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      Oui, l'avarice est un vilain défaut !

      Oui, l'avarice est un vilain défaut !
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      L’avarice est une fixation de type anal dont le symptôme s’énonce autour d’un "deal" coprophile entre la mère et son enfant ; ainsi y aura-t-il résistance ou générosité de la part de l’enfant à répondre à la demande de la mère. En échange du don fécal, bébé recevra mille tendresses de maman mais, de ce compromis intéressé et non dupe, s’initieront tous les comportements pathologiques liés à la possession des valeurs matérielles.

      "Rien ne dénote une âme mesquine et vile comme d’aimer l’argent" écrivait Cicéron quelques années avant Jésus-Christ. L’avarice peut être considérée comme un amour excessif de l’argent, un désir outrancier d’appropriation de richesses. L’acquisition de biens est une chose en soi naturelle lorsqu’elle provient du fruit d’une réalisation sociale, mais elle s’installe dans la compulsion maniaque dès qu’apparaît la confusion entre garder pour soi et mettre au service de la famille ou de la société. Toute acquisition devrait avoir un sens humanisant, c’est-à-dire la prise en compte d’autrui. Or l’argent est un moyen d’échange, un flux économique ou énergétique qui s’écoule entre individus et instaure une relation communicative qui sous-tend le couple d’opposés "donner-retenir". Sacha Guitry, en fin observateur de la société, affirmait au siècle dernier : "L’homme qui thésaurise brise la cadence de la vie en interrompant la circulation monétaire". L’avarice est une stase du principe économique qui asservit le sujet à une dépendance et le prive de libéralité. Le "bas de laine" constitue un parangon de cette immobilisation du transit énergétique, privant la source productrice et créatrice du principe d’auto-régénération.
      Cette avidité insatiable de l’argent renvoie invariablement à la comédie de Molière, avec son ô combien patibulaire Harpagon et sa mythique cassette ! On ne peut également, dans cet ordre de remémoration, omettre de rendre hommage à l’inoubliable Louis de Funès appendu a sa cassette dans le film "L’avare" de Jean Giraud.
      La langue française a évolué diachroniquement et le sens de posséder, garder, détenir, ne se différencie plus de nos jours de l’auxiliaire avoir. Peu étonnant alors à ce qu’un simple "auxiliaire" s’emploie comme identifiant, car à trop le conjuguer, on finit par épouser le signifiant "argent". Il semble que nous soyons devenus esclaves de ce verbe "avoir" et, d’ailleurs, que ne dit-on pas toute la journée au fil de nos conversations : "J’ai une voiture, j’ai la santé ou j’ai une femme, un mari", comme si la possession ne concernait pas que les objets, mais aussi les êtres…
      L’avare souffre du manque de pouvoir ; son avoir lui rend l’orgueil, le paraître, pour dissimuler son mal-être. Son besoin d’accumuler les richesses, son angoisse profonde à se voir dépouiller, à supposer la perte de son trésor, dévoilent son complexe d’infériorité et une peur fondamentale d’être abandonné, de se retrouver dépourvu du seul lien qui le relie au monde ; il suppose que du fait d’avoir des richesses, les autres s’intéressent à lui. Dans sa méfiance maladive, la relation s’envisage comme un moyen de chantage pour soutenir l’intérêt de l’entourage. Harpagon n’en est pas moins monstrueusement inhumain dans son méprisable égoïsme à l’égard de ses enfants, et son incapacité à aimer n’a d’autre aptitude qu’à entretenir haine et morbidité. Molière, à son habitude, emploie le comique pour rapporter le comportement caricatural de l’avaricieux, préférant en souligner le risible et le ridicule du personnage plutôt que le côté exécrable, la souffrance ne faisant point défaut à l’avare.
      Balzac, dans Eugénie Grandet, a placé le règne de l’argent dans la spirale des intrigues familiales, dans le but de s’emparer de la fortune du père Grandet par la médiation du mariage d’Eugénie. La cupidité, la convoitise, la spéculation, sont les traits dévorants des personnages du roman balzacien. L’avarice régit toute la vie de Grandet dans l’obstination de la possession de richesse qui le ronge, jusqu’à envahir la vie de tous les personnages du roman. Son abondante fortune en fait un pingre de province qui économise jusqu’au médecin lorsque sa femme est malade et ne se chauffe que par des températures glaciales. Mais à l’opposé, il y a ceux qui méprisent l’argent et en tirent une jouissance à n’en point posséder. "Le dédain de l’argent est fréquent surtout chez ceux qui n’en ont pas" écrivait Georges Courteline. La névrose d’échec a ses séides dont la jouissance est de perdurer dans le non "a-voir". La pulsion de rétention peut se retourner en son contraire : la générosité ; effectivement, il y a aussi ceux qui ne conservent rien et donnent sans compter pour maintenir un lien d’amour.
      La rétention et l’élan névrotique de bonté s’organisent autour de la pulsion érotique anale. Le jeu sphinctérien chez l’enfant consiste à retenir ou expulser le boudin fécal avec une jouissance qui, très souvent, irrite la mère. Freud avait remarqué qu’une certaine littérature méphistophélique faisait référence à l’équivalence "or = fèces" et notait : "Il est bien connu que l’or dont le diable fait cadeau à ses amants se change en excréments après son départ, et il est certain que le diable n’est rien d’autre que la personnification de la vie pulsionnelle inconsciente refoulée".
      L’enfant va découvrir que la demande de la mère, qui s’évertue à lui enseigner les premiers rudiments de la propreté, est l’instant où il découvre qu’il peut manifester son propre désir en répondant à cette demande ou en exprimant son opposition par la rétention de ses matières fécales ; il instaure, ainsi, le processus de ses premières économies. De fait,"l’enfant est irréductiblement inscrit dans un univers du désir de l’Autre dans la mesure où il est captif des signifiants de l’Autre" énonçait Lacan ; l’enfant s’inscrit donc au lieu des signifiants de l’Autre, le registre symbolique du langage où la communication s’effectue sur le jeu de la demande et de la réponse. Lacan a également ajouté que "l’en plus de la jouissance supporté par l’amour de la mère vient s’étayer sur la satisfaction du besoin proprement dit", ce qui place la réponse affective de la mère au lieu où elle est nécessairement jouissive et se coalise avec le besoin de l’enfant.
      Freud a mis en évidence l’équation "fèces = don = cadeau = argent" et les traits symptomatiques qui se fixent au stade anal : l’obsession, la méticulosité, la propreté, l’entêtement et l’avarice. Dans ce dernier cas, il y a, en plus, une identification du sujet aux fèces, objet petit "a" de la jouissance. C’est autour de cet objet "a", "le plus de jouir", que se structure l’ensemble des fantasmes sado-masochistes et la prise de pouvoir sur l’autre.
      L’avarice se distingue par deux traits particuliers : le refus de donner et celui d’accumuler. Là où l’enfant découvre une satisfaction érotique dans la rétention de ses fèces, l’adulte, dans une attitude conservatrice, trouvera une volonté à affirmer son caractère en s’opposant à une demande venant de l’extérieur. La jouissance de l’avare ne consiste pas qu’à dissimuler, à thésauriser, mais revient aussi au pouvoir d’inscrire une demande au lieu de l’Autre comme demande affective dans une interdépendance à l’autre. La relation à l’argent est donc fondée sur une relation causative à une fonction organique, et si l’argent "esclavagise" l’humanité, c’est qu’il est fantasmatiquement subjectivé depuis l’enfance, amalgamé entre être et avoir.

       

      Jacques Roux

       

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