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La psycho
dans Signes & sens
Sorte d’autobiographie, "Les souvenirs égotistes de Stendhal" rappellent que l’on peut parler de soi sans pour cela être qualifié d’égocentrique. Se raconter à la première personne, c’est ce qu’a fait Carl Gustav Jung dans son ouvrage "Ma vie", comme pour faire le point sur lui-même mais aussi dans un souci de transmission.
Lorsque quelque chose coince dans notre vie, il est bon de trouver une oreille attentive qui accepte de faire silence pour nous écouter : un conjoint, un ami ou un thérapeute. Le simple fait d’exprimer ce qui nous fait souffrir suffit parfois à poser la distance nécessaire pour dépasser une situation et prendre la bonne décision.
Les thérapies par la parole
Toutes les thérapies par la parole font en fait de l’égotisme le moteur de la cure : enfin, pouvoir dire je sans avoir la sensation d’être jugé ! Pouvoir exprimer ce que l’on n’a encore jamais pu dire à quelqu’un d’autre, c’est se dégager d’un poids difficile à porter. Tous les journaux intimes des adolescents prennent leur origine dans ce besoin thérapeutique de parler de soi. Mettre en mots permet de clarifier ses idées et faire des choix : on apprend ainsi à s’aimer. Le narcissisme est d’ailleurs à la base de notre construction psychique. Certes, il ne s’agit pas de cette inflation qui fait confondre égotisme avec égoïsme, ce dernier terme impliquant un déni de l’altérité. Parler de soi, c’est aussi parler à un autre et le prendre en compte.
À qui en parler ?
Lorsque la coupe est pleine et que se confier à l’entourage ne suffit pas, il est peut-être temps d’envisager une consultation avec un professionnel de la parole. Cependant, la question est de savoir qui contacter. Autrefois, les choses étaient plus simples : pour le croyant, le curé ou le pasteur était un interlocuteur tout désigné. Aujourd’hui, il existe plusieurs possibilités. La première qui vient souvent à l’esprit lorsqu’on ne va pas bien, c’est d’aller voir un psy. Le mot effraie toujours un peu tant il est lié à une notion de dérangement mental, voire de folie. D’où l’intérêt d’une information sur le sujet :
1. Le psychiatre : c’est avant tout un médecin. Il est habilité à prescrire des médicaments : neuroleptiques, anti-dépresseurs, anxiolytiques. Il intervient lorsque le patient présente des symptômes sérieux : mélancolie, psychose maniaco-dépressive ou autres pathologies mentales. Il peut, le cas échéant, pratiquer une psychothérapie mais tous les psychiatres ne sont pas systématiquement formés à la thérapie par la parole. Les soins sont pris en charge par la Sécurité Sociale.
2. Le psychologue clinicien : sa formation l’a qualifié pour effectuer des tests (QI) et pour pratiquer une forme de soutien psychologique. Il possède un diplôme d’État. Le psychologue ne prescrit aucun médicament. Il peut intervenir en libéral ou au sein d’un établissement (hôpital, CMP, CMPP…). Lorsque le psychologue travaille en libéral, les consultations ne sont pas remboursées.
3. Le psychothérapeute : il existe sous cette appellation grand nombre de professionnels qui ont été formés dans des instituts privés, certains à dominante psychanalytique. D’autre part, ces praticiens ont expérimenté sur eux-mêmes la méthode qu’ils pratiquent. Le développement personnel, en vogue depuis quelques décennies, a favorisé l’élargissement de cette profession, malheureusement remise en cause ces derniers temps. Pourtant, un très large public a pu et continue de bénéficier des compétences sérieuses de ces praticiens. Parmi ceux-ci, on peut citer :
• Le gestaltiste : il utilise des techniques de mise en situation dans lesquelles le patient exprime ses émotions. S’appuyant sur les concepts de la psychanalyse, il met l’accent sur l’interprétation.
• Le sophrologue : il applique une méthode de relaxation proche de l’hypnose, induisant des états modifiés de conscience. Une verbalisation est toujours proposée après la séance.
• L’art-thérapeute : il étaye son travail sur une médiation artistique comme la peinture, le chant, la danse, la musique, la théâtre… Paradoxalement, on parle ici de thérapie dite muette. Pourtant, l’interprétation de la production, selon une méthode et une méthodologie très rigoureuses, va libérer la parole du patient.
• Le coach : autrefois utilisé pour désigner un entraîneur sportif, puis un conseiller en relation dans les entreprises, le terme coach s’applique depuis quelques années au développement personnel. Inspiré des thérapies comportementales, il peut accompagner le consultant à gérer certaines attitudes réductrices (timidité, stress, etc).
4. Le psychanalyste : il a été lui-même psychanalysé et a en outre reçu une formation très vaste lui permettant d’entendre ce qui, inconsciemment, gène l’analysant. L’inconscient étant structuré comme un langage, selon Jacques Lacan, au-delà des mots prononcés consciemment existe un véritable discours inconscient que le psychanalyste est à même d’écouter. Aussi celui-ci accorde-t-il une importance essentielle à l’apport de la linguistique, ainsi qu’à la philosophie. La psychanalyse reste à ce jour la talking cure par excellence. Il appartient donc à chacun de trouver le professionnel qui lui convient. Le critère étant le bon sens : il faut que le courant passe. Parler de soi à quelqu’un pour être pris en considération demande, au préalable et de toute façon, de prendre les choses au sérieux.
Manuel Saulnier
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