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La psycho
dans Signes & sens
Pas question, certes, de tomber dans une sorte de psychose qui consisterait à voir des sectes partout. Pour autant, la vigilance, le discernement, la réflexion, sont autant de garde-fous lorsqu’un enseignement dit spirituel propose une solution définitive à tous les maux existentiels, à l’exclusion de toute autre tradition. En clair, une secte se reconnaît au fait qu’elle prétend être la seule organisation détenant la Vérité. En outre, le mot « secte » a pour origine le verbe latin « secare » qui signifie « couper »…
La psychologie et la psychanalyse emploient le terme « schizure » pour définir une coupure psychique opérée à la suite d’une inadéquation supposée entre deux éléments. Or, une secte diabolise insidieusement tout ce qui ne correspond pas à ses critères doctrinaux. Elle reproduit en fait une sorte de bulle idéale et protectrice, rappelant à l’inconscient une vie intra-utérine paradisiaque. On a vu par le passé des suicides collectifs en apparence incompréhensibles qui s’expliquent par cette régression psychique majeure. Voici quelques clés pour évoluer spirituellement de façon authentique, tout en évitant les voies faciles véhiculées par des voix séductrices.
La notion de continuum
Comme la chanson de Florent Pagny, « Ma liberté de penser », le suggère magnifiquement, l’Homme reste un être libre tant qu’il conserve sa faculté indépendante de raisonnement et de réflexion. Ainsi, un maître spirituel digne de ce nom demandera toujours à son disciple d’expérimenter et de vérifier par lui-même si son enseignement lui convient en fonction de sa sensibilité, de son histoire, de sa tradition spirituelle. Par ailleurs, le maître s’étaye sur une transmission didactique et n’est en aucun cas autoproclamé, la notion de continuum étant ici essentielle et à l’opposé d’une attitude sectaire. Pour exemple, le Dalaï Lama conseille souvent à ses visiteurs occidentaux d’approfondir leur propre tradition spirituelle afin de tisser des liens avec le bouddhisme, pour que les différences soient vécues en terme de complémentarité et non d’exclusion réciproque. N’oublions pas que le terme « religion » vient du latin « religerer », signifiant « relier ».
Non à la culpabilité !
Si Dieu existe, il ne peut être qu’Amour. Or, la démarche sectaire consiste à considérer qu’il est nocif et dangereux de continuer à fréquenter des personnes qui n’appartiennent pas au mouvement. Ainsi un adepte peut-il être amené à se sentir coupable de rendre visite aux membres de sa famille, ce qui est un comble. Là réside la sonnette d’alarme qu’il est essentiel de prendre en compte lorsqu’on se sent attiré par une discipline, quelle qu’elle soit. Elle est la preuve objective d’une dérive. Les critères à retenir également concernent les interdits qui s’immiscent peu à peu dans l’endoctrinement sectaire. Ces interdits prennent le pas sur les débuts idylliques. Il peut s’agir de restrictions alimentaires, sexuelles, de non-participation à certaines fêtes symboliques, voire même de remise en question d’activités socialisantes comme le sport. En règle générale, lorsqu’une forme de psychorigidité obsessionnelle se met en place pour ne pas décevoir le gourou, il existe un risque de dépendance réelle nourrie donc par de la culpabilité. Il faut trouver alors l’énergie de fuir...
Gilles Raymondi
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