« Y a pas d’mal à s’faire du bien ! »… Sauf que la culpabilité ne nous lâche pas les baskets aussi facilement. En effet, notre organisation sociétale reste, quoi qu’on en dise, axée sur la performance tous azimuts. C’est comme si l’ascétisme judéo-chrétien avait déplacé ses injonctions : « Soyez plus mince, plus sexy, plus performant » ! Le plaisir lui-même étant codifié en terme de but à atteindre…
Faisant partie inhérente de notre être depuis la conception, le plaisir relève en fait de notre unicité, ce qui satisfait l’un ne correspondant pas automatiquement au souhait d’un autre. À chacun donc son bon plaisir !
Pour vous guider
À en croire le sociologue Lionel Tiger, auteur de « À la recherche des plaisirs », publié dans la Petite Bibliothèque Payot,
le plaisir n’est pas un luxe, mais un trait d’évolution. Celui-ci décline le plaisirs sous plusieurs formes : les
physioplaisirs liés à nos sens, les
socioplaisirs liés aux rencontres, les
psychoplaisirs liés à la créativité et les
idéoplaisirs, plus particulièrement cérébraux. Voici une palette qui peut déclencher l’imaginaire dans le bon sens. Chacun peut s’y retrouver et peindre son tableau personnel : à quel genre de plaisir êtes-vous le plus sensible ? Et le moins sensible ? Vous autorisez-vous suffisamment chaque jour à parfaire votre œuvre personnelle ? Il serait bon de vous accorder un quart d’heure afin d’établir votre propre liste. Votre cure de plaisir quotidienne en dépend…
Les mille et un plaisirs
Plus nos facultés de contemplation se développent, disait Aristote,
plus se développent nos facultés de bonheur. Il y a dans une journée toujours un moment où notre qualité d’attention, même à l’occasion d’un travail, nous apporte un plaisir indicible. On parle d’ailleurs de la satisfaction d’un travail bien fait. Dans un autre registre, s’autoriser à
débrancher complètement, sans culpabilité aucune, recharge les batteries. En clair, il est question de présence à soi et aux autres. Le plaisir devrait être partout au rendez-vous, à condition de ne pas mélanger les genres. Être à ce que l’on fait, que ce soit dans le travail ou dans les loisirs, engendre le plaisir sous mille et une formes. Dominique Loreau, dans son ouvrage « L’art des listes », publié chez Robert Laffont, livre sa perception du bonheur :
L’énumération peut résumer ce que l’on appelle une vie « heureuse ». C’est cette collection de tous ces petits brins de bonheur qui, mis bout à bout, vous prouveront que le vrai bonheur… c’est se réjouir au quotidien de mille petites choses inattendues, comme le son d’un piano au loin, un éclat de rire, un sourire, le vol d’oiseaux migrateurs, un beau rêve…
Bousculez la routine
S’il est un obstacle à la spontanéité du plaisir, c’est bien la routine. Combien de couples, pourtant authentiquement amoureux, se laissent prendre dans un enchevêtrement d’habitudes et en oublient leurs premiers émois… Line Bolduc confie dans son livre « Destination plaisir et mieux-être », paru aux Éditions Quebecor :
Notre âme apprécie le plaisir apporté par la créativité et la nouveauté… Briser la routine nous aide à trouver la paix et la joie profonde… Briser la routine, c’est justement mettre une once de plaisir à un moment inattendu : Nadine, célibataire, attachée commerciale, dispose d’une après-midi de liberté. Elle allume son ordinateur et commence à surfer sur Internet. Son attention est attirée par un site de rencontres. Laissant sa culpabilité aux oubliettes, Nadine décide de s’offrir un
dial. Jusque-là, pleine de préjugés, elle ne se l’était jamais autorisé. Nadine se prend au jeu et trouve un correspondant ave qui elle échange avec un plaisir jusque-là inconnu… dont elle réalise maintenant l’importance en terme d’assurance…
Bernard Roucas