon frère aîné est obèse, le second est fumeur de joints professionnel, le troisième est dépressif… Quant à moi, j’essaie de me sortir d’une alcoolo-dépendance… Sans compter que mon père ne comprend rien à ce qui lui arrive. Il s’est sacrifié et vit une forme d’injustice compte tenu de l’état névrotique de ses enfants… Victor exprime, lucidement, le danger de « gaver » ses enfants avec des successions de passages à l’acte qui devraient réparer la souffrance d’une enfance révolue. Écoutons plutôt nos bambins. Car, réellement, ils ont des choses à nous dire. Tout petits déjà, ils expriment (certes avec leurs moyens) leurs désirs. Apprenons à les décoder : c’est pourtant simple, il suffit de constater la joie sur leur visage...
Chantal Calatayud